Selon un rapport publié par l’institut statistique turc, la pauvreté et l’exclusion sociale ne cessent de s’aggraver d’année en année. Aujourd’hui, au moins un tiers de la population, soit 30 millions de personnes environ, est pauvre ou très pauvre. Et les choses ne risquent pas de s’arranger dans les mois qui viennent, en raison d’une inflation galopante qui fait flamber les prix à la consommation, notamment alimentaire. Elle a été officiellement un peu inférieure à 50 % en septembre selon le gouvernement, un chiffre contesté par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation en Turquie, qui, eux, l’ont estimée à 88,63 % sur un an. Quant au salaire minimum, il n’a pas été revalorisé depuis janvier. Pour tenter de freiner le déficit budgétaire, l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir, prône des coupes claires dans les services publics mais, dans le même temps, passe des contrats d’infrastructures (construction et gestion d’autoroutes, ponts, hôpitaux ou aéroports) avec des entreprises proches du pouvoir qui s’accompagnent de garanties avantageuses pour les prestataires, comme la compensation par l’État de leurs revenus en cas de manque d’utilisateurs. Là-bas, comme ailleurs, la précarité est réservée aux pauvres.