Tirer un bilan critique de l’expérience du NPA. Refonder le NPA-Révolutionnaires sur de nouvelles bases programmatiques et stratégiques. Construire le parti pour relancer la bataille pour le socialisme dans une nouvelle étape de la lutte des classes.
Sommaire
- 1) Situation internationale : Un monde en crise, plus dangereux et plus polarisé
- i) Une nouvelle étape de la lutte des classes au niveau international
- ii) Conditions objectives, conditions subjectives
- iii) La guerre en Ukraine, le génocide en Palestine et le retour de la question nationale
- iv) La crise de la démocratie bourgeoise et la montée de l’extrême droite
- v) Les luttes anticapitalistes dans le monde et la nécessité de transformer les révoltes en révolutions
- 2) Situation nationale : La crise politique, la droitisation du gouvernement Macron et la polarisation de la lutte des classes en France
- i) Une crise politique, économique et démocratique profonde en France
- ii) La crise du régime politique de la Ve République et les revendications démocratiques des révolutionnaires
- iii) La droitisation du gouvernement Macron et la montée de l’extrême droite
- iv) Le Nouveau Front Populaire et l’impasse institutionnelle de la gauche politique et syndicale
- v) La polarisation dans la lutte des classes et la nécessité d’un parti révolutionnaire
- 3) Parti : Pour le dépassement critique de l’expérience du NPA
- i) La scission du NPA et la capitulation du NPA-L’Anticapitaliste
- ii) Problèmes et défis du NPA-Révolutionnaires
- iii) La « fusion inédite » de deux tendances majoritaires et le danger de devenir une petite version de Lutte Ouvrière
- iv) Un parti de combat avec une stratégie de lutte politique révolutionnaire globale
Introduction :
Le premier congrès du NPA-Révolutionnaires se déroule dans un contexte international bouleversant. La crise économique, la guerre en Ukraine, le génocide en Palestine, le retour au pouvoir de Trump, l’affaiblissement de la démocratie bourgeoise, la montée de l’extrême droite ou encore la catastrophe de Valence et la crise écologique internationale, font partie du cocktail explosif que le capitalisme nous offre au quotidien. La situation internationale est caractérisée par une crise multiple dans tous les domaines (économie, géopolitique, écologie), mais aussi par la polarisation croissante et asymétrique dans la lutte des classes. L’expérience insupportable que l’exploitation capitaliste impose à des millions de personnes dans la planète incite les révoltes des travailleur.euses, des exploité.es et des opprimé.es contre l’oppression capitaliste.
Nous sommes rentrés dans une nouvelle étape de la lutte des classes au niveau international. Le XXIe siècle constitue un nouvel ensemble de problèmes politiques nouveaux qui méritent toute notre attention. La nouvelle étape est caractérisée par la tendance aux déséquilibres et vers l’instabilité. La conjoncture est réactionnaire, mais la réversibilité de la lutte des classes pourrait ouvrir la voie à de nouvelles situations révolutionnaires. Dans ce contexte, il est important de rouvrir le débat stratégique, d’actualité, pour dépasser la crise d’alternatives, approfondir le bilan du XXe siècle et repenser par nous-mêmes un projet de révolution socialiste pour la période à venir.
Sur le plan intérieur, la séquence ouverte depuis 2016 avec les mobilisations contre la loi travail, suivie par le mouvement des Gilets Jaunes et les deux mouvements de grèves pour les retraites (pour ne citer que les évènements les plus marquants) ont constitué une période de mobilisation constante et d’affrontement avec le système capitaliste. La crise politique actuelle est caractérisée par l’affaiblissement du centre politique de la démocratie bourgeoise, la crise du régime de la Ve République, la traîtrise des directions syndicales, la réorganisation des forces réformistes, la droitisation du gouvernement Macron et la montée de l’extrême droite. Nous sommes face à une instabilité croissante, avec un gouvernement plus dur qui s’attaque directement aux travailleur.euses, y compris avec des avancées autoritaires et antidémocratiques. Dans ce contexte d’offensive patronale et d’une combativité croissante de notre classe sociale, l’affaiblissement des forces révolutionnaires et la rupture de notre propre parti en plusieurs morceaux est paradoxal. La scission du NPA constitue clairement un recul et nous avons toutes et tous lutté pour l’empêcher. Mais il est vrai aussi que cette crise offre des possibilités si nous savons identifier les raisons de l’échec du projet fondateur du NPA, pour repenser un nouveau projet pour notre organisation révolutionnaire.
Dans ce cadre, la discussion de ce congrès commence par la nécessité de faire un bilan de l’expérience du NPA, de comprendre les enjeux et les problèmes que nous avons devant nous pour pouvoir réaliser un dépassement critique de l’expérience de notre propre organisation. Ce bilan est indispensable pour lancer la construction du NPA-Révolutionnaires sur de nouvelles bases programmatiques et stratégiques.
Il ne s’agit pas de faire, comme les camarades de la majorité nous proposent, un congrès de « deux tiers de bilan et un tiers d’orientation », un congrès pour fêter « la fusion inédite », un congrès de « restructuration organisationnelle interne » ou encore un congrès pour valider la « nouvelle direction » de façon administrative. Nous ne pouvons pas nous contenter de poursuivre une « continuité acritique » du NPA, avec des amendements cosmétiques au projet de parti large de 2009, sans tirer aucune leçon de l’expérience vécue. Il ne s’agit pas non plus de rompre avec l’organisation dans laquelle nous avons milité pendant des années et qui compte des aspects positifs à revendiquer et à maintenir.
C’est pour cela que pour nous, l’enjeu de ce congrès n’est ni dans la rupture, ni dans la continuité, mais plutôt dans la nécessité de tirer un bilan complet, démocratique et collectif, pour le dépassement critique de l’expérience du NPA, pour permettre la refondation du NPA-Révolutionnaires sur de nouvelles bases programmatiques et sur des prémisses stratégiques en lien avec la nouvelle étape de la lutte des classes que nous sommes en train de vivre.
1) Situation internationale : Un monde en crise, plus dangereux et plus polarisé.
i) Une nouvelle étape de la lutte des classes au niveau international
Les événements bouleversants de la situation internationale nous confirment que nous sommes rentrés dans une nouvelle étape de la lutte des classes. Notre définition générale est que nous sommes dans une nouvelle étape mondiale de la lutte des classes qui tend vers les déséquilibres, vers l’instabilité. Nous pouvons dire que cette nouvelle étape s’est ouverte à partir de la crise de 2008 (pour citer un élément structurel). Elle comprend la possibilité de la réouverture d’une époque de crises, guerres, révolutions, barbarie et réaction.
Pour l’écrire d’une façon simple : la tendance vers la stabilisation que nous avons pu connaître dans les dernières décennies du XXe siècle avec la mondialisation capitaliste (la contre-offensive néolibérale, la chute du mur de Berlin, la fin du monde bipolaire, l’hégémonie incontestable des États-Unis, etc.) a été renversée. La tendance actuelle est celle d’un déséquilibre permanent, avec des événements sanglants, des rébellions, des causes d’émancipation et des guerres, comme en Palestine et en Ukraine. Le contexte international est marqué par un déséquilibre croissant dans tous les domaines.
Ce déséquilibre s’exprime dans le terrain de la lutte des classes par des éléments de « bipolarité », c’est-à-dire, par une croissante « polarisation » à la fois entre les États et dans la lutte entre les classes. Dans la relation entre les États, une multipolarité ou une nouvelle bipolarité tend à se former entre l’impérialisme occidental et les puissances émergentes comme la Chine et la Russie. Nous ne partageons pas la vision sceptique (adoptée par le congrès 2018 du SU-QI) de « désordre » ou de « chaos » dans la situation internationale. Cette définition reste descriptive sans observer les tendances en cours qui peuvent amener à des basculements dans un sens ou un autre. C’est une définition qui ne prépare pas à l’action.
