Nos vies valent plus que leurs profits

Suppression des ZFE : ne partageons pas la route avec le RN !

Le 28 mai, un vote à l’Assemblée a mis fin aux zones à faibles émissions (ZFE) qui interdisent aux véhicules les plus anciens l’accès au centre des grandes villes. Ce vote n’est pas définitif et les ZFE pourraient finalement survivre à la coalition de circonstance Droite-RN-LFI qui a voté pour leur suppression. Mais la situation est tout de même révélatrice des deux options politiques défendues par les partis institutionnels : écologie pour les bourgeois ou démagogie pro-voiture.

La ville et les transports, malades du capitalisme

Le capitalisme concentre la production et les travailleurs dans de gigantesques métropoles tandis qu’il transforme de larges espaces ruraux en déserts sociaux. Dans les grandes villes, les prix de l’immobilier montent en flèche, refoulant en banlieue les classes populaires, tout en maintenant l’obligation de se déplacer vers les centres des villes pour aller au travail, aux courses, aux loisirs, etc. Alors, forcément, interdire aux vieilles voitures d’y rentrer comme le veulent les ZFE, c’est interdire à ceux qui les conduisent d’y circuler, c’est avouer que dans cette société la ville est un produit de luxe !

La « liberté » avec l’automobile ?

Pour autant, la manière dont l’extrême droite se vante de la suppression des ZFE passe sous silence les 40 000 personnes qui meurent chaque année de la pollution de l’air. Qu’importe, il faut laisser les automobilistes « libres », libres d’aller se faire exploiter au travail pour gagner leur vie, libres de revenir chez eux dans une zone « choisie » en fonction de ce qu’ils peuvent se payer avec leur salaire. Derrière sa démagogie pro-voiture, le RN défend comme à son habitude l’ordre établi.

L’État est du côté du tout-voiture, car non seulement cela déplace sur l’usager le coût du transport, mais cela assure aux constructeurs des profits bien plus élevés que le développement des réseaux de transport collectif. La voiture est devenue le seul moyen « raisonnable » pour se déplacer, en tout cas le plus rapide : quand il n’y a qu’un seul choix, qui peut parler de liberté ?

D’autant que cette « liberté » se monnaye cher : il faut acheter une voiture, payer son essence, son entretien, son assurance… Une étude récente rappelait que 82 % des titulaires du permis se disent fréquemment empêchés de conduire et que 44 % y renoncent, souvent, pour une raison matérielle ou liée à la conduite elle-même (trafic routier, problèmes de stationnement, etc.).

Transportons-nous vers une autre société !

Quelques mesures d’urgence : développer massivement les transports en commun et les rendre gratuits, en finir avec la spéculation qui génère pénurie de logements et hausse des prix.

Il faut également en finir avec la dictature capitaliste de l’horloge : les travailleurs en quart ou de nuit ne bénéficient presque plus de transports collectifs. Vouloir gagner du temps dans les transports parce que nous le perdons au travail, quel paradoxe ! De ce dernier point de vue, réduire le temps de travail, supprimer le travail de nuit qui n’est pas indispensable et, plus encore, mettre fin l’exploitation capitaliste sont sans aucun doute les plus fondamentales des mesures écologiques.

Bastien Thomas