Nos vies valent plus que leurs profits

Transfert forcé des travailleurs du contrôle médical de l’Assurance maladie : une boucherie pour les agents et pour les assurés

« Il ne faut pas s’en faire, vous ne perdez pas votre emploi. » C’est la réponse de la direction de l’Assurance maladie au personnel inquiet du transfert à marche forcée des 7 500 salariés du service médical de la Sécu. Comme si bouleverser la vie des salariés, leurs conditions de travail et casser des équipes soudées n’avaient pas d’importance.

Le service médical de la Sécu s’occupait jusque-là du contrôle médical des prestations par rapport à leur légitimité médicale : affection longue durée, arrêts maladie, maladies professionnelles, accidents de travail. Il s’occupe aussi de la veille sanitaire, notamment des pratiques abusives des établissements et professionnels de santé. Le service médical avait été conçu comme indépendant des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) qui paient les prestations afin de garantir, au moins théoriquement, la neutralité des avis rendus.

À partir du 1er octobre, les médecins-conseils et le personnel administratif seront donc soumis aux desiderata des directeurs des CPAM dont le but est de réduire les coûts.

Ce transfert forcé des agents s’est fait de la pire des manières : manque d’informations, refus de réponse sur la garantie de maintien de l’emploi, les salariés ne savent même pas quelle activité ils feront dans trois mois !

Une angoisse énorme à laquelle la direction de l’Assurance maladie n’a répondu que par des formules toutes faites. Les salariés perdent leurs collègues, activités et collectifs de travail. Pour certaines et certains, ce sont trente ou quarante ans de leur vie.

La direction a conscience des conséquences. Les impacts sur la vie et l’état psychologique des agents sont tels que la médecine du travail et le cabinet d’expertise ont tiré la sonnette d’alarme. D’après les enquêtes sur les risques psychosociaux, le risque de suicide est aujourd’hui au même niveau que celui de France Télécom, dont le PDG avait été condamné pour harcèlement dans le cadre de la privatisation.

La mobilisation contre le projet a été forte en 2025 mais elle n’a pas permis le retrait. Thomas Fatôme – directeur général de l’Assurance maladie – est un proche de Macron et a bénéficié de l’appui total du gouvernement. Mais la messe n’est pas dite et nous ne les laisserons pas remettre en cause les garanties sociales des travailleurs en cassant la Sécu !

Correspondant