Le capitalisme du XXIe siècle nous donne le panorama d’un monde plus polarisé, avec une tendance au déséquilibre. A cela s’ajoute la crise de la démocratie bourgeoise, la montée de l’extrême droite et la tendance vers les extrêmes. Cette tendance est celle de passer de la parole aux actes. Nous sommes entrés dans un « autre monde » avec la crise écologique qui menace de détruire l’équilibre de la planète, la pandémie du covid 19, les débats sur l’intelligence artificielle ou sur la conquête privée de l’espace. Le danger nucléaire réapparaît dans la discussion, tout comme la concurrence interimpérialiste, le problème colonial, le retour du militarisme, la marche à la guerre et les potentialités d’autodestruction de l’humanité et sont symptomatiques de cette nouvelle étape internationale.
La nouvelle étape commence par une conjoncture réactionnaire. La victoire de Trump confirme cette tendance à la montée électorale de l’extrême droite à l’international. Cependant, les attaques capitalistes réactionnaires pourraient également entraîner des rebondissements à gauche et préparer le terrain pour l’irruption de nouvelles révolutions.
ii) Conditions objectives, conditions subjectives
Aujourd’hui, la classe ouvrière est massive, hétérogène et diverse comme jamais dans l’Histoire, mais cela ne veut pas dire mécaniquement que les conditions subjectives soient mûres pour la révolution socialiste. La classe ouvrière aujourd’hui est exploitée, dans des conditions de grande précarité du travail. Elle souffre des attaques qui menacent de revenir en arrière sur les conditions de travail, par des phénomènes comme l’ubérisation et par des contre-réformes.
Dans le plan subjectif, nous considérons que la chute du mur de Berlin a constitué, en termes historiques, une ouverture pour un « nouveau départ », pour un « recommencement de l’expérience » dans la lutte des classes de nouvelles générations, débarrassées de l’obstacle que le stalinisme représentait pour le développement des expériences révolutionnaires. Cependant, ce nouveau départ, qui ouvre des potentialités pour relancer la perspective de la révolution, se fait dans le contexte d’une offensive réactionnaire et d’une crise d’alternatives politiques qui persiste.
Dans l’actualité, nous observons des bagarres, des confrontations et des processus radicalisés de la lutte des classes. Les trois cycles de révoltes populaires des dernières décennies (Amérique latine au début des années 2000, Printemps arabe entre 2010 et 2012 et vague des révoltes internationales en 2019) montrent que des possibilités existent et que l’Histoire est loin d’être finie. Les processus de révoltes impliquent une confrontation radicalisée avec les régimes et un déplacement des affaires politiques « du palais vers la place », c’est-à-dire, des institutions vers la confrontation directe dans la rue.
Pour l’instant, les processus de révoltes du XXIe siècle n’ont pas abouti au renversement du système capitaliste et à l’ouverture de la voie de la transition socialiste, même si plusieurs gouvernements sont tombés par la force de la mobilisation sociale. En général, les mouvements sociaux actuels les plus avancés arrivent à agir d’une façon indépendante, à développer des cadres d’auto-organisation et à développer une certaine conscience anticapitaliste ou antisystème. Se produisent également des accumulations d’expériences, des effets miroir entre les différents mouvements et pays, des apprentissages produits par l’expérience. Dans ce sens, ces dernières années se sont développés d’importants mouvements internationaux de lutte féministe, antiraciste, écologique, de la jeunesse ou plus récemment de solidarité contre la guerre et le génocide en Palestine.
Mais le passage de la révolte à la révolution n’est pas automatique. Bien qu’il existe une certaine conscience anticapitaliste dans les mobilisations, elle ne devient pas encore une conscience communiste ou socialiste révolutionnaire. Dans la plupart des mouvements, la classe ouvrière n’arrive pas à se placer au centre des événements, avec ses partis et ses organisations politiques et syndicales. Aussi, dans beaucoup de pays (la France est peut-être une exception à la tendance générale) une coupure historique de l’expérience révolutionnaire s’observe entre les générations, raison pour laquelle il est nécessaire de retrouver le fil de la continuité historique. Par exemple, la recomposition ouvrière aux États-Unis, un phénomène très progressiste qui s’inscrit dans cette caractérisation de recommencement historique, cherche des références des générations précédentes, faute de continuité.
Tout cela met à l’ordre du jour la nécessité de construire des partis révolutionnaires capables d’intervenir dans les processus de mobilisations, en prenant en compte la globalité des problèmes politiques. Des partis révolutionnaires capables de tirer un bilan de l’expérience du XXe siècle sont nécessaires, en faisant le bilan du stalinisme et de la bureaucratisation, pour dépasser la crise d’alternatives, la fragmentation, la dépolitisation et le rejet de la forme parti.
La polarisation mondiale actuelle pourrait rouvrir une montée de la lutte des classes et l’apparition des situations prérévolutionnaires. Ces tâches préparatoires et du débat stratégique, à la chaleur de la lutte, sont à l’ordre du jour pour les révolutionnaires dans la période actuelle.
iii) La guerre en Ukraine, le génocide en Palestine et le retour de la question nationale
La situation mondiale actuelle est marquée par le retour de la guerre impérialiste. L’élément géopolitique est l’une des principales préoccupations de la situation mondiale à l’heure actuelle, avec la dispute entre les États-Unis, avec ses alliés occidentaux, et les nouveaux impérialismes en construction de la Chine et la Russie.
Pour ce qui est de la question de la guerre et des causes d’émancipation nationale, nous constatons l’existence de deux processus ouverts en Ukraine et en Palestine, qui évoluent chaque jour, notamment en ce moment avec l’invasion du Liban par l’armée israélienne et la menace d’une guerre qui pourrait s’étendre à toute la région du Moyen-Orient.
Concernant la guerre en Ukraine, nous apportons la question suivante comme contribution au débat : à notre avis, la guerre en Ukraine est la superposition de deux conflits. C’est la première caractérisation que nous avons écrite au début de la guerre. Il s’agit d’une cause d’émancipation nationale du peuple ukrainien contre l’invasion russe, ainsi que d’un conflit interimpérialiste, une guerre par procuration, entre l’impérialisme occidental et la Russie. Nous caractérisons la Russie comme un impérialisme en construction, pas équivalent à l’impérialisme occidental, mais comme une puissance capitaliste en dispute pour sa sphère d’influence. Avec le développement de la guerre et l’instrumentalisation de la part de Zelensky et de l’OTAN de la résistance ukrainienne, l’élément d’émancipation nationale légitime a été moins évident que le conflit interimpérialiste. De ce point de vue, nous ne partageons pas la position des courants qui réclament l’envoi d’armes en Ukraine, ni de ceux qui ne voient pas de restauration capitaliste en Russie (selon les deux extrêmes des positions au sein du mouvement trotskyste sur l’Ukraine).
Nous ajoutons un autre élément qui nous semble important, c’est le bilan du stalinisme en Ukraine. En effet, il nous semble nécessaire de prendre en compte « l’Holodomor » et les relations entre les peuples russe et ukrainien au niveau historique pour pouvoir formuler une politique révolutionnaire. Cet élément nous paraît une clé stratégique pour penser une politique révolutionnaire dans le contexte de la guerre en Ukraine, qui est pratiquement absente dans l’élaboration de beaucoup de courants révolutionnaires sur la question.
Par rapport à la guerre au Moyen-Orient, nous sommes pour le soutien inconditionnel aux peuples palestinien et libanais, contre la guerre sioniste du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou et pour une Palestine libre, laïque, unique et socialiste, où tous les peuples puissent coexister en paix.
Pour le peuple palestinien, il ne s’agit pas d’un conflit qui aurait commencé le 7 octobre 2023. Bien évidemment, le 15 mai 1948 marque le début de la Nakba (catastrophe en arabe) pour les Palestinien.es. Ce jour-là, les autorités britanniques se sont retirées de la Palestine pour laisser place à la solution à deux États (un arabe, un autre juif) décidée par les grandes puissances et validée par l’ONU, malgré l’opposition de tous les pays arabes de la région. L’Histoire qui a suivi ce jour est connue. L’État d’Israël a gagné la guerre contre les États arabes et c’est le début d’un long processus de colonisation, d’occupation, d’apartheid et épuration ethnique de la population arabe par l’État sioniste.
Aujourd’hui, 76 ans après, le gouvernement Netanyahou mène une offensive génocidaire sur la bande de Gaza et avance sur l’approfondissement de la guerre à toute la région. Les gouvernements occidentaux, comme celui de Biden et compagnie, sont complices du génocide. Pour sa part, le gouvernement Macron réprime toute démonstration de solidarité avec celleux qui se battent en France pour arrêter le massacre.
