Nos vies valent plus que leurs profits

Tri social à la fac : la présidence de Tolbiac recule devant la mobilisation étudiante

Mardi 19 mars, les différents syndicats étudiants de l’université de Paris 1 annonçaient, en sortie d’une réunion avec la présidence de la fac, qu’un texte présenté en Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU)1 pourrait conduire à la suppression des rattrapages, des compensations entre les matières et les semestres, des absences injustifiées (jusqu’alors tolérées jusqu’à trois). L’objectif : rendre plus difficiles les validations d’années universitaires et donc écarter (plus rapidement) des cursus les étudiants les plus en difficulté. Cela s’inscrit pleinement dans les politiques successives qui visent à restreindre l’accès à l’université et à l’éducation aux enfants d’ouvriers (Parcoursup, MonMaster, choc des savoirs, etc.).

Le gouvernement n’en finit d’ailleurs pas de s’attaquer aux jeunes « qui ne se tiennent pas sages ». Gabriel Attal a annoncé le 18 avril une série de mesures répressives : présence obligatoire au collège en éducation prioritaire de 8 heures à 18 heures, passage en internat des « élèves perturbateurs », travaux d’intérêt général ou amendes contre les parents « défaillants »… Comme s’ils étaient responsables de la casse de l’enseignement public !

Cette politique chère à l’extrême droite s’ajoute à l’austérité. Le gouvernement cherche à mettre au pas la jeunesse et à adapter l’éducation aux besoins du patronat. Service national universel, uniformes, et maintenant Attal parle de conseil de discipline dès l’école primaire !

Notre colère est légitime !

Assemblées générales de centaines d’étudiants, tracts, blocages, tours de TD et de sites… Nous n’avons pas fini de nous mobiliser et nous appelons tous les étudiants à nous rejoindre, y compris sur les autres centres d’études (facs, lycées, etc.).

Des vigiles n’ont pas hésité à frapper et étrangler des étudiants et étudiantes mobilisés. Mais notre mouvement et plusieurs assemblées générales, réunissant jusqu’à 450 personnes, ont contraint la présidence à reculer. Un mail a été envoyé à l’ensemble des étudiants et étudiantes : « les discussions et le travail […] vont continuer afin d’aboutir à un texte qui sera présenté devant la CFVU à la fin du mois de mai. » Mais « le régime d’assiduité prévoira comme aujourd’hui la possibilité de trois absences motivées », « les modalités de compensation actuelles sont maintenues », et « l’existence des rattrapages est garantie ». Le lendemain, mardi 23 avril, la délégation élue en assemblée générale a chahuté la réunion pour faire entendre ses revendications. Toutes les conditions d’études sont maintenues et plus aucune attaque n’est présente dans les textes. Mais nous continuons à nous mobiliser, car une partie de nos revendications ont été ajournées à fin mai : sur la prise en compte des étudiants salariés, la suppression des absences en TD, les aménagements pour les étudiants en réorientation, pour les étudiants en situation de handicap, etc., mais aussi des revendications politiques, comme la condamnation des crimes de l’État d’Israël, de la complicité du gouvernement français et de la présidence de la fac. La mobilisation ne faiblit pas : nous avons voté pour faire intervenir le collectif des mineurs isolés du parc de Belleville, le collectif des soignants pour Gaza et les étudiants en ce moment expulsés des Crous. Preuve que les étudiants ont des centaines de raisons de se révolter ! Nous devons étendre la mobilisation : face aux offensives gouvernementales, il faudra qu’on se batte, partout, car c’est comme ça qu’on les fait reculer !

Hortense, Marcello (comité NPA Jeunes Tolbiac)

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 13, 25 avril 2024.)

 

 

1  Instance de réunion entre la présidence et les différents représentants syndicaux, étudiants et enseignants.