Nos vies valent plus que leurs profits

Seuls les travailleurs ont les solutions face aux conflits dans les transports en commun

Le sujet de la sécurité dans les transports en commun est un des moyens favoris de l’extrême droite pour faire de la surenchère raciste, ce qui profite bien aux patrons du transport. Quand les médias le traite via des faits divers sordides, tournés de façon répugnante, il sert de prétexte au gouvernement pour imposer des mesures sécuritaires qui non seulement divisent les travailleurs du transport mais ajoutent des couches de violences.

Ce sujet est présent dans la tête de nombreux conducteurs : il arrive d’entendre qu’il y a 10 ans, les « gens » étaient plus respectueux, qu’il y avait moins de conflits. Pourtant, trop peu d’études se sont penchées sur la question, et les rares données qui existent sont à prendre avec des pincettes. Ainsi, une enquête interne de la RATP mentionne certes une augmentation du pourcentage d’agressions de conducteurs, mais le fait pour imposer le port de caméras embarquées… dans un contexte de chasse aux signes d’appartenance religieuse, où la direction fait preuve de bon nombre de préjugés racistes !

Pourquoi alors un tel ressenti ? Dans un contexte où les agressions de tout type (entre usagers surtout) ont baissé de 8% entre 2023 et 2024, mais où les usagers interviennent d’eux-mêmes dans 23% des cas (contre même pas 10% il y a encore 10 ans), c’est sans doute le seuil de tolérance à ces agressions qui a drastiquement chuté. Ceci d’autant plus que les « incivilités » sont paradoxalement mieux répertoriées aujourd’hui.

Mais, justement, ce terme est loin de recouper une même réalité ! Entre des insultes plus « policées » venant des bourgeois – oui, ils prennent aussi les transports en commun –, qui reflètent leur mépris de classe, et celles venant des milieux populaires et de travailleurs après une journée de travail, il y a tout un monde ! De plus, les multiples causes de ces conflits (services supprimés, offres insuffisantes, bus bondés) ont, de près ou de loin, trait à la gestion capitaliste des transports en commun et du développement de l’offre.

Contre cette gestion et ses conséquences, les travailleurs ont bien des revendications et des solutions à faire valoir par leurs luttes : le retour des médiateurs, formés au désamorçage des conflits (un rôle que les contrôleurs pourraient remplir), la gratuité des transports en commun, un développement rationnel de l’offre (allant de pair avec la question urbaine des périphéries où vivent la majorité des travailleurs).

9 décembre 2025, Leny Bolzen