Depuis l’année dernière, la jeunesse étudiante a montré la voie de la mobilisation en soutien au peuple palestinien. Les étudiant.es de l’université de Columbia aux États-Unis ont démarré un mouvement mondial de campements, une « intifada étudiante » dans les facs pour exprimer toute leur solidarité avec les Palestinien.nes. En France, des assemblées générales, des occupations et des rassemblements ont eu lieu à la Sorbonne, à Tolbiac, à Sciences Po, à Paris 4, à Paris 8 et dans beaucoup de sièges de Sciences Po en région. La mobilisation de la jeunesse s’est étalée dans les quatre coins du monde. En Amérique latine, des campements et des actions ont eu lieu dans les universités de Costa Rica, de Buenos Aires et de São Paulo, avec la participation de nos camarades du collectif étudiant « Ya Basta ! »
Malgré les mobilisations et la pression internationale, passée de la condamnation des terroristes au soutien du peuple palestinien contre le génocide, les attaques continuent en Palestine et Netanyahou propage sa guerre dans la région, notamment au Liban. Cependant, la cause du peuple palestinien est toujours un élément marquant de la situation mondiale. Il n’est pas insignifiant que des secteurs de la population étasunienne aient décidé de ne pas voter pour le parti Démocrate face au manque de clarté sur la question d’un embargo sur les armes ou d’un cessez-le-feu. La mobilisation a réussi à installer dans la conscience de larges secteurs l’importance du soutien au peuple palestinien. Les résolutions de la Cour Pénale Internationale, symboliques, sont insuffisantes, mais expriment des limites au soutien inconditionnel à Israël dans le génocide de Palestine.
Nous sommes favorables à l’exigence d’un cessez-le-feu comme mesure immédiate et nous revendiquons le programme d’une Palestine laïque et socialiste qui sera possible seulement par l’œuvre de son propre peuple organisé. Nous ne partageons ni les méthodes ni le programme du Hamas et nous ne donnons aucun soutien politique à cette organisation. De même pour le Fatah qui est perçu comme un traître qui a donné de l’air à Israël et qui a fait reculer les revendications du peuple palestinien par leur politique de concessions.
Nous considérons comme une erreur politique la position de la majorité de notre parti qui a refusé de revendiquer après l’avancée militaire de Netanyahou le mot d’ordre du cessez-le-feu immédiat par souci de délimitation avec les réformistes. Nous sommes contre les reflets sectaires dans le mouvement révolutionnaire qui nous mettent en extériorité du mouvement de solidarité internationale. Contrairement aux camarades de Lutte Ouvrière, nous levons avec fierté le drapeau palestinien, symbole de résistance anti-impérialiste mondial. Dans ce sens, nous ne partageons pas les positions « ni Hamas, ni Netanyahou » qui mettent sur un plan d’égalité les opprimés et les oppresseurs. De la même façon, nous ne pouvons pas joindre la lutte du peuple palestinien au soutien du Hamas, c’est une perspective qui désarme les mobilisations et les perspectives émancipatrice.
Les guerres en cours en ce moment montrent l’importance de la question nationale et des luttes anti-impérialistes au XXIe siècle. Il s’agit d’une évidence que la plupart des courants présents à la rencontre de Milan rejettent. Nous sommes pour le droit à l’autodétermination des peuples opprimés. La lutte internationale contre la guerre impérialiste est l’une des principales tâches à l’ordre du jour dans la situation internationale actuelle.
iv) La crise de la démocratie bourgeoise et la montée de l’extrême droite
L’élément dominant de la conjoncture internationale. L’arrivée au pouvoir de plusieurs gouvernements d’extrême droite au t international semble être la solution de prédilection pour un secteur de grands capitalistes, dans ce monde en crise, plus dangereux et plus polarisé. La récente victoire électorale de Trump dans la première puissance mondiale va aggraver les tendances vers les déséquilibres, ainsi que les conflits géopolitiques économiques et l’approfondissement du génocide et de la guerre en Palestine. Cette victoire va également encourager les Milei, Orban, Meloni, Le Pen et compagnie dans leurs projets de gouvernements réactionnaires et antisociaux.
L’extrême droite de notre époque constitue ce que certains analystes caractérisent comme des « régimes illibéraux ». C’est à dire des régimes qui s’attaquent aux droits fondamentaux, à la vision rationnelle du monde. L’extrême droite dans l’actualité constitue un assaut à la raison, un mouvement contre-révolutionnaire qui s’attaque aux conquêtes de la modernité, en défendant des théories conspiratrices, suprématistes, racistes, négationnistes et misogynes. L’attaque contre le droit à l’avortement, contre les droits de personnes trans et l’acharnement envers les populations migrantes font partie de ce programme réactionnaire d’une extrême droite à l’offensive contre les droits des travailleurs et des travailleuses.
Les réactionnaires au pouvoir dans le monde combinent à la fois des attaques sociales avec des avancées bonapartistes et antidémocratiques. L’extrême droite n’implique pas seulement un programme social réactionnaire, mais également des tentatives de changement de régime politique plus autoritaires. De ce point de vue, elle est à la fois « parlementaire » et « extraparlementaire ». Nous rappelons l’assaut du Capitole des supporters de Trump au moment de la victoire de Biden, ainsi que les actions des bolsonaristes au Brésil après la défaite de Bolsonaro. L’avancée de l’extrême droite remet en cause les droits démocratiques les plus élémentaires et c’est pour cela que la défense des libertés démocratiques est à l’ordre du jour pour les révolutionnaires à travers le monde.
L’instabilité de la situation mondiale profite pour l’instant à l’extrême droite, alors que les centristes participent à l’organisation de défaites électorales. Nous assistons à une crise de la démocratie bourgeoise, dans laquelle les bipartismes traditionnels, l’alternance entre partis traditionnels de droite et de gauche sont remise en question. L’affaiblissement du centre politique est lié non seulement à l’échec des partis traditionnels au pouvoir, incapables de donner une réponse à la crise économique selon les intérêts des travailleur.euses, mais aussi au crétinisme parlementaire de celleux qui prétendent lutter contre les attaques réactionnaires par des méthodes purement institutionnelles.
Dans ce sens, dans un contexte où il n’y a pas de condition économique pour la mise en place de gouvernements réformistes capables d’accorder des concessions sociales, les formations de la gauche institutionnelle dans plusieurs pays peinent à offrir une réelle alternative de pouvoir, faute de leur négation à affronter les attaques capitalistes par les méthodes révolutionnaires de la classe ouvrière, de façon extraparlementaire, par la rébellion populaire, la grève, l’auto-organisation et les manifestations dans la rue.
v) Les luttes anticapitalistes dans le monde et la nécessité de transformer les révoltes en révolutions
La lutte des classes laisse peu d’espace pour des positionnements défaitistes, alarmistes ou mélancoliques. Les attaques capitalistes trouvent dans l’expérience des exploité.es et des opprimé.es, un « bipôle » de luttes et de résistances contre le système. Les conditions insupportables d’exploitation, de misère, de guerre et de destruction de la planète auxquelles le capitalisme nous amène, produisent un contrepoids de mobilisations sociales, avec une forte tendance à la radicalisation, la politisation et l’accumulation d’expériences qui convergent dans le processus de recommencent de l’expérience historique de nouvelles générations.
Dans le monde actuel coexistent des avancées réactionnaires avec des mouvements progressistes de lutte, alors qu’il y a une tendance à l’émergence de mouvements de plus en plus internationaux, coordonnés au niveau mondial. Le « revers de la médaille » du génocide en Palestine est, pour la bourgeoisie, les énormes démonstrations de solidarité exprimées dans des manifestations massives au niveau mondial et dans les campements et occupations de facs de la jeunesse étudiante.
