
Le 5 mai, à l’appel de la CGT, contrôleurs et conducteurs ont été massivement grévistes dans plusieurs régions. SUD-Rail avance le chiffre de 75 % de contrôleurs ayant fait au moins un jour de grève du 9 au 11 mai. En gare de Lille par exemple, seuls 150 TER ont roulé sur les 1 230 normalement prévus. Dans plusieurs technicentres, la grève a aussi été suivie par une minorité significative de collègues. En somme, ces taux de grève indiquent un premier succès.
« On n’attrape pas les chefs avec du vinaigre »
La direction s’était pourtant préparée bien en amont à ce conflit. Tirant les leçons des grèves réussies de décembre 2022, elle a mis en place un nouveau dispositif : les « volontaires d’accompagnement occasionnel », dits VAO. Un vivier de cadres et de dirigeants volontaires pour remplacer les grévistes contrôleurs grandes lignes et donc permettre aux trains de rouler. Le VAO signe un contrat d’engagement avec la direction, qu’elle peut rompre de manière unilatérale, sans motif ni préavis. La laisse ainsi passée au cou, il est habilité en une huitaine de jours à la bagatelle qu’est la sécurité ferroviaire qui nécessite ordinairement quatre mois de formation. Notre heureux élu peut désormais endosser l’uniforme du contrôleur. Non pas pour contrôler – il n’en a pas le droit ! – mais pour donner le change et l’apparence du respect de la réglementation. Les portes du paradis s’ouvrent alors enfin à lui : une prime de trente euros en semaine et cinquante euros le week-end pour chaque heure passée dans un train ! De quoi attirer bien des mouches…
Coup de billard à trois bandes…
Face à une direction capable de se mobiliser, les fines tactiques de grève risquent bien de perdre en impact. Pourtant, c’est le scénario que les directions syndicales semblent vouloir reproduire une seconde fois. La fédération CGT propose une grève le 4 juin aux conducteurs et le 11 juin aux contrôleurs, chaque métier devant défendre sa propre « prime métier » en vue des tables rondes annoncées par la direction. De quoi effectivement bien tourner en rond.
Dans le même temps, la CGT appelle aussi l’ensemble des cheminots à la grève le 5 juin. SUD-Rail et le CNA (collectif de contrôleurs à l’origine des grèves de 2022) n’ont pas encore daigné annoncer leur plan pour la suite, ce qui ne les a pas empêchés de refuser explicitement que des AG se tiennent dans plusieurs endroits.
… ou tous ensemble pour nos revendications ?
Les AG qui se sont tenues ont regroupé trop peu de collègues pour qu’une organisation propre des grévistes puisse voir le jour. Les présents ont pu cependant discuter et parfois adopter des revendications précises pour l’augmentation des salaires et la fin des réorganisations et modifications de planning à outrance. Cette première étape de la mobilisation des roulants ouvre le besoin de suites rapides regroupant tous les cheminots.
Correspondants