Le procès de Mazan, il y a un an, avait choqué tout le monde, révélant l’étendue de la « culture du viol », ce climat patriarcal crasse qui permet et encourage le fait de voir les femmes et les enfants comme des objets à utiliser par les hommes. Une vague de solidarité envers Gisèle Pélicot avait émergé dans tout le pays, saluant le courage de cette femme qui a refusé le huit clos pour le procès et choisi d’en faire une affaire publique et politique « pour que la honte change de camp ».
Le procès en appel de Nîmes : quand l’agresseur se fait passer pour victime
Du 6 au 10 octobre s’est tenu à Nîmes le procès en appel de l’un des 46 condamnés. Husamettin Dogan affirmait être lui aussi « victime » de Dominique Pélicot. Sous emprise, il n’aurait pas su refuser les demandes du mari. Il faut vraiment ne pas avoir honte pour se présenter comme « victime » au même titre que la femme que l’on a violée ! Car il a reconnu l’acte de pénétration sur Gisèle Pélicot endormie, acte dont le mari a conservé quatorze vidéos, mais en affirmant ne pas avoir eu conscience de l’état de cette dernière… puisque son mari était consentant !
C’est de toute la famille patriarcale qu’il faut faire le procès !
L’affaire Pélicot est un miroir de tout ce que la famille patriarcale peut produire. Le mari peut utiliser sa femme comme un objet, qu’il réduit d’ailleurs à l’état de chose en la droguant au Temesta. Derrière lui, il y a tous les violeurs de Mazan : des pères et des maris « ordinaires », mais représentatifs de la famille patriarcale et bourgeoise. Face à la montée des discours réactionnaires qui voudraient nous faire croire que les femmes ne seraient en sécurité qu’au foyer, Gisèle Pélicot nous rappelle que ce modèle familial organisé autour de la domination du père et du mari ne nous protège en rien. Il nous opprime et est en cela un obstacle à l’émancipation des femmes et, avec elles, du genre humain.
Uma Daunai