Nous observons à l’international, des grèves et des luttes pour les salaires, contre l’inflation et la vie chère dans de nombreux pays. De nouvelles générations de jeunes travailleur.euses sont dans la bagarre pour défendre leurs conditions de vie face aux attaques des gouvernements capitalistes. Dans ce sens, nous sommes extrêmement intéressé.es par la vague de syndicalisation et de recomposition ouvrière aux États-Unis. Ce phénomène de recomposition ouvrière est particulièrement important dans un pays ou la répression syndicale est très forte. La syndicalisation à Amazon, à Starbucks ou encore le congrès international des travailleur.euses des plateformes de Los Angeles sont des preuves de ce phénomène en cours dans la première puissance mondiale.
D’autre part, le mouvement féministe continue d’être l’un des principaux mouvements sociaux au monde. Nous caractérisons que ce mouvement a un caractère internationaliste, avec des méthodes de lutte de classe comme la grève des femmes et des expressions de solidarité internationale à plusieurs combats de notre classe. Les femmes sont toujours en première ligne des attaques des gouvernements réactionnaires, comme en Iran ou en Afghanistan, et elles sont les premières dans certains pays à construire la contestation auxdits régimes. Les mobilisations pour le droit à l’IVG et contre les violences faites aux femmes, les marches des fiertés et pour les droits des LGBTI, sont un contrepoids progressiste à la vague réactionnaire internationale. La construction de cadres d’auto-organisation du mouvement féministe et l’intervention des révolutionnaires pour construire un féminisme socialiste révolutionnaire international, comme l’exemple du collectif féministe « Las Rojas », sont fondamentales dans ce sens-là.
Bien que la dernière conjoncture ait été marquée par les éléments réactionnaires de la guerre impérialiste, dans les dernières années nous avons également observé de nombreuses révoltes populaires aux quatre coins du monde qui pourraient réapparaître sur la scène politique internationale. En effet, dans de nombreux pays à l’international, nous remarquons un déplacement des affaires politiques des institutions vers la confrontation directe dans la rue. Ces révoltes contre les conditions de vie féroces du capitalisme, qui pour l’instant arrivent même à remettre en cause des régimes, ne parviennent pas à déclencher des processus révolutionnaires. Nous pouvons faire la liste des pays ayant vécu des processus de révolte généralisée lors des dernières années : l’Équateur, le Chili, la Colombie, le Pérou en Amérique latine ; l’Algérie, Hong Kong et le Sri Lanka, entre autres. Nous pouvons y ajouter les puissantes mobilisations en France ou encore le Black Lives Matter contre le racisme d’État et les violences policières aux États-Unis.
Lors de ces révoltes, la jeunesse se politise, intervient et y joue un rôle central, comme au Chili, ou des lycéen.nes ont déclenché un processus de mobilisation nationale historique. En Argentine, près d’une centaine d’universités ont été occupées pendant les derniers mois dans un mouvement historique de lutte pour la défense de l’éducation publique contre les attaques de Milei. Le rôle des camarades du collectif étudiant « Ya Basta ! » a été décisif pour mettre en place un mouvement national de lutte contre le gouvernement d’extrême droite.
Nous sommes pour que ces révoltes arrivent jusqu’au bout de leur processus de confrontation avec le système capitaliste. Dans ce monde de polarisation politique, la politisation et la radicalisation de la jeunesse et de la classe ouvrière peuvent ouvrir la voie à de nouvelles situations prérévolutionnaires. Nous assistons à un recommencement historique de l’expérience des exploité.es et des opprimé.es. Construire un parti révolutionnaire est indispensable pour pouvoir transformer les révoltes en véritables révolutions sociales : un parti implanté dans la classe ouvrière et la jeunesse qui permette à la population révoltée de penser à des perspectives d’ensemble. Les phénomènes internationaux de mobilisations et de luttes qui dépassent les limites de frontières mettent également sur la table la nécessité urgente de la construction d’une internationale révolutionnaire.
2) Situation nationale : La crise politique, la droitisation du gouvernement Macron et la polarisation de la lutte des classes en France
i) Une crise politique, économique et démocratique profonde en France
En France, la séquence ouverte par la mobilisation contre la loi travail en 2016 et ensuite principalement par le mouvement des Gilets Jaunes et les grèves des retraites (pour ne citer que les principaux mouvements sociaux) a produit une continuité de la lutte des classes et de mobilisations sociales. Les attaques patronales sous la forme de contre-réformes de travail et des retraites, les mesures réactionnaires, sécuritaires et anti-démocratiques des gouvernements ont provoqué des réactions dans la société et des mobilisations importantes des travailleur.euses et de la jeunesse.
Dans ce sens, le gouvernement Macron, qui n’était « ni de droite, ni de gauche » en 2017, assume aujourd’hui un profil réactionnaire en alliance avec la droite et l’extrême droite. La droitisation de Macron, la polarisation dans la lutte des classes, la montée électorale de l’extrême droite, dans un contexte de crise économique et de guerres à l’international, et la crise des partis traditionnels sont autant d’éléments qui expliquent la crise politique actuelle. Il s’agit d’une crise politique du régime avec des problèmes démocratiques profonds qui sont posés, dans laquelle la tendance vers le déséquilibre s’accentue. Cette situation pourrait entraîner de nouvelles confrontations sociales d’ampleur. Dans ce sens, la gauche institutionnelle et les directions syndicales jouent au cirque parlementaire et au dialogue social, sans proposer de réelles perspectives de lutte pour les travailleur.euses et les classes populaires.
Nous pouvons dire que la crise actuelle est la combinaison d’une crise multiple qui touche à la fois des aspects économiques, politiques et démocratiques. Sur le plan économique, il est clair que nous vivons depuis des années une politique patronale offensive contre les conditions de vie des travailleur.euses pour assurer toujours plus de profits pour les capitalistes. Les vagues des licenciements, les fermetures d’usines, l’inflation montante, la perte du pouvoir d’achat et les impacts de la crise économique internationale (crise de 2008, pandémie, guerre en Ukraine, etc.) dégradent les conditions de vies de travailleurs et des travailleuses. De plus, nous assistons à des années de contre-réformes de travail et des retraites, au retrait des concessions et des acquis sociaux, aux privatisations d’entreprises publiques, à la casse du système public de santé et d’éducation.
Sur le plan politique, après le quinquennat de François Hollande, le système bipartiste officieux PS-LR effondré a laissé place à « l’extrême centre, ni de gauche, ni de droite » de Macron, chargé de reprendre en main les affaires de la bourgeoisie face à une instabilité prochaine de polarisation entre une extrême droite montante et les néo-réformistes. L’effondrement du PS après le 49.3 d’Hollande et la mobilisation contre la loi travail a ouvert une séquence de crise politique de représentativité encore ouverte aujourd’hui. Les deux partis qui représentaient auparavant la stabilité du bipartisme, de la cohabitation et de l’alternance bourgeoise n’ont pas été présents ni au second tour des présidentielles 2017, ni au second tour des présidentielles 2022. Dans ce sens, si le « président des riches » a réussi à se faire réélire, ce n’est pas par la confiance des masses dans son programme, mais par la tactique électorale de « faire barrage à l’extrême droite », une orientation qui est devenue structurante de la vie politique en France dans la dernière période.
ii) La crise du régime politique de la Ve République et les revendications démocratiques des révolutionnaires
La profondeur des éléments de la crise en France impacte la perception que la population a du régime et ouvrent des questionnements à l’ensemble du régime. La crise du régime s’exprime dans l’incapacité du pouvoir à faire la médiation entre les classes et à devoir avoir recours de plus en plus à l’autoritarisme, comme l’usage systématique du 49.3 et de la répression policière et judiciaire contre toute forme de contestation sociale pour s’imposer. Les taux d’abstention records et la crise de partis traditionnels font partie de ce phénomène.
La crise du régime français s’exprime aussi par les grands mouvements de soulèvement dans les régions colonisées comme la Martinique et son mouvement contre la vie chère et la revendication nationale kanake. Dans les outre-mer, la colère contre le colonialisme français s’est intensifiée et la seule réponse de l’État est la répression. La déportation des militant.es kanaks en métropole a démontré très concrètement ce qu’est la violence coloniale française. Les soulèvements de Kanaky contre le dégel du corps électoral, entre autres, et les révoltes contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe ont attiré l’attention sur les territoires de seconde zone de l’État français et témoignent du besoin de notre classe et de notre parti d’avoir des réponses politiques pour des mouvements de résistance au régime.
