Nos vies valent plus que leurs profits

Taxis : D’un côté, colère et mobilisation des chauffeurs conventionnés indépendants ou salariés, de l’autre, marchandages des grandes entreprises de taxis avec le gouvernement

Bayrou a eu beau affirmer prendre « très au sérieux… l’émotion » des chauffeurs de taxi, leur colère n’est pas retombée, même si l’intersyndicale regroupant les fédérations des entreprises de taxi se sont félicitées de « l’écoute » du Premier ministre. Celui-ci, se voulant rassurant, a annoncé qu’il allait « retravailler le détail » de la nouvelle convention du secteur avec la Sécurité sociale.

Les taxis dits « conventionnés » assurent le transport des patientes et patients, puis sont remboursés par la Sécurité sociale. Ce transport sanitaire dévolu au privé, peut représenter jusqu’à 80 % de leur activité (et du revenu des chauffeurs !), surtout dans les zones éloignées des hôpitaux. On compte près de 30 000 « entreprises de taxis conventionnés », possédant un peu plus de 40 000 taxis. Autrement dit, une grande majorité de chauffeurs à leur compte, les autres étant salariés d’entreprises « conventionnées » gérant plus ou moins cinq taxis, ou qui dépendent de véritables grandes entreprises de taxis non conventionnées, exerçant dans les plus grandes villes du pays.

La nouvelle convention va réduire le remboursement par la Sécurité sociale, en ne rémunérant plus les retours à vide, ni les temps d’attente. Cette nouvelle règle impacte notamment les zones rurales, où les taxis ont peu de chance d’éviter un retour à vide, ce qui se traduira par une perte de revenu de 25 à 30 % selon les organisations professionnelles, voire l’abandon de l’activité dans certains cas.

Comme d’habitude, l’État cherche les économies sur le dos des services utiles à la population

Avec l’argument que la dépense du transport sanitaire a augmenté ces dernières années. En oubliant de préciser que le coût du transport sanitaire augmente dans la mesure où l’on ferme des lits dans les hôpitaux. Aux malades de longue durée de se déplacer pour leur chimiothérapie, leur dialyse et autres soins lourds.

L’heure est aux économies de la Sécu ? Mais pourquoi ne pas s’en prendre aux prix effarants pratiqués par les grands labos pharmaceutiques pour les nouveaux médicaments contre le cancer, les maladies cardiaques et autres, plutôt qu’aux chauffeurs conventionnés ? Sans parler des profits des grands laboratoires d’analyse et autres fournisseurs privés des hôpitaux publics.

Il n’en reste pas moins que le service de transport sanitaire devrait être public, car aujourd’hui en partie privé, il participe surtout à l’enrichissement des grandes compagnies de taxis dont les fédérations chapeautent les négociations avec le gouvernement, pas aux petits taxis individuels et aux chauffeurs salariés, dont on comprend la colère.

H.C.