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Sélection de livres. Il est fini le temps des colonies !

Kanaky
Joseph Andras
Actes Sud, 2018, 304 p., 21 €

Joseph Andras se penche ici sur le massacre de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie : en 1988, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, des indépendantistes kanak tentent d’occuper une gendarmerie. L’affaire déraille, des coups de feu sont échangés, quatre gendarmes sont tués. Les indépendantistes se réfugient alors dans une grotte avec plusieurs gendarmes en otage. L’État français répond en envoyant l’armée qui terrorise la population kanak sur place avant de prendre d’assaut la grotte. Bilan de ce massacre d’État : 21 morts dont 19 Kanak. À travers sa quête de la vérité sur « l’affaire d’Ouvéa », Joseph Andras esquisse aussi un véritable portrait de la Nouvelle-Calédonie d’aujourd’hui.

 

 


 

 

Une vie de boy
Ferdinand Oyono
Pocket, 2006 (première édition en 1956), 192 p., 5,50 €`

Un jeune Noir a été élevé par un prêtre blanc qui lui a appris à lire. Comme ce dernier, il tient un journal. Employé comme « boy » par l’administrateur colonial d’une petite ville camerounaise, il raconte le quotidien du colonialisme, la bêtise crasse de certains colons, leurs turpitudes.

 

 


 

 

Remember Ruben
Mongo Beti
Première parution en 1974, 443 p. Disponible en bibliothèque.

L’action se passe dans un pays africain – en réalité le Cameroun, alors sous tutelle française. Le titre fait référence à Ruben Um Nyobe, un des principaux dirigeants de l’UPC (Union des populations du Cameroun), syndicaliste, acteur de la révolte ouvrière de Douala, la capitale économique du pays, en 1955. Dénonçant le gouvernement fantoche mis en place par la France, il refusa les compromis boiteux proposés par Pierre Messmer, haut-commissaire au Cameroun de 1956 à 1958 où il a dirigé une répression féroce contre les militants indépendantistes. En 1958, Ruben Um Nyobe a été assassiné par l’armée française. Messmer a dit : « La France accordera l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins, après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus d’intransigeance. »

 

 


 

 

Frakas
Thomas Cantaloube
Folio, 2023, 432 p., 9,40 €

Deux ans après l’assassinat de Ruben Um Nyobe, son successeur à la tête de l’UPC, Félix Moumié, est assassiné dans son hôtel de Genève par les services secrets français. L’auteur et ancien journaliste continue sa radioscopie de la mise en place de la Françafrique : massacres des populations, coups tordus, affaires lucratives pour des entreprises françaises sont au programme ! Un roman passionnant, documenté. Humour et cynisme au rendez-vous : l’un des personnages le plus moral et le plus loyal est un… mafieux !

 

 


 

 

L’étrange destin de Wangrin
Amadou Hampâté Bâ
10/18, 1973, 381 p., 8 €

L’auteur, écrivain malien, était un défenseur de la tradition orale africaine. Un écrivain devenu mondialement connu… et très institutionnel. Il prétend dans ce livre raconter la vie d’un ami, dans l’Afrique occidentale française de la première moitié du XXe siècle, Wangrin : c’est un aventurier, un filou, qui s’impose comme intermédiaire entre l’administration coloniale et les autorités villageoises traditionnelles, grugeant les uns comme les autres.

Les administrateurs français sont loin, à fortiori le ministère de la rue Oudinot. Via cet aventurier, le colonialisme n’en est pas moins présent, dans toute sa stupidité et toute sa brutalité.

 

 


 

 

Le Grand Monde
Pierre Lemaître
Calmann Lévy, 2022, réédité en poche en 2023 – 768 p. 10,40 €

Le romancier (prix Goncourt en 2013 pour Au revoir là-haut, premier tome de sa trilogie sur l’entre-deux guerres, Les enfants du désastre), entame cette fois une tétralogie sur lesdites « trente glorieuses », dont le premier volume commence en 1948, en pleine guerre d’Indochine. « Le Grand Monde » étant le nom d’un café et d’une salle de jeux de Saïgon. On suit ici les aventures et états d’âme des différents membres de la famille Pelletier, à Beyrouth, à Paris et à Saïgon en plein trafic de la piastre. L’un des fils Pelletier, Étienne, se fait muter à Saïgon pour rejoindre son compagnon, un militaire français engagé contre le Viêt Minh, dont il n’a plus de nouvelles. C’est là qu’il découvre la corruption au sein de l’Office indochinois des changes, et ce trafic monétaire très rémunérateur. Un roman brillantissime et très informé.

 

 


 

 

Une sortie honorable
Éric Vuillard
Actes Sud, 2022, 208 p., 18,50 €
 
Après le nazisme ou la Révolution française, Vuillard continue de s’attaquer à des évènements historiques en mettant en scène soit la population, soit les puissants ou leurs représentants. Il est question ici de la guerre d’Indochine de 1950 à 1954, lors de la déroute française de Diên Biên Phu. Un pamphlet brillant et assassin, où l’on assiste au cirque parlementaire de la IVe République, à l’incompétence prétentieuse des généraux sur le terrain, au contentement des profiteurs de guerre lors des conseils d’administration, sans oublier le cynisme des représentants américains prêts à prendre le relai… Verve, art du portrait, précisions implacables des situations. Une initiation historique très instructive, et formidable complément au roman de Pierre Lemaître, Le Grand monde, sur la même période1.

 

 


 

 

Tu récolteras la tempête
Joseph Hougron
Le livre de poche, 1986 (première édition en 1950), disponible en bibliothèque.

Premier volet de La nuit indochinoise, vaste fresque décrivant l’Indochine « française », où est décrite la vie quotidienne des Vietnamiens de toute condition, de l’illettré au lettré, tous soumis à l’autorité des imbéciles envoyés par l’État français pour « administrer » des populations qui, bientôt, ne prendront plus leur mal en patience.
 

 


 

 

Là où les chiens aboient par la queue
Estelle-Sarah Bulle
Llana Levi, 2018, 288 p., 12 €

Ce premier roman d’une autrice d’origine guadeloupéenne brasse les thèmes de l’émigration, de l’identité, de l’exploitation, à travers la vie de trois frères et sœurs en Guadeloupe puis en France métropolitaine qui se racontent à leur fille et nièce. Des sujets rarement évoqués dans la littérature française puisqu’il est notamment question du soulèvement de 1967 et de sa répression.

 

 


 

 

1  Lire également la vigoureuse tribune anticolonialiste d’Éric Vuillard dans Le Monde daté du 28 mai 2024, intitulée : « Aucune société coloniale ne peut durer éternellement. Cela vaut pour la Nouvelle-Calédonie. » https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/26/nouvelle-caledonie-aucune-societe-coloniale-ne-peut-durer-eternellement_6235633_3232.html