La Ve République n’est pas une république parlementaire, mais une république présidentielle. Dans l’État bourgeois, le pouvoir n’appartient pas aux politicien.nes, iels ne sont que des exécutant.es de la bourgeoisie. La lutte contre la Ve République est indispensable dans la période actuelle pour organiser notre classe à l’heure où les masses sont en train elles-mêmes de la questionner. C’est pour cela que nous avons retenu la nécessité de proposer « Macron démission » comme mot d’ordre lors des moments les plus forts de la lutte contre la réforme de retraites. Il est nécessaire de faire tomber cette République par la force de la mobilisation et de la grève. Nous devons porter ces revendications démocratiques et s’en servir pour élever la conscience de notre classe, mener la lutte pour la démocratie, prouver que seules les méthodes des révolutionnaires sont les bonnes pour défendre les intérêts de la classe ouvrière.
En France, le problème démocratique est profond. Nous ne pouvons pas écrire que la démocratie bourgeoise se porte bien et que les électeur.ices ont voté majoritairement à droite aux dernières élections. Cela équivaut à légitimer l’autorité du gouvernement. Les deux grands mouvements sociaux récents, les Gilets Jaunes et la lutte contre la réforme des retraites partaient de revendications démocratiques des masses, avec le mot d’ordre « Macron démission », qui était au cœur des manifestations.
Après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement Barnier, la question a été aussi reprise par l’appel des organisations de jeunesse. Un appel, de façon combative, dénonçait correctement le « coup de force antidémocratique » et exigeait la « démission de Barnier et Macron ». Appuyer la revendication contre le gouvernement est un élément central d’une politique révolutionnaire pour la période, de la possibilité de proposer une alternative aux gouvernements de riches et de la classe dominante. Dans ce sens, proposer une « assemblée constituante souveraine » construite par en bas nous semble être une orientation à développer et à imposer en contradiction face au projet de la VIe République bourgeoise.
Il faut s’organiser pour défendre et gagner des droits démocratiques qui renforcent la lutte de notre classe face à la bourgeoisie et qui donneront aux révolutionnaires plus de terrain pour leur lutte. Nous considérons que la montée internationale de l’extrême droite dans la période actuelle (Trump, Bolsonaro, Milei, etc.) inscrit à l’ordre du jour des revendications démocratiques, y compris dans les pays européens, parce que cette extrême droite remet en question les libertés démocratiques et cherche à avancer sur des régimes d’exception ou des mécanismes de gouvernement plus autoritaires.
iii) La droitisation du gouvernement Macron et la montée de l’extrême droite
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le gouvernement Macron a progressivement vécu un processus de droitisation avec tout un programme d’attaques capitalistes, autoritaires et réactionnaires contre les travailleur.euses et les classes populaires. La casse des services publics, l’ouverture à la concurrence des transports, la suppression de l’impôt aux grandes fortunes, la gestion capitaliste de la pandémie, l’antipopulaire réforme des retraites, les licenciements et suppression de postes ou encore les coupes budgétaires font partie du plan d’attaques de la Macronie. Macron a été responsable d’une répression brutale à la mobilisation sociale, avec une violence policière qui a connu un cap lors des manifestations des Gilets Jaunes et qui se sont poursuivis notamment contre le mouvement de solidarité avec la Palestine. L’autoritarisme du gouvernement s’est vu également dans sa tendance à gouverner à coups de 49.3, avec une politique droitière qui a encouragé la montée électorale de l’extrême droite, qui progresse en France depuis le début du XXIe siècle.
Le déclenchement du massacre en Palestine après le 7 octobre par l’armée israélienne a relancé les tensions politiques en France, avec d’une part les tergiversations de la FI et d’autre part les procès en antisémitismes lancé du PS au RN, et surtout porté par la majorité présidentielle, contre toutes celleux qui ont exprimé de la solidarité avec le peuple palestinien. Macron s’est ensuite illustré par sa servilité auprès de Netanyahou, allant jusqu’à assister au match France-Israël alors que quelques jours auparavant, l’armée israélienne avait emmené en garde à vue des policiers français. Macron a prétendu ne pas livrer d’armes à Israël alors que c’est faux, des pièces sont fournies par la France pour la production d’armes israéliennes. Le gouvernement français s’enferme dans une logique qui l’entraîne toujours plus profondément dans les thèses de l’extrême droite.
Macron a bénéficié du vote républicain pour faire barrage à Le Pen en 2022, mais il a largement trahi ce mandat démocratique en appliquant déjà dans son gouvernement une bonne partie du programme de l’extrême droite. La loi asile et immigration, que représentait pour Le Pen « une victoire idéologique » du Rassemblement National est l’exemple de la coopération de Macron et Le Pen sur le terrain des idées racistes et d’attaques contre les migrants.
L’extrême droite de Marine Le Pen s’inscrit dans la vague réactionnaire internationale, en reprenant des idées anti-globalisation, anti-migrant.es, anti-Europe, et la défense des intérêts capitalistes et nationaux. Le racisme, la xénophobie et l’islamophobe du RN s’accompagnent par son soutien à Israël et à sa politique génocidaire. Cette complicité de Macron et Le Pen s’est exprimée à nouveau lors des mobilisations « dites contre l’antisémitisme », qui n’étaient que des manifestations réactionnaires en soutien au sionisme.
La victoire électorale de Bardella aux élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale par Macron ont mis une forte pression électorale vers l’extrême droite qui se place comme la principale alternative au gouvernement de Macron, même si elle n’a pas réussi à remporter les élections législatives et à nommer un Premier ministre de sa famille politique.
Dans ce sens, le choix de Macron de nommer Michel Barnier Premier ministre, un homme politique issu du plus petit groupe à l’Assemblée nationale, un vieil homme politique des Républicains, confirme une orientation réactionnaire qui ne déplaît pas à l’extrême droite. Il s’agit d’un homophobe rétrograde de la « Manif pour tous », qui portait déjà depuis des années le programme de l’extrême droite. Les attaques contre les migrant.es, les coupes budgétaires et les vagues des licenciements qui s’annoncent sont un plan de gouvernement contre lequel il va falloir se battre dans la prochaine séquence de la lutte des classes.
Bien que le gouvernement Macron-Barnier, avec la complicité de l’extrême droite, constitue à l’heure actuelle un pôle réactionnaire dominant, il n’a pas encore réussi à imposer une défaite historique à la classe ouvrière en France, qui continue à montrer sa combativité lors de chaque mobilisation sociale.
iv) Le Nouveau Front Populaire et l’impasse institutionnelle de la gauche politique et syndicale
Les partis de la gauche réformiste ont mis toutes leurs forces durant ces derniers mois sur une stratégie purement électorale et respectueuse des institutions. Le Nouveau Front Populaire, un front de conciliation des classes de Poutou à Hollande, a commencé par rétablir la bonne santé du Parti Socialiste et par ressusciter de vieux politicien.nes serviteur.euses du capital. Pour le deuxième tour des élections législatives, iels se sont donné comme perspective politique la tactique du désistement pour faire élire Elisabeth Borne, Gérald Darmanin et d’autres député.es macronistes, sous prétexte de combattre l’extrême droite. Après les élections, nous avons dû attendre de longues semaines pour voir émerger un faible projet de cohabitation avec Macron, incarné par Lucie Castets, une énarque plus proche du PS et des patrons que des aspirations des travailleur.euses.
La stratégie du front républicain et du barrage électoral à l’extrême droite n’a pas porté ses fruits, parce qu’elle se jouait uniquement sur le terrain institutionnel sans sortir d’un régime qui limite toutes les possibilités démocratiques et parce qu’elle a permis de rétablir les partis de gouvernement en alliance avec l’extrême droite. Après cet échec, ces mêmes politiciens réformistes ont commencé à se proclamer comme l’alternative pour 2027, ou à avoir recours à des mécanismes institutionnels, comme si on pouvait faire démissionner Macron uniquement par la voie institutionnelle.
Bien que Mélenchon et compagnie prétendent incarner un front populaire de résistance au gouvernement et à l’extrême droite, la réalité est que leur orientation purement électorale est incapable d’organiser les travailleur.euses pour constituer un pôle de résistance. Au lieu de représenter au niveau électoral les mobilisations sociales intenses des dernières années, le NFP enferme les révoltes de notre classe sociale dans les salons parlementaires et ne prépare que des défaites. Dans ce sens, l’adaptation du NPA-L’Anticapitaliste à cette formation électorale est une orientation liquidationniste de capitulation politique.
