C’est le 15 juillet que Bayrou dévoilera son plan pour faire 40 milliards d’économies supplémentaires sur le prochain budget de l’État. Un lendemain de « fête nationale » dont on peut être sûrs que les seuls à ne pas avoir la gueule de bois seront les flics, les militaires, les marchands d’armes et les patrons. Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste, a décidé de jouer les Monsieur Plus et prône qu’il faudra réaliser 100 milliards d’économies d’ici 2029… Qui dit mieux ?
Pour la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, il faudra en passer par « une année blanche » en 2026. Comprenons, le gel de toutes les augmentations prévues habituellement pour tenir compte de celle du coût de la vie. « Est-ce que c’est sur les prestations sociales ? Est-ce que c’est sur les barèmes des impôts ? Est-ce que c’est sur les dotations aux collectivités ? Est-ce que c’est sur les versements et les aides aux entreprises ? », a-t-elle fait mine de s’interroger lors d’une interview à Sud Radio le 2 juillet. Gageons que ce ne sera pas la dernière option qui sera retenue !
Ragaillardis par la popularité de leur nouveau chef Bruno Retailleau, Les Républicains proposent eux de plafonner l’aide sociale (qui deviendrait unique, jusqu’à 70 % du Smic), de limiter drastiquement le RSA ou les conditions d’accès des étrangers au système social.
Montchalin est également revenue sur l’éventualité de réduire les effectifs de la fonction publique. « La tendance qui consiste à augmenter inexorablement le nombre est mauvaise pour les fonctionnaires en poste aujourd’hui. Ça les paupérise », a-t-elle déclaré… sans la moindre honte. Lombard, le ministre de l’Économie est tout aussi direct et assume aussi le fait de revoir à la « baisse » le « nombre de fonctionnaires ». Les effectifs des services publics vont être grattés jusqu’à l’os, dans la santé, dans l’éducation, dans le social…
Gérard Larcher, le président LR du Sénat, s’est empressé de filer le train aux deux ministres en déclarant à l’AFP : « Certaines choses peuvent être gelées facilement, d’autres moins. Je pense au régalien qui doit rester en dehors de l’épure. » Effectivement, plusieurs lois de programmation, concernant la défense, l’intérieur et la justice ont d’ores et déjà prévu des hausses de dépenses en 2026. Concernant les dépenses militaires, la France s’est engagée dans le cadre de l’Otan, sous l’injonction de Trump, à faire passer d’ici 2035 les dépenses militaires à 5 % du PIB, c’est-à-dire plus de 120 milliards d’euros, comme les autres pays européens (alors qu’elles sont déjà à 3,5 % du PIB, soit le niveau le plus élevé depuis 1962, au moment d’une des crises majeures de la guerre froide, celle des missiles soviétiques déployés sur Cuba). Par comparaison, le budget de l’Éducation nationale est aujourd’hui de 64,5 milliards d’euros.
Contre ce braquage à l’arme lourde en bande organisée, il n’y aura pas de solution institutionnelle : c’est une mobilisation sociale massive qui doit s’imposer dès la rentrée !
Marie Darouen