L’Europe est loin de l’image progressiste qu’elle entend se donner. En Pologne, malgré le changement de la majorité gouvernementale, les thérapies de conversion restent autorisées, tandis qu’en Hongrie, une loi assimilant homosexualité et pédophilie a été adoptée en 2021 par le régime d’extrême droite. Mais ces attaques réactionnaires ne sont pas de la responsabilité exclusive de l’extrême droite et des gouvernements qu’elle dirige.
En effet, en France, la transphobie fait le tour des plateaux télé. Bolloré et ses amis essayent de faire croire à l’existence d’un « lobby trans » coupable de terribles maux : destruction de la famille, endoctrinement des enfants par la « théorie du genre », perte des valeurs. Leur vieille soupe homophobe n’a rien de nouveau, elle est à l’image des slogans des opposants au Pacs qui vociféraient « Deux papas, deux mamans, bonjour les dégâts » dans les années 1990. Le genre n’est pas une théorie : c’est une norme qui pèse sur la société. Leur pseudo-famille traditionnelle est un fantasme de réactionnaires. La pauvreté, le chômage, les horaires décalés, les difficultés à prendre des congés, et tout le reste, font réellement du mal aux familles, à nos proches et à nos vies. Là-dessus la droite et l’extrême droite n’ont évidemment rien à dire, en bons chiens de garde du système capitaliste, ils se contentent d’aboyer sur celles et ceux qui en sont victimes. Mais même si ça les fait enrager, il est plus simple aujourd’hui qu’hier, pour une personne LGBTI+, de parler ouvertement de son orientation sexuelle ou de genre, que ça soit auprès de sa famille ou de son entourage1. Les combats féministes et LGBTI+ paient. On se lève, on les bouscule et c’est tant mieux.
Comme d’habitude le chantre du « barrage républicain » Macron se fait lui-même promoteur des discours d’extrême droite. Après le « réarmement démographique », il évoquait le 7 mai dernier dans le magazine Elle2, un « devoir de visite » pour les pères absents après séparation, dans la lignée d’un texte déposé par les Républicains cinq jours plus tôt. Il ajoute même qu’« un enfant heureux, c’est avec un papa et une maman » : Macron au secours de la manif pour tous ? En tout cas, peu de chances d’être heureux avec Macron président. Interrogeant près de 100 000 personnes issues des minorités sexuelles et de genre, l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) relevait il y a quelques jours que le harcèlement scolaire lié à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre est en augmentation en Europe3. En France, SOS Homophobie recensait plus de 2 300 cas de LGBTIphobies en 2023 tandis que l’Observatoire des inégalités constate l’augmentation des enregistrements des actes violents par la police4. Nous ne laisserons rien passer. Ce monde est à renverser, et notre fierté à toutes et tous par-delà les genres ou les sexes, c’est de lutter.
Uma Daunai
1 https://fra.europa.eu/en/publication/2024/lgbtiq-crossroads-progress-and-challenges
2 https://www.elle.fr/Societe/Interviews/Entretien-exclusif-Un-devoir-de-visite-pour-les-peres-Macron-ouvre-le-debat-4233075
3 https://fra.europa.eu/en/publication/2024/lgbtiq-crossroads-progress-and-challenges
4 https://inegalites.fr/nombre-crimes-delits-anti-LGBT