Dans ce sens, le rôle des directions syndicales est très loin d’être à la hauteur de la situation. Durant la séquence électorale, les syndicats se sont contentés d’appeler à bien voter pour le NFP en sonnant l’alarme du fascisme sans appeler à aucune journée de grève ni de mobilisation nationale. Depuis la rentrée, les directions syndicales ont appelé à une seule journée isolée de mobilisation sans lendemain, qui désarme les perspectives des travailleur.euses pour lutter contre le gouvernement Macron-Barnier.
L’une des dernières mobilisations nationales d’ampleur a été la lutte contre la contre-réforme des retraites. Le refus de l’intersyndicale à appeler à une grève reconductible, et un débordement insuffisant de ce cadre, a permis à Macron d’adopter sa réforme. Les directions syndicales ont tout fait pour épargner le président Macron alors que son mandat était menacé. Elles ont dévié la colère des travailleuses et travailleurs vers une stratégie perdante : dialogue, référendum, motion de censure, lettre aux députés, rencontre avec Mme Borne, ces « tactiques » institutionnelles ont mené le mouvement à une impasse. Les temps morts marqués de l’intersyndicale en attente de la réponse des institutions ont fait perdre en puissance le mouvement.
L’incapacité de l’Intersyndicale à formuler une politique gagnante a mis en lumière la nécessité de l’auto-organisation des grévistes à la base, pour mettre en place une politique alternative pour remporter les revendications. Des tentatives ont été faites, notamment par la Coordination Nationale Étudiante, impulsée entre autres par le NPA Jeunes. Cette coordination des étudiants en lutte au niveau national, qui a pu coordonner des journées suivies de mobilisation dans la jeunesse, quand l’Intersyndicale ne proposait rien au mouvement. C’est également le cas des Assemblées interprofessionnelles et des grévistes qui se sont mis en grève reconductible, comme les éboueur.euses ou les raffineur.euses.
La mobilisation contre la réforme des retraites a aussi révélé le caractère répressif, autoritaire et injuste de l’ensemble de la politique capitaliste de Macron. C’est pour cela que la rue a crié « Macron démission » durant des semaines, ce qui a remis en cause la légitimité du pouvoir politique et de son régime. Lors de l’allocution de Macron du 17 avril 2023, des centaines de casserolades ont été organisées pour ne plus entendre le président. Ces éléments ont soulevé une crise politique qui reste encore ouverte, avec un fort questionnement démocratique sur la légitimité du gouvernement.
Le NPA-R n’a pas soutenu le mot d’ordre « Macron démission ». Ce slogan était pourtant important à défendre. L’argument qui nous a été opposé était que si le mouvement parvenait à la démission de Macron, alors l’extrême droite l’emporterait. Mais les partisans de Le Pen et de Zemmour n’étaient pas dans la rue ! Si un mouvement social ancré à gauche dégage un président, cela change complètement le rapport de force et installe les travailleur.euses en lutte au centre du jeu politique. Bien entendu, notre objectif final est le renversement du capitalisme. Pour y parvenir, notre classe doit prendre confiance en ses luttes. Dégager un président, si la rue l’appelle de ses vœux, permet, entre autres combats, de gagner cette confiance.
v) La polarisation dans la lutte des classes et la nécessité d’un parti révolutionnaire
La dernière séquence de la lutte des classes en France nous montre qu’il existe une accumulation d’expériences de lutte contre le gouvernement Macron et le système capitaliste. Le contrepoids à l’avancée droitière de Macron et la montée électorale de l’extrême droite se trouve moins dans la perspective électorale du NFP que dans les mobilisations et les combats de notre classe. La veille du premier tour des élections législatives qui ont donné gagnant à Bardella, les rues parisiennes étaient remplies par des milliers de manifestant.es qui exprimaient leur soutien au peuple palestinien. De cette manière, même si la droite et l’extrême droite font progresser leurs positions au niveau électoral et gagnent des espaces notamment dans des petites villes et des campagnes, les rues des grandes villes résistent.
Les groupes qui sont les principales cibles de l’extrême droite s’organisent dans diverses luttes existantes. La lutte antiraciste du comité Adama, mais aussi de justice pour Nahel se bat contre le racisme en France. Ces bagarres contre le racisme et les violences policières sont absolument fondamentales. En France et ailleurs comme aux Etats-Unis, nous connaissons une politisation de la jeunesse autour de la lutte contre les violences policières, les politiques racistes ainsi que contre les attaques de l’extrême droite. La jeunesse est révoltée par le racisme des gouvernements Borne puis Barnier, comme en témoignent les mobilisations à l’appel du comité Adama et les manifestations qui ont suivi l’assassinat de Nahel dans les quartiers populaires. Notre organisation doit affirmer un profil antiraciste clair, en se donnant une politique pour intégrer les luttes contre le racisme dans nos axes d’intervention.
Les luttes écologistes comme celle des Soulèvements de la Terre affrontent les négationnistes du changement climatique et contre ceux qui laissent les capitalistes détruire la planète pour faire toujours plus de profits. Très récemment, la tragédie de Valence nous a montré que les questions écologiques rattrapent notre classe, qu’elle s’y intéresse ou non. Nous pensons qu’une organisation de la société gérée par les travailleur.euses elleux-mêmes seul.es peut permettre d’enrayer la crise climatique. Pour être intelligible sur le sujet, il est important que le parti élabore un positionnement sur l’écologie qui permette de raccrocher les wagons entre nos objectifs finaux, les mesures transitoires et les revendications immédiates.
La lutte contre les violences sexuelles, transphobes et lgbtiphobes est elle aussi toujours d’actualité. Les femmes et personnes LGBTI reçoivent des attaques récurrentes. Cette réalité est accentuée par les discours conservateurs, de l’extrême droite et de Macron avec son discours de « réarmement démographique ». Nous constatons que la jeunesse féministe déborde de colère, mais manque d’alternatives vers lesquelles se tourner.
Ciblés par les attaques et des réformes de plus en plus réactionnaires comme la Loi Immigration, également il y a une urgence criante de soutenir les actions des collectifs migrants sans papiers autant dans les structures syndicales, étudiantes ou associatives et de proposer des interventions voire de mots d’ordre qui permettent de lier leurs revendications de régularisation à la bataille pour l’abolition de frontières et contre l’Etat impérialiste français.
Il nous faut rejoindre inconditionnellement le soutien à la lutte du peuple palestinien qui se bat d’abord contre l’interdiction de manifester ainsi que les calomnies accusant d’antisémitisme, pour un cessez-le-feu immédiat et pour exiger la liberté de Georges Ibrahim Abdallah.
Les attaques du patronat avec les 150 000 emplois qui pourraient être supprimés dans la séquence qui vient vont donner lieu à des résistances de notre classe. Déjà, les travailleur.euses de MA France ont traversé 5 mois de grèves. Les fermetures à venir d’usines comme Stellantis à Poissy probablement avant 2028 (2500 ouvrier.e.s), de Michelin à Cholet et Vannes ou encore le plan social chez Auchan vont amener à une confrontation très directe avec la bourgeoisie. En ce qui concerne le fret SNCF, tous les syndicats appellent à une grève illimitée à partir du 11 décembre contre le démantèlement de la filiale. Les grèves et les mobilisations des travailleur.euses contre les attaques patronales se poursuivent. Il est à nous, les révolutionnaires, de lutter pour pousser à l’auto-organisation, au dépassement de la bureaucratie syndicale et à l’unité des travailleur.euses en lutte pour l’obtention de leurs revendications.
