Depuis le premier janvier 2025, les tickets restaurant ne peuvent plus être utilisés que pour l’achat de nourriture prête à être consommée. La situation pourrait se rétablir dans les semaines qui viennent si le Sénat vote la prolongation de la dérogation qui permettait d’acheter tous les produits alimentaires1. À voir.
Pour une bonne partie des cinq millions de salariés qui bénéficient des « tickets restos », il n’était pas tellement question de les utiliser au restaurant. C’était une aide appréciée pour payer une partie des courses alimentaires : pâtes, riz, viande fraiche, œufs, huile… Voilà ces ingrédients désormais exclus, au contraire des « snacking » ou des « plats préparés », produits phares des industriels de la malbouffe. De quoi frapper de plein fouet des foyers populaires.
Car avec des salaires qui sont loin de suivre l’inflation, nombreux sont les travailleurs à voir dans les tickets restaurant une bouffée d’air. Et la ceinture n’est pas seulement serrée en fin de mois pour les plus modestes ! Selon l’Insee, la consommation alimentaire en volume baisse fortement depuis le début de l’inflation en 2022.
S’ajoutent la mesquinerie et pingrerie patronales : alors que 83 % des Français s’estiment mal payés et considèrent nécessaires des hausses de salaire face à la hausse du coût de la vie2, nombreuses sont les entreprises qui proposent une hausse de la valeur nominale des tickets restaurant lors des NAO (négociations annuelles obligatoires). Hausse de la « rémunération », mais pas du salaire qui permet au patron de bénéficier d’exonération des cotisations de sécurité sociale. D’autant que 40 à 50 % du montant des titres-restaurants sont à la charge des salariés !
Face à ce nouveau coup au portefeuille, ce sont bel et bien des augmentations générales des salaires qui restent à l’ordre du jour de cette nouvelle année 2025 : 400 euros par mois en plus, pas un revenu sous les 2000 euros net !
6 janvier 2025, Samir Ahmra et Norbert Moravcik
1 Dérogation votée en août 2022 pour « lutter contre l’inflation », dont la prolongation pour deux ans a été votée par l’Assemblée le 20 novembre 2024. Le vote au Sénat, qui a été suspendu par la chute du gouvernement Barnier, devrait avoir lieu le 15 janvier.
2 Selon une étude du syndicat Unsa en 2024