En réponse aux quatre jours d’émeutes dans les quartiers populaires qui avaient suivi le meurtre de Nahel par un policier à Nanterre, le 27 juin dernier, Élisabeth Borne a présenté le 26 octobre à la Sorbonne son nouveau « plan anti-émeute ». Eh oui, des jeunes, des très jeunes ont tenu en échec la police, qui n’a pourtant pas lésiné sur les moyens en mobilisant des forces spéciales, à l’instar du Raid, groupe d’intervention contre la haute criminalité ou le terrorisme ! Et les « cent jours d’apaisement » annoncés par Macron ne se sont pas passés comme prévu.
Car la colère gronde. Face aux difficultés à se nourrir, à l’inflation, mais aussi, pour les jeunes des quartiers populaires, face au mépris, aux humiliations et aux violences systématiques de la police. Combien de Nahel n’ont pas été filmés ? Le gouvernement mène la guerre à l’image. Une guerre très politique. Il tentait déjà en 2020, par la loi Sécurité globale, d’interdire de filmer des policiers.
Quatre mois après les émeutes, les mesures tombent
En premier lieu, davantage de police ! Une nouvelle unité va être créée, la « force d’action républicaine » (FAR), aux délimitations floues, censée mêler policiers, éducateurs, personnels judiciaire… Non pas pour répondre aux causes des problèmes réels, la pauvreté et le manque de moyens dans les quartiers, mais pour tenter de mater toute réaction de colère. L’objectif est simple : que tout le monde serre les rangs et accepte l’exploitation et la violence sociale. Mais il sera probablement difficile à atteindre !
Contre les éventuels récalcitrants, sont prévues des mises à l’écart et mesures judiciaires : extension des prérogatives de la police municipale à certains actes jusqu’alors réservés à la police judiciaire, facilitation des poursuites en justice… et de nouveaux centres de rétention pour mineurs, encadrés par des militaires ! Le flou demeure, Macron avait déjà envisagé l’idée en 2022. L’inauguration est prévue à Mayotte en 2024.
Pour faire taire la colère des enfants, tenter d’utiliser les parents ?
Pour le gouvernement, les parents devraient apprendre à leurs enfants à se taire, à ne pas se mobiliser, autrement dit transmettre à leur progéniture l’acceptation de l’exploitation et de l’ordre social. Ce serait « leurs devoirs éducatifs » et s’y soustraire serait une négligence passible de travaux d’intérêt général, de stages de responsabilité parentale et de pénalisation financière.
Et si une bonne partie des parents, travailleurs et travailleuses qui ont également déjà lutté, leur transmettaient l’héritage de la révolte ? Tous ensemble, parents et enfants ! Contre ce système qui ne produit qu’exploitation, inégalités, misère… mais aussi les insurrections !
Alix Nilabli
(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 7, novembre 2023)