Nos vies valent plus que leurs profits

Séisme au Maroc, inondations en Libye : phénomènes naturels mais catastrophes sociales

Maroc : notre solidarité et notre colère, la fausse pitié en haut lieu

Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, un tremblement de terre a frappé le Maroc. Le bilan humain de la catastrophe est déjà de plus de 2 900 morts dans tout le pays et dépasse les 5 500 blessés. Le bilan final pourrait être beaucoup plus lourd : les destructions matérielles, les glissements de terrain dans les zones montagneuses de l’Atlas, les infrastructures endommagées, tout cela va aggraver les conditions de survie de dizaines de milliers de familles marocaines. Face à cette immense tragédie, nous sommes nombreux et nombreuses à penser à nos amis, à nos proches ou à nos collègues qui sont frappés.

Les trémolos hypocrites de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, ne l’empêchent pas de développer sa propagande anti-immigrés et islamophobe. Macron de même, qui se dit « bouleversé » mais semble ouvert à un nauséabond référendum sur l’immigration. Les mines tristes sont trompeuses et ne coûtent pas cher !

Et l’aide humanitaire non plus, en réalité. Elle est nécessaire et urgente, mais combien pèsent les quelques millions d’euros débloqués pour aider la population face aux profits que les grands groupes de France et d’ailleurs réalisent sur son dos, sous la protection du régime ? La fortune personnelle du roi du Maroc, qui ne représente au fond que le pourboire laissé au garde-chiourme en chef, est évaluée à six milliards d’euros.

Il était impossible de prévoir la force du séisme, sa date et le lieu exact de son épicentre. Mais de tels séismes ne frappent pas aussi durement riches et pauvres. Les techniques de construction antisismiques, les exercices de prévention sont aujourd’hui extrêmement perfectionnés. Mais dans les régions les plus pauvres d’un pays où toute une partie de la population n’était même pas branchée à l’eau courante il y a encore cinq ans, de telles mesures apparaissent comme un luxe. Et l’essentiel, ce sont les hôtels… de luxe, qui font marcher le tourisme. Eux sont construits aux normes antisismiques.

Libye : un pays ravagé par les grandes puissances

Pratiquement au même moment, après avoir violemment balayé la Grèce, la Bulgarie et la Turquie où 27 personnes ont été tuées, la tempête Daniel a atteint la Libye dimanche 9 septembre. La ville de Derna, dans l’est du pays, a été submergée par la rupture de deux barrages. La Croix-Rouge anticipe des milliers de morts parmi les 10 000 disparus.

Macron a exprimé sa « solidarité avec le peuple libyen » et le porte-parole du département d’État américain sa « sympathie et ses condoléances ». Quelle hypocrisie de la part de ces dirigeants de deux grandes puissances qui ont bombardé le pays en 2011, avant de le plonger dans le chaos ! Ils prétendaient alors agir pour renverser le régime barbare de Kadhafi, avec lequel ils avaient pourtant commercé pendant des années – et auquel ils avaient même sous-traité leur sale besogne de garde-frontière chargé de parquer les candidats à l’émigration. Menée pour menacer le peuple libyen et tous les peuples de la région qui s’étaient soulevés lors des révolutions arabes, cette intervention impérialiste a semé le chaos dans tout le pays qui, depuis, est déchiré entre des seigneurs de guerre qui recherchent et obtiennent l’appui de pays riches, dont la France, en monnayant le pétrole et la rétention des migrants subsahariens qui voudraient rejoindre l’Europe mais sont réduits à une vie d’esclavage. Guerres et chaos viennent donc s’ajouter aux mêmes maux qui, dans tous les pays pauvres, aggravent les conséquences des catastrophes naturelles. Et inutile de dire que voler au secours des populations sinistrées n’est ni dans les préoccupations des généraux qui se déchirent la Libye, ni dans celles des puissances impérialistes.

Solidarité humanitaire, solidarité de classe

L’émotion face aux drames qui viennent de survenir permet à une certaine solidarité internationale de s’exprimer. Mais passé le premier choc, que restera-t-il ? C’est un champ de ruines sans fin qui menace. Et ni l’aide des États (chiche de toute façon), ni les dons privés, ne suffiront. Reconstruire au plus vite des taudis, voire simplement entasser les gens sous des tentes pour une durée indéterminée, verrouiller en même temps toujours plus les frontières alors que l’Europe pourrait accueillir les réfugiés qui le souhaitent, et surtout s’arranger pour que les affaires reprennent au plus vite, voilà les seuls soucis des bourgeoisies des différents pays. Les travailleurs du monde entier ont bien mieux à offrir en solidarité aux peuples marocain et libyen : travailler tous ensemble, quelle que soit notre nationalité ou notre religion, à rebâtir un monde débarrassé des frontières et du capitalisme.

 


 

 

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