Jeudi 30 septembre [2021], troisième jour de grève aux TCL après les lundis 13 et 20. Le nombre de grévistes se maintient à peu près. Au pied du B12, le siège de Keolis Lyon qui exploite le réseau, le rendez-vous des grévistes, les rangs sont plus clairsemés mais la colère est toujours là.
Contre la grève, la direction a manié la carotte et le bâton. La carotte : beaucoup de promesses et 400 euros de prime Macron, « une primette » que les salariés auraient dû toucher depuis longtemps. Le bâton : les coups de pression dans certains dépôts, à la prise de service ou au moment de déposer sa déclaration de grève.
Sueurs nocturnes
Mais le 30 au petit matin, la nouvelle tombe : deux syndicats ont signé tard dans la nuit l’accord de la direction. Non plus pour 400 mais pour… 480 euros, toujours distribués selon des critères de présentéisme ! Les grévistes n’ont pas voulu du premier accord, pourquoi auraient-ils accepté le second ? Ils ne veulent pas d’une prime, mais du net sur la fiche de paye !
Les autres syndicats ne sont pas en reste, eux qui ont passé tout l’après-midi du 29 à négocier en tête à tête avec le DRH. En pouvant, au passage, se laver les mains de toute signature !
À quoi ça rime de discuter, voire de signer un accord juste avant une grève ? Les chefs syndicaux ont-ils à ce point moins peur des patrons que des grévistes réunis en assemblée générale ?
Contre la division sauce Keolis
Avec sa prime, la direction a joué la carte de la division. Entre grévistes et non-grévistes, mais aussi entre grévistes. Car si les deux jours de grève du 13 et du 20 septembre ne sont pas pris en compte dans le calcul de la prime, la journée du 30 l’est, elle. Alors que c’est bien la crainte de cette troisième journée qui a poussé syndicats et patrons à signer l’accord !
Ce que la direction craint par-dessus tout, c’est que les conducteurs qui ont relevé la tête et qui se sont rencontrés durant les trois derniers jours de grève continuent de résister ensemble à ses sales coups. À commencer par l’allotissement du réseau, qui arrive à grands pas et qui, comme en grande couronne parisienne, n’aura qu’un seul effet : la baisse des rémunérations et l’allongement des amplitudes.
Comment continuer ?
L’envie de continuer est là. Mais comment ? Par une grève perlée, d’une heure par jour ? Les risques sont grands, notamment celui de la dispersion. Faire grève ensemble, sur une journée complète, cela permet de se retrouver et d’échanger. Mais pour refaire une journée, il faut que le jeu en vaille la chandelle, qu’il y ait du monde en grève et au B12 !
Le 5 octobre, des salariés de différents secteurs seront en grève pour des hausses de salaires. 200 euros net par mois pour tous, ce que revendiquent les grévistes des TCL, ce pourrait être la revendication de tous les travailleurs. D’autant plus dans un contexte où beaucoup de réseaux de transports urbains et interurbains sont secoués par des luttes, notamment sur les salaires.
Le 5, il y aura des conducteurs en grève et en manifestation, bien visibles de tous. Et après ? On verra ! Mais l’expérience accumulée en ce mois de septembre et les précieux liens noués entre les grévistes sont les meilleurs appuis pour préparer les suites. Car des suites, il y en aura !
2 octobre 2021, Correspondant
(Article paru dans Convergences révolutionnaires no 141)