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Solidarité avec la révolte au Bangladesh !

Lundi 5 août, des centaines de milliers de manifestants se sont soulevés et le palais de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans, a été envahi. Devant ce spectaculaire succès de la mobilisation populaire, l’armée a rapidement pris le pouvoir et installé au gouvernement l’oppositionnel Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix et pionnier du microcrédit.

Médaille d’or pour les étudiants et travailleurs du Bangladesh !

L’invasion du palais est l’aboutissement de manifestations étudiantes obstinées et massives depuis début juillet. En réaction à la terrible répression par le gouvernement depuis mi-juillet (plus de 400 morts, dont beaucoup par tirs à balles réelles, couvre-feu, suspension d’Internet), la contestation du régime a gagné en ampleur : aux centaines de milliers d’étudiants se sont ajoutés leurs parents, des professeurs et des travailleurs du textile, principal secteur industriel du pays et foyer de lutte reconnu contre le patronat. Dans un pays où les 10 % des plus riches possèdent 41 % des richesses nationales (contre 1,3 % pour les 10 % les plus pauvres), où l’inflation galope et où plus d’un jeune sur trois n’arrive à trouver ni études ni emploi, la colère a fini par exploser et emporter un régime connu pour sa dureté et sa corruption.

L’armée a rapidement repris le pouvoir pour empêcher qu’un vide politique s’installe. Elle se présente comme « au service du peuple », mais, avec la police, elle a pourtant bien participé à réprimer la population ! Sous la pression populaire, elle a été contrainte de nommer le professeur Muhammad Yunus à la tête du gouvernement intérimaire, flanqué de deux dirigeants étudiants supposés surveiller celui-ci.

Les grands de ce monde retiennent leur souffle

Des États-Unis à la Chine en passant par l’Europe, toutes les grandes puissances ont salué la « transition démocratique » menée par l’armée, alors qu’elles n’avaient soufflé mot de la répression menée par Sheikh Hasina. La faute à la grande fête des JO ? Ou à la volonté de maintenir coûte que coûte l’exploitation dans les usines textiles qui fournissent des multinationales comme Zara ou H&M ? En tout cas, avec un nouveau dirigeant comme Yunus aux manettes, ces rapaces impérialistes peuvent dormir sur leurs deux oreilles : l’homme est présenté comme un vieux sage, mais il est hors de question pour cet amoureux de l’entreprenariat de toucher aux profits des grands groupes, pas davantage qu’à l’ordre mondial qui veut qu’il existe des patrons qui imposent leur loi à ceux qu’ils exploitent. Mais les étudiants et les travailleurs n’ont sans doute pas dit leur dernier mot.

Une étincelle dont surgira la flamme ?

Le Bangladesh n’est pas le seul pays où des manifestations populaires remettent en cause la violence patronale et la répression étatique qui l’appuie. En ce moment même, au Nigeria comme au Kenya, les classes populaires se défendent face aux attaques de leur bourgeoisie dans des manifestations massives. Ces mobilisations font écho aux Printemps arabes de 2011 et aux révoltes populaires qui ont essaimé sur le globe ces dernières années, de l’Égypte au Chili, du Hirak algérien au Janatha Aragalaya sri-lankais de 2022.

Alors que la population palestinienne continue de subir les bombardements de l’armée israélienne et que la menace d’une guerre qui se généralise se fait pesante au Moyen-Orient, les masses populaires du Bangladesh démontrent qu’il est en leur pouvoir de s’opposer victorieusement à la barbarie capitaliste, jusqu’à chasser les dictateurs qui la représentent. Il est en leur pouvoir aussi de ne pas se laisser voler leur victoire, en jetant les bases d’un pouvoir qui soit le leur, une démocratie surgie d’en bas, de la mobilisation.

Les revendications des classes populaires du Bangladesh sont les nôtres : vivre et pas survivre, décider démocratiquement de notre sort ! Nous exprimons notre totale solidarité avec les étudiants et travailleurs qui continuent de se battre.

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 12 août 2024

 

 

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