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Solidarité internationale, répression d’État

Le 18 décembre dernier, une porte-parole du Collectif inter-organisations Palestine 41 a été convoquée par la police de Blois (Loir-et-Cher) et placée en garde à vue de 10 à 11 h 30 pour « apologie du terrorisme »… sans que des propos précis lui aient été précisés. À ce jour, elle ne sait même pas qui est à l’origine de la plainte.

Aux côtés de plusieurs dizaines de militants et militantes d’organisations politiques, syndicales et associatives du Loir-et-Cher et de l’Indre-et-Loire, une délégation du NPA-Révolutionnaires et du NPA jeunes Révolutionnaires de Paris était présente devant le commissariat.

Cette accusation s’inscrit dans la vague d’interdictions de manifestations, de rassemblements et de réunions publiques depuis le lendemain du 7 octobre 2023. Le gouvernement revendique ainsi qu’il n’inquiéterait pas Netanyahou s’il venait en France, malgré le mandat d’arrêt international. Mais sa police n’hésite pas à arrêter les militants et militantes de la solidarité internationale.

La procédure a finalement été classée sans suite par le parquet pour « défaut de caractérisation de l’infraction ». Le collectif a continué ses activités avant comme après la convocation, avec la diffusion de tracts devant une usine d’armement dans l’Indre et des rassemblements dans la région à Tours et à Vendôme, en présence de sa porte-parole. D’autres échéances sont prévues en janvier et en février.

Cette procédure constitue cependant déjà une intimidation inacceptable.

Arrestations et condamnations à la pelle

Le même soir du 18 décembre, sept militantes et militants de l’association Europalestine ont eux aussi été placés en garde à vue pendant 40 heures à Nanterre pour avoir protesté contre l’organisation d’un match de basket avec l’équipe israélienne Hapoël Holon. La mairie de Nanterre avait décidé par arrêté de faire jouer cette rencontre à huis clos, mais sa décision a été annulée par le tribunal administratif à la demande de la préfecture des Hauts-de-Seine. Des militants ayant brandi des drapeaux palestiniens sont accusés d’avoir introduit dans le stade des objets « incitant à la haine et à discrimination à raison de l’appartenance à une race, religion, nation ». Outre une « contribution citoyenne » de 500 euros pour ceux qui ont pénétré quelques secondes sur le terrain avant de se faire violemment interpeller, deux militants passeront en procès à la fin du mois de janvier.

Le 2 décembre à Montpellier, un militant est passé en appel après avoir été condamné à un an de sursis avec inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes. Le lendemain se tenait dans la même ville le procès de deux militants de la campagne boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) qui avaient versé de la peinture rouge sur un drapeau des États-Unis en juin. L’un a été relaxé, l’autre condamné à une amende avec sursis.

Le même jour, à Tarbes, un militant a été condamné à une lourde amende pour avoir grimpé sur la grille de la prison de Lannemezan lors d’une manifestation pour Georges Abdallah en octobre 2023.
Le 19 décembre, à Paris, le militant du collectif Urgence Palestine Elias Imzalène a été condamné à cinq mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour « apologie du terrorisme », car il avait appelé à « l’intifada », c’est-à-dire à la révolte populaire.

Enfin, le 30 décembre, une nouvelle plainte a été déposée contre la députée européenne LFI Rima Hassan pour « apologie du terrorisme ».

Un acharnement répressif aussi insupportable que vain face à une solidarité internationaliste qui, manifestement, dérange bien les États impérialistes.

7 janvier 2025, Gaël Quirante