Les luttes existantes et mentionnées sont remplies d’activistes et de militant.es (jeunes, mais pas que) qui représentent un terrain fertile pour la construction de la perspective révolutionnaire. Ces luttes tendent des ponts aussi à l’international, avec d’énormes potentialités de politisation, de coordination et de regroupement. La nécessité d’intervenir dans ces combats pour leur proposer des initiatives d’ensemble et un parti ouvert aux luttes devient indispensable pour la construction de la révolution dans le XXIe siècle. Une expression politique révolutionnaire doit être capable de regrouper, de dialoguer avec ces mouvements existants pour leur donner une perspective d’ensemble à la colère contre le système et d’élaborer des consignes transitionnelles, avec une perspective de construction dans l’avant-garde révolutionnaire des mouvements de contestation sociale. Cela nous amène au débat sur les perspectives de construction pour notre parti et sur le bilan critique de l’expérience de notre propre organisation, fondamental dans le cadre d’un congrès de refondation.
3) Parti : Pour le dépassement critique de l’expérience du NPA
i) La scission du NPA et la capitulation du NPA-L’Anticapitaliste
La nouvelle étape de la lutte des classes met sur la table la nécessité de repenser la stratégie des révolutionnaires pour intervenir dans la situation telle qu’elle est dans la période actuelle. Cette étape nous prépare à d’importantes confrontations et à de grandes opportunités d’intervention et de construction pour relancer la perspective du projet révolutionnaire.
Dans ce contexte, la scission du NPA constitue un événement majeur pour la gauche révolutionnaire en France. Il s’agit évidemment d’un recul, d’une issue négative des problèmes politiques que nous avons toutes et tous combattue pendant des années. Pour notre part, nous nous sommes positionné.es « Contre l’implosion du NPA » en 2020, ainsi que pour l’unité des courants de la gauche du parti pour éviter la dérive liquidationniste, en soutenant la Pf5 lors de la Conférence de 2021 et la PfC lors du congrès de 2022.
Nous pouvons dire que les débats qui traversaient notre organisation, entre le courant majoritaire historique (issu de l’ancienne direction de la LCR et du SU-QI) et les tendances de la gauche du NPA ont trouvé une résolution dans la scission de 2022 autour des discussions sur nos liens avec La France Insoumise et la NUPES. Finalement, en 2024, la séparation a eu lieu définitivement (y compris au niveau légal) avec l’intégration du NPA-L’Anticapitaliste au Nouveau Front Populaire et la présentation du NPA-Révolutionnaires aux élections européennes et législatives d’une façon indépendante.
L’adaptation de nos anciens camarades à la politique du NFP de « Poutou à Hollande » n’est pas un événement anodin, mais la confirmation d’une orientation opportuniste d’adaptation aux institutions sous prétexte du combat contre l’extrême droite. C’est une dérive qui avait commencé lors des présentations électorales avec la France Insoumise en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine. Il s’agit d’une dérive qui a impliqué l’abandon de la perspective de l’indépendance de classe, en alliance avec des partis bourgeois capitalistes.
Cette orientation s’inscrit dans la logique de la politique internationale du Secrétariat Unifiée. C’est une orientation désastreuse qui a conduit des sections entières de ce courant international à la liquidation politique. Nous pouvons citer les exemples connus de soutien à Syriza en Grèce et à Podemos en Espagne, ou plus récemment l’adaptation de toutes les sections brésiliennes du SU, qui intègrent le PSOL au Brésil. Cette organisation, qui représentait auparavant une espace de la gauche anticapitaliste indépendante, avec la figure de Guilherme Boulous, a suivi la même logique d’adaptation électorale, en participant à l’alliance de gouvernement Lula-Alckmin sous prétexte de combattre l’extrême droite de Bolsonaro.
Depuis des années les camarades de la majorité du SU sont dans une dérive défaitiste qui les a fait théoriser la nécessité de se rallier derrière la gauche réformiste et de justifier leur opportunisme actuel. Ils arrivent à justifier une caractérisation de défaite historique après la chute du mur de Berlin qui impliquerait une longue période de recul de notre camp social dans lequel aucune révolution n’est possible. Il s’agirait d’une espèce de nouvelle période « de crises et de guerres », mais sans révolution. C’est pour cela que nos anciens camarades proposent d’aller vers des formations larges ou des fronts populaires, sans indépendance de classe. Cette orientation politique les a conduits à la liquidation politique et à la scission de l’ancien NPA, en rompant avec la tradition révolutionnaire du NPA et de la Ligue Communiste Révolutionnaire.
Cette discussion est fondamentale pour nous aujourd’hui, parce que l’adaptation de nos anciens porte-paroles aux jeux institutionnels n’est pas seulement une erreur de parcours conjoncturel, mais une dérive qui étaient d’une certaine façon déjà présente au moment de la création du NPA en 2009. Dans ce sens, la dissolution de la Ligue Communiste Révolutionnaire pour laisser la place à la construction du Nouveau Parti Anticapitaliste, entraînait ces définitions erronées et défaitistes dans la caractérisation d’une étape internationale de la lutte des classes, avec les conséquences politiques et organisationnelles qui vont avec. La conception de parti anticapitaliste large non militant et sans délimitation des réformistes selon les prémices de 2009 a clairement échoué, parce qu’elle ne nous prépare pas pour les confrontations et les déséquilibres de la nouvelle étape.
La scission du NPA et la capitulation du NPA-L’Anticapitaliste au NFP marquent également l’abandon de l’indépendance de classe du courant dit « mandeliste », le principal courant d’extrême gauche en France après 68. C’est un recul que nous regrettons. Tirer le bilan complet, collectif et critique de cette expérience est fondamental pour pouvoir poser les bases pour relancer une perspective révolutionnaire en France.
ii) Problèmes et défis du NPA-Révolutionnaires
Les militant.es qui composent le NPA-Révolutionnaires ont fait le choix de continuer le NPA, comme politique défensive pour éviter la scission, sauver l’indépendance politique de notre organisation et affirmer la nécessité de la construction d’un parti militant révolutionnaire indépendant. Deux ans après la scission et au moment de notre premier congrès, il est nécessaire d’évaluer les problèmes et les défis qui se présentent à notre organisation.
Il y a beaucoup de choses que nous pouvons revendiquer de notre « ancienne » organisation. En effet, « l’ancien NPA » était un parti qui comptait des milliers de militant.es, qui regroupaient des militant.es anticapitalistes et révolutionnaires issus de traditions différentes, cette organisation était le principal parti d’extrême gauche en France et qui constituait une espace de référence au niveau national. Le NPA était une organisation qui avait des liens avec toutes les organisations, syndicats, collectifs, partis et associations, ainsi que de porte-paroles reconnus au niveau national. Sur le plan organisationnel, notre ancienne organisation n’a pas trouvé d’empêchement pour se tourner vers les espaces de coordination de luttes avec les mouvements féministes, écologiques ou internationaux. Elle n’a pas nié ou caché les débats internes en permettant de les présenter même avec des positionnements contradictoires et en respectant de même les droits de représentation des minorités. Il s’agit d’éléments que nous considérons à préserver dans nos futures pratiques militantes.
Le NPA-Révolutionnaires démarre avec les difficultés objectives d’une nouvelle organisation qui commence à se constituer en tant que telle. Bien que le parti soit plus petit, son caractère militant, sa composition jeune et sa clarté par rapport à son indépendance de classe sont des points d’appui positifs. Cependant, le parti a un problème à surmonter dans son attachement au nom du NPA, qui reste associé dans une large échelle aux anciens porte-paroles de Poutou et Besancenot, totalement intégrés au NFP. Notre absence de porte-paroles reconnus au niveau national est une difficulté pour rendre audible notre politique et nous devons nous donner comme tâche la nécessité de construire des porte-paroles qui soient représentatifs de notre classe. Dans ce sens, la participation électorale est indispensable.
