Mardi 15 avril, 120 ouvriers ont débrayé le matin et 55 l’après-midi. Venant des différents bâtiments de l’usine, mêlant salariés Stellantis et sous-traitants du site (Forvia, Derichebourg, GSF), les grévistes ont parcouru en cortège le montage, cœur de l’usine.
Les grévistes se sont réunis en assemblée générale et ont notamment voté la création d’un comité de mobilisation, avec des non syndiqués et des syndiqués. Puisque les directeurs refusaient de descendre à l’atelier, les grévistes sont montés dans leurs bureaux remettre la pétition exigeant des garanties par rapport à la fin définitive de la production automobile sur site en 2027 (refus de la fermeture, préretraite, reclassement interne et externe au groupe, formation, indemnités de licenciement…). Méprisant, le chef du personnel n’a pas voulu les voir et s’est enfermé dans son bureau : la réalité du « dialogue social » vanté par la direction.
Aucune annonce officielle de fermeture ou d’arrêt total de la production n’a été faite, mais les salariés constatent que la direction accélère la mort du site : l’Opel Mokka, produite actuellement, s’arrêtera en 2027, aucune production n’est prévue ensuite. La direction met la pression depuis des mois pour que les salariés partent, les effectifs fondent, le personnel qualifié n’est pas remplacé, les chefs démissionnent, aucun investissement, les installations vieillissent, la moyenne d’âge des 2 500 salariés restants est de 52,8 ans…
Ces deux débrayages sont minoritaires, mais ils ont d’autant plus de mérite que la direction maintient la peur et l’incertitude : les travailleurs ont du mal à prendre conscience de leur force. Ces derniers jours, les sanctions disciplinaires et le flicage se sont multipliés, les nombreux syndicats proches du patron ont eux aussi mouillé le maillot pour intimider.
Malgré cela, depuis des semaines, des travailleurs en colère, soutenus par le syndicat SUD, se sont réunis par petits groupes pendant les pauses pour préparer le succès de la pétition et du débrayage (une idée des caristes du montage). La semaine précédente, 300 salariés s’étaient rassemblés aux pauses. Pour eux, ce n’est qu’une première étape de la mobilisation.
Le but de ces débrayages était d’afficher clairement aux yeux de tous les salariés qu’il existe un groupe de travailleurs qui ne croient pas aux salades de la direction et de ses syndicats. Un groupe déterminé à ne pas se laisser mettre à la porte en 2027, ou avant avec des miettes. Déterminé aussi à s’adresser aux autres ouvriers de l’usine, et au-delà à tous les travailleurs menacés par les licenciements. Les grévistes ont voulu aussi affirmer que les futures luttes doivent être dirigées par les grévistes eux-mêmes, avec le soutien des syndicalistes sincères, mais indépendamment de tous les syndicats. Ce n’est que le début…
Correspondant
