Nos vies valent plus que leurs profits

Suppressions d’emplois : la lutte doit dépasser le vote du budget

Mardi 29 octobre, près de 300 salariés se sont réunis place des Invalides à l’appel de la CGT, de SUD, de FO et de l’Unsa contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Un rassemblement des salariés de la santé et des organismes sociaux dont les conditions de travail seront directement impactées par les baisses budgétaires et les emplois menacés. Mais il a aussi été rejoint par des délégations de l’industrie chimique : Trelleborg, Lat Nitrogen, Kem One, BioMérieux et surtout Sanofi de Montpellier, Lisieux, Pasteur, Vitry-sur-Seine… Tous présents contre la loi budgétaire, les participants avaient aussi en tête les menaces qui pèsent sur les emplois. Une préoccupation directement exprimée par les travailleurs de Sanofi, exposés à un plan de suppression de 330 emplois en recherche et développement, et aux menaces sur l’avenir de leurs collègues de la filiale Opella, que Sanofi cherche à vendre. Aujourd’hui, ce sont les sites de Vitry-sur-Seine et de Lisieux qui sont principalement concernés, mais tous sentent que leur tour peut venir dans un avenir proche.

D’après l’organisation patronale France Chimie, près de 15 000 emplois seraient en effet menacés dans ce secteur. Les patrons, jugeant que l’activité n’est pas assez rentable au regard de la concurrence, se lancent dans une restructuration sur le dos des salariés. Certains participants ont bien compris que leur lutte ne doit pas rester circonscrite au vote du budget, mais que c’est auprès de ces dizaines de milliers d’alliés de lutte qu’il faut aller chercher du soutien. Les délégations de Sanofi Pasteur et de BioMérieux Craponne prévoyaient déjà de rendre visite aux salariés de Vencorex mercredi 30 octobre, lors d’un rassemblement devant leur usine de Pont-de-Claix (Isère) placée en redressement judiciaire. Ces derniers se sont mis en grève à partir du 23 octobre car l’unique proposition de reprise mise sur la table (comme l’oblige la loi Florange de 2014) prévoyait de conserver 25 emplois sur près de 500 que compte le site ! Les espoirs sur un éventuel soutien du côté de l’État se sont eux aussi évaporés vendredi 25 octobre, lorsque la seule proposition de l’entretien avec le ministre chargé de l’Industrie, Marc Ferracci, a été de faire un selfie « pour [le] montrer aux salariés » !

Aucune protection ne viendra d’une quelconque loi ou des services de l’État. Pour s’opposer aux dizaines de milliers de suppressions de postes dans la chimie, dans l’automobile et ailleurs, il ne faudra compter que sur nos luttes et notre capacité à les coordonner les unes aux autres.

29 octobre 2024, Adrian Lansalot