Il nous semble que notre parti a aujourd’hui d’autres difficultés qui sont liées à des problèmes d’orientation. Nous ne pouvons pas écrire toutes les semaines sur la nécessité de détruire le capitalisme sans décliner la façon dont nous pensons que notre classe peut y parvenir. Il y a une difficulté réelle à formuler des consignes et des revendications transitionnelles pour lier nos revendications immédiates aux buts ultimes. Il nous faut une orientation qui soit utile pour nous donner de vraies perspectives politiques qui ne soient pas uniquement la répétition des slogans. Il nous faut dialoguer avec le niveau de conscience réel et existant de notre classe, dans sa composition et sa fragmentation actuelle. Le manque d’élaboration politique, de réflexion théorique et la simplification de positions politiques à des formulations de propagande ou de dénonciation générale désarme le parti dans sa capacité à intervenir dans des mouvements réels de lutte dans le but de changer la réalité.
iii) La « fusion inédite » de deux tendances majoritaires et le danger de devenir une petite version de Lutte Ouvrière
Nous allons aborder sans aucun tabou ce que nous considérons être les principaux problèmes politiques de notre parti, en premier lieu, celui de la « fusion ». Les camarades de la direction de la majorité proclament avec fierté leur « fusion inédite ». En effet, les camarades nous proposent que leur fusion constitue un fait inédit dans l’Histoire. Les camarades devraient réviser l’histoire du mouvement révolutionnaire pour voir à quel point cette affirmation est ridicule. Que deux groupes provenant de trajectoires différentes se retrouvent dans un bout de processus commun c’est quelque chose qui existe tout le temps partout et depuis toujours. De plus, que deux groupes du NPA fassent un bloc de direction et constituent une plateforme commune pour un congrès est quelque chose qui s’est passé dans de nombreuses opportunités dans l’histoire de notre organisation. L’unité entre l’Étincelle et A&R ne constitue aucun événement historique pour l’histoire de la classe ouvrière. Ce qui est historique en tout cas est la rupture définitive du NPA et la capitulation du courant historique provenant de la LCR. Tirer les leçons de cette expérience est vital pour pouvoir relancer une perspective révolutionnaire en France.
Cependant, les camarades de la majorité prétendent fusionner sur la base d’un accord organisationnel, en mettant dans un pot commun ce qu’ils font ensemble et ce qu’ils font d’une façon séparée. Sur ce point la situation est quand même un peu inédite, parce que nous ne retrouvons pas d’autres cas de fusions opérées sur la base d’unification des instances organisationnelles sans aucun accord sur le programme et la stratégie. Des accords d’appareil existent, notamment pour la création de fronts électoraux, mais fusionner deux courants politiques de cette façon entraîne une certaine originalité de méthode. Par ailleurs, nous avons du mal à voir comment les camarades pourraient exporter au plan international cette dérive organisationnelle, en proposant le regroupement international sans bases politiques aux autres courants internationaux du mouvement trotskyste.
D’autre part, la fusion de la majorité par en haut opère dans le plan interne comme un blocage aux débats par en bas. De ce point de vue, la fermeture de l’accord de direction aux deux courants majoritaires laisse de côté la possibilité d’intégrer politiquement les autres sensibilités qui existent dans notre organisation. Dans ce sens, nous sommes particulièrement étonné.es par le fractionnalisme et l’hostilité croissante de la direction de la majorité envers notre sensibilité politique, certes minoritaire en France, mais avec un développement international, une trajectoire politique et une élaboration théorique qui dépasse largement celle des autres courants du NPA-R. Ce mépris envers les expériences internationales et les élaborations théoriques est surprenant, alors que les camarades pourraient en profiter pour se nourrir de ces expériences au moment de faire face à la multiplicité de problèmes politiques qu’implique la direction d’une organisation révolutionnaire en France. Notre exclusion des instances exécutives du parti et de son secteur jeunes est symptomatique de ce mépris et de cette fermeture. Il s’agit d’une décision d’autant plus surprenante que notre courant a toujours milité pour l’unité de nos courants respectifs. Nous rappelons que nous avons dû batailler pendant les mois précédant le congrès de 2022 pour que les camarades de l’Étincelle acceptent de faire une plateforme commune avec les camarades d’A&R, y compris en signant une tribune commune avec les camarades de ce courant et de nombreux camarades sans tendances. Nous rappelons également la définition que nous avons déjà exprimée clairement lors de la dernière CNJ : la fusion est une fête à laquelle nous n’avons jamais été invité.es.
Passons alors au deuxième problème principal de notre organisation, le danger de devenir une petite version de Lutte Ouvrière. Des camarades d’autres courants ont déjà parlé de la « lutte-ouvriérisation » du NPA-R ou encore de son « étincellisation ». Au-delà des injustes étiquettes que nous ne voulons pas reproduire, ce qui nous intéresse est de signaler le problème politique de ce phénomène.
La faillite politique et la dérive opportuniste des camarades qui composaient l’ancienne majorité du NPA avant le 5eme congrès ne veut pas dire que, par opposition mécanique et simpliste, il nous faut « faire comme LO ». Certes, les camarades de Lutte Ouvrière ont le mérite de constituer la principale force politique révolutionnaire en France, de compter avec une capacité organisationnelle au niveau national non négligeable et d’avoir réussi à incarner une option d’indépendance de classe au niveau électoral lors de la dernière séquence des européennes et législatives. Nous étions par ailleurs favorables à un front électoral entre nos deux organisations, que malheureusement Lutte Ouvrière a refusé.
Cependant, Lutte Ouvrière est une organisation qui se caractérise par des pratiques routinières et dogmatiques sans réfléchir aux changements dynamiques de la période et sans adapter ses positions et ses méthodes selon les besoins de la lutte politique. Cette indifférence de LO à la vie externe à son organisation ne se prouve pas adaptée à la période bouillante de polarisation internationale que nous venons de décrire. L’insensibilité de cette organisation face à la montée de l’extrême droite et le gaspillage d’une situation qui offrait l’opportunité de constituer un front électoral des révolutionnaires lors des législatives est symptomatique de cette problématique. Le débat ridicule qui a eu lieu aux RER entre nos deux organisations était une caricature du marxisme révolutionnaire qui ne pouvait que provoquer les rires des camarades présent.es sur place, sans rien apporter en termes des perspectives pour l’intervention des révolutionnaires dans la situation actuelle.
A cause des limites de son orientation politique et de son hypothèse stratégique attentiste-défaitiste, nous ne croyons pas que LO soit capable de diriger un front révolutionnaire autour d’elle pour donner des réponses politiques à la combativité de notre classe dans des périodes d’instabilité et de grandes confrontations. Pour ces raisons, nous refusons de voir le NPA-R devenir un satellite condamné à orbiter autour d’une nouvelle planète de référence, qui ne constitue aucun centre gravitationnel de l’avant-garde, de l’activisme et de mouvements de lutte contre le gouvernement et le système capitaliste.
iv) Un parti de combat avec une stratégie de lutte politique révolutionnaire globale
Nous sommes pour la construction d’un parti de combat, avec une stratégie de lutte politique révolutionnaire globale. Pour construire un parti, il faut commencer à se penser plus en tant que parti et moins en tant que fraction. Un parti implique un programme, des définitions stratégiques, des stades de constructions, l’appartenance à une Internationale, des questions encore sans réponse pour le NPA-Révolutionnaires. Nous devons répondre à tous ces besoins.
Nous sommes dans une nouvelle étape de la lutte des classes, dans un monde plus dangereux et polarisé, dans lequel il est fondamental de former de nouvelles générations de militant.es révolutionnaires par la lutte, pour les combats à venir. Nous voulons construire un parti de combat des travailleurs et des travailleuses avec une stratégie de lutte politique, pas seulement de propagande, mais capable de donner une perspective globale d’ensemble aux mouvements de contestation sociale de notre classe.
Nous voulons relancer la bataille pour le socialisme au XXIe siècle. Il nous faut pour cela repenser la théorie de la révolution et les bilans historiques des révolutions du passé. Il est indispensable de faire un bilan de l’expérience du stalinisme et de la bureaucratisation pour pouvoir repenser le projet communiste révolutionnaire d’aujourd’hui.
Ce premier congrès doit servir à poser ces questions fondamentales et apporter collectivement une refondation révolutionnaire du NPA-Révolutionnaires. Après la scission du NPA, la gauche révolutionnaire a besoin de se refonder en France ; ce congrès est l’occasion de poursuivre cet objectif. Pour transformer les révoltes sociales en véritables révolutions socialistes.
Textes des plateformes
- Plateforme 1 : Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! Construire le NPA-R comme outil pour un pôle des révolutionnaires
- Texte 1 – International
- Texte 2 – Situation intérieure : Crise des institutions politiques de la bourgeoisie, offensive du monde patronal, mobilisations sociales et politiques et intervention des révolutionnaires
- Texte 3 — Prendre appui sur ce que nous sommes déjà, pour construire le parti que nous voulons
- Plateforme 2
- Plateforme 3