Nos vies valent plus que leurs profits

Sommet « Choose France » : une industrie de fausses annonces en pleine vague de licenciements

Si la réalité se pliait aux communiqués triomphalistes de l’Élysée à chaque édition de « Choose France », l’industrie française aurait depuis longtemps dépassé non seulement l’Allemagne, mais même la Chine ou les États-Unis. Chaque année depuis 2018, Macron offre une visite du château de Versailles à des grands capitalistes du monde entier. Le ticket d’entrée est modeste : il suffit d’une vague promesse d’investissement qui n’a d’autre but que de s’ajouter à une somme totale que Macron pourra annoncer. En contrepartie, des subventions publiques à gogo.

Exemple : en 2023, le patron du groupe taïwanais ProLogium a promis d’investir cinq milliards pour une usine de batteries électriques à Dunkerque – la mode était alors à la transition énergétique, aujourd’hui oubliée au profit de l’industrie militaire. 3 000 emplois à la clé. L’État a consenti à 1,4 milliard d’aides publiques – sans compter la mise à disposition d’infrastructures portuaires, routières, etc. Deux ans plus tard, ProLogium embauche… 15 personnes à Dunkerque, plus occupées à monter des dossiers pour débloquer ces subventions qu’à construire des batteries. Mais son PDG ne raterait sous aucun prétexte une édition de Choose France, où il peut réitérer chaque année ses promesses.

Le capitalisme sénile de seconde zone version Macron renoue avec la méthode Coué des bureaucrates d’URSS qui se vantaient de réaliser le « plan quinquennal en trois ans ». À Versailles, chaque année est un nouveau record. 178 projets pour plus de 47 milliards d’euros d’investissements annoncés depuis huit ans, mais seulement une quinzaine de projets opérationnels à ce jour, avec, en moyenne… 30 emplois créés par projet !

Les mensonges de Versailles ne feront pas oublier la vérité des 400 000 licenciements recensés par les militants ouvriers de la CGT. L’heure n’est pas à croire au père Noël. Ni les fastes de Versailles, ni les subventions publiques (même si elles étaient déguisées en nationalisations), ni les « lois travail » pour offrir au patronat une main-d’œuvre encore plus exploitable, ni les droits de douane ou autres accords commerciaux ne sauveront le moindre emploi. Au contraire : les patrons font des profits et licencient… pour en faire encore plus. Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces et les unifier pour imposer l’interdiction des licenciements et le partage du travail.

Raphaël Preston