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Dans l’enquête du Monde sur Macron, on apprend qu’il aurait dit : « Le problème des urgences, c’est que c’est rempli de Mamadou. » Mais il ne s’est pas arrêté là. Le journal affirme qu’il aurait également qualifié Matignon, quand Gabriel Attal était Premier ministre, de « cage aux folles », et traité Lucie Castets et Marine Tondelier de « cocottes ». Raciste, sexiste et homophobe ! Voilà qui caractérise bien le personnage… et la société bourgeoise qu’il défend.

Selon une enquête du journal Le Monde consacrée à Macron, celui-ci aurait déclaré, en présence de l’ex-ministre de la Santé Aurélien Rousseau :  « Le problème des urgences, c’est que c’est rempli de Mamadou. » Rousseau l’aurait mollement démenti. Face au scandale soulevé par ces propos racistes, l’Élysée a « fermement démenti »… Mais, en admettant même que Macron n’ait pas dit exactement cela, on ne prête qu’aux riches. Car, au-delà des mots, ce sont bien à la fois sa politique xénophobe et sa destruction de l’hôpital public qui sont en cause. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’il évoque les problèmes de l’hôpital en les mettant sur le dos des patients originaires de l’immigration et en profite pour flatter les préjugés racistes. Alors que les vrais responsables, ce sont ceux qui diminuent régulièrement le nombre de lits, ferment des services et entendent faire marcher les hôpitaux comme des entreprises capitalistes, en faisant passer le fric avant la santé.

Dans le cadre de sa politique visant à contrer les critiques et à donner une image résolument « moderne » de son pays, le prince héritier Mohammed ben Salmane avait autorisé la tenue d’un forum de l’ONU sur la gouvernance de l’Internet à Riyad. Au grand dam de la monarchie, la réunion s’est transformée en mise en accusation du régime. Une opposante, Lina al-Hathloul, qui vit en exil à Londres, a profité de l’occasion pour dénoncer par visioconférence les crimes du régime, les exécutions capitales, l’emprisonnement des opposants, les interdictions multiples faites aux femmes… Les organisateurs avaient ouvert le forum par une minute de silence en hommage aux personnes critiques du gouvernement saoudien « qui sont arbitrairement détenus » dans le pays et ailleurs au Moyen-Orient. Une chaise vide avait été placée à côté du modérateur, décorée d’un badge portant le nom de Mme Hathloul qui dirige une organisation de défense des droits humains. Une bouffée d’air frais dans l’atmosphère putride du royaume wahhabite.

Une marocaine de 50 ans faisait venir de son pays des compatriotes qui devaient débourser entre 5 000 et 10 000 euros pour travailler comme ouvriers dans les exploitations agricoles du sud-ouest. Elle sous-traitait ensuite cette main-d’œuvre à des agriculteurs locaux. Ces Marocains travaillaient « sans contrat de travail » pour la plupart, « faisaient beaucoup d’heures avec peu ou pas de jour de repos » et avec un salaire « très irrégulier », selon l’instruction. L’inspection du travail, citée par le président du tribunal d’Agen, souligne qu’ils étaient logés dans des conditions indignes, dormant sur des matelas « posés à même le sol sans draps avec une seule salle d’eau et un seul WC » au sous-sol sans chauffage d’un bâtiment « dégradé avec de l’humidité, de la moisissure ». La négrière a été condamnée à trois ans de prison et 50 000 euros d’amende avec sursis. Quand aux agriculteurs qui employaient ces travailleurs, ils n’ont pas été inquiétés. Comme l’a fait remarquer un avocat : « Les enjeux économiques locaux et la puissance de certains syndicats agricoles pourraient laisser à penser qu’il ne faut pas trop parler de ce type d’affaire. »

C’est Le Canard enchaîné qui a révélé l’information. Bernard Arnault, milliardaire et patron du groupe de luxe LVMH, est convoqué au tribunal des prud’hommes de Paris le 15 avril prochain. Pendant dix ans il a obligé un cuisinier, salarié chez Dior, une des sociétés de son groupe, à travailler en plus au noir pour lui et sa famille. Le travailleur en question aurait enchaîné près de cent heures de travail hebdomadaires pendant dix ans, le tout sans contrat de travail, ni bulletin de salaire. Il n’avait le droit qu’à un week-end libre par mois et seulement quelques semaines de congé par an, lorsque Bernard Arnault et ses proches partaient en vacances. Licencié au début de l’année, il réclame que son « travail dissimulé » soit reconnu par le conseil des prud’hommes et que lui soit remboursé l’intégralité de ses heures de travail non rémunérées, comme les nombreux jours de repos qu’il a dû abandonner. C’est sans doute du fait de sa morale de négrier et de la politique de sur-exploitation qu’il met en œuvre qu’Arnault a récemment été élu à l’Académie des sciences morales et politiques.

Des chercheurs de l’hôpital Robert-Debré à Paris, de l’Inserm, de l’université Paris-Cité et du département de pédiatrie de l’hôpital de Cayenne, en Guyane, viennent de publier une étude qui montre que le scorbut, maladie liée aux carences alimentaires, et qui avait pratiquement disparu à la fin du 19e siècle dans les pays développés, est de retour. Autrefois, cette maladie était courante chez les marins passant de longs mois en mer sans possibilité de consommer des fruits et des légumes frais. Aujourd’hui, elle touche principalement des enfants de milieu très pauvre. 888 enfants ont été hospitalisés pour cette raison durant les neuf dernières années, et le nombre de cas est en hausse de 35 % depuis mars 2020, marqué par les débuts de la pandémie de Covid-19 associée à une hausse des difficultés socio-économiques des familles aggravée par l’inflation. L’augmentation du nombre de cas de scorbut était plus prononcée chez les enfants âgés de 5 à 10 ans, avec une augmentation cumulée de 200,8 %. Pendant la même période, plus de 135 000 autres enfants étaient hospitalisés pour malnutrition sévère sans développer le scorbut. Parmi l’ensemble, 4 enfants hospitalisés pour scorbut et 1 059 enfants hospitalisés pour malnutrition sont morts. La réapparition de cette maladie de la pauvreté est révélatrice de la misère qui règne dans ce pays.

Les complémentaires santé devraient augmenter en moyenne leurs tarifs de 6 % l’an prochain, après des hausses de 34 % en 2022, 4,7 % en 2023 et de 8,1 % en 2024. Dans le détail, les contrats individuels souscrits notamment par les retraités, jeunes et professionnels indépendants grimperont de 5,3 %, les contrats collectifs obligatoires couvrant les salariés via leur entreprise de 7,3 %, et les contrats collectifs facultatifs de 6,8 %. Des montants que les mutuelles justifient par la montée des dépenses en santé et la politique de transfert de charges imposée par le gouvernement. Mais ces hausses sont sans commune mesure avec celles des salaires ou des retraites. Alors même qu’elles étranglent les assurés les mutuelles ont vu, ces dernières des années, leur dépenses de frais de gestion et de communication exploser. Il y a quelque chose de pourri au royaume mutualiste…