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Travail saisonnier, exploitation exacerbée !

Gouvernement et patrons s’inquiètent ! Ils n’arrivent plus à recruter de saisonniers et la situation se détériore chaque année depuis la crise Covid. Le nombre de saisonniers manquant est estimé à 75 000 cet été. Parce que les jeunes « ne veulent plus travailler » comme l’affirme ce restaurateur de l’Hérault dans une interview à 20 minutes1 ? Ou parce que les jeunes, à raison, refusent de travailler sans un salaire et des conditions de travail décents ?

Le travail saisonnier : entre travail intensif et bas salaires

L’hôtellerie-restauration connaît le plus fort taux de démission de tous les secteurs d’activité2. En cause, les heures supplémentaires non payées, les semaines de 50 heures, les coupures non rémunérées, les congés refusés, le rythme intensif du travail en plein soleil, les abus légaux… Les raisons de manquent pas ! Cela est particulièrement critique l’été, où se joue, notamment dans les stations balnéaires, le chiffre d’affaires annuel de nombreuses entreprises.

Profiter de la précarité croissante… Pour recruter des saisonniers !

Si le gouvernement précise qu’il faut rendre plus « attractifs » les emplois saisonniers, il ne jouerait pas son rôle de valet de la bourgeoisie s’il contraignait les entreprises à augmenter les salaires et à réduire le temps de travail. Il préfère subventionner les entreprises à hauteur de 10 millions d’euros afin de les « aider à proposer des formations et ainsi pallier les besoins les plus critiques ». Évidemment, à l’instar du CICE ou d’autres plans de subvention aux entreprises, il n’y aura aucun contrôle de l’utilisation réelle des fonds alloués.

La région Bretagne va, elle, louer entre 300 et 400 chambres d’internat pour les saisonniers, à bas prix ! Avec le patronat quand on aime, on ne compte pas.

François Ruffin, quant à lui, plutôt que de dénoncer les conditions de travail ou la précarité, propose ainsi un « plan d’une simplicité effrayante » : réunir syndicats hôteliers et étudiants pour payer le camping aux étudiants qui pourront ainsi accepter l’exploitation, mais logés et au bord de la mer ! Que demande le peuple ?

Cela répondrait même « à la dépression de la jeunesse française », excusez du peu ! Que le travail puisse être émancipateur, certes ! Mais certainement pas dans ce système d’exploitation capitaliste où, pour l’immense majorité, vendre sa force de travail est une nécessité pour (sur)vivre. Que ce soit au bord de la mer ou non, c’est bien l’inflation, la guerre et la crise climatique qui nourrissent les angoisses des jeunes… mais aussi leur colère ! Ce sont surtout les cinq mois de mobilisation contre la réforme des retraites qui ont revigoré les étudiants !

Bureau secteur jeune

 


Recours à la main d’œuvre étrangère, mais sans régulariser !

Autre facette du travail saisonnier : la surexploitation d’une main d’œuvre étrangère. En 2022, la Direction générale des étrangers en France (DGEF) a délivré 22 000 autorisations de travail saisonnier à des étrangers hors Union européenne. Principalement originaires du Maghreb, ils obtiennent un titre de séjour de « travailleur saisonnier » avant d’être renvoyés chez eux après deux mois de travail. Sans connaître leurs droits, risquant le renvoi dans leur pays en cas de protestation, ils servent à combler les besoins du marché.

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)

 


 

 

1  https://www.20minutes.fr/societe/3279455-20220429-herault-veulent-plus-travailler-galere-restaurateurs-trouver-saisonniers

2  https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/dans-quels-secteurs-les-demissions-de-cdi-augmentent-elles-le-plus