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Un an de massacres contre le peuple palestinien : l’État d’Israël, un État colonial, terroriste et génocidaire

Ruines de Gaza (2024)

Le 7 octobre, cela fera un an que, prenant comme prétexte les massacres du Hamas contre la population civile israélienne, l’État israélien a lancé son offensive la plus violente et la plus meurtrière de son histoire contre le peuple palestinien.

À Gaza, l’horreur indescriptible

Il est bien difficile de nier la volonté génocidaire des dirigeants israéliens lorsque l’on voit l’ampleur des dégâts à Gaza.

À l’heure où les yeux se focalisent sur l’extension de la guerre par Netanyahou en Cisjordanie et maintenant au Liban, les frappes continuent quotidiennement sur Gaza. Les derniers bilans du ministère de la Santé de Gaza font état de plus de 41 400 morts, dont plus de 14 100 enfants. Mais le bilan réel pourrait être bien plus élevé. Selon l’ancien officier français Guillaume Ancel, le nombre de morts total pourrait être de plus de 80 000, et 250 000 pour les blessés, soit au total 15 % de la population1. Il s’agit là d’une fourchette basse : dans une étude publiée en juillet dernier, la revue scientifique The Lancet fait l’hypothèse de plus de 180 000 morts et 630 000 blessés, soit 33 % de la population2.

Le bilan matériel est également effroyable : dans le nord, la ville de Gaza est rasée à près de 74 %. À Rafah, 46,3 % des bâtiments sont touchés. Moins d’un hôpital sur deux est opérationnel, et le plus grand d’entre eux, celui d’Al-Chifa, est en ruines. Et près de 90 % de bâtiments scolaires sont endommagés ou détruits…

L’Organisation internationale du travail (OIT) estime que plus de 200 000 emplois ont été perdus à Gaza, soit près des deux tiers de l’emploi total dans l’enclave3. L’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, calcule que les pertes de revenus ont atteint 4,1 millions de dollars par jour, soit une destruction de 80 % du PIB de Gaza4.

Comme dans toute guerre, c’est la famine qui sévit, ainsi que le retour d’épidémies faute de soins médicaux. L’ONG Oxfam estime qu’à court terme, plus d’un million de personnes sont menacées de famine. Un habitant du nord de Gaza ne dispose que de 245 calories par jour pour survivre, soit moins d’une demi-baguette de pain5. L’armée israélienne a sciemment empêché les convois humanitaires d’accéder au nord de l’enclave, condamnant la population.

Le 17 août dernier, un cas de polio a été détecté sur un bébé de 10 mois, une première depuis 25 ans, signe qui montre que la situation sanitaire est absolument chaotique. Selon l’Unicef, la vaccination de routine qui doit avoir lieu sur tous les bébés après leur naissance ne peut avoir lieu. Muhannad Hadi, coordinateur des opérations humanitaires à Gaza pour l’ONU, a déclaré avoir vu « des scènes dignes d’un film d’horreur hollywoodien » lors de son passage dans les hôpitaux de la bande de Gaza le 12 septembre dernier.6

En Cisjordanie : marche forcée à la colonisation

C’est l’ensemble du peuple palestinien qui est visé : en un an, plus de 700 Palestiniens ont été tués à Jérusalem et dans les territoires occupés, soit par l’armée, soit par des colons. Fin août, l’armée israélienne a lancé une vaste offensive militaire dans le nord de la Cisjordanie, notamment à Jénine, qui a coûté la vie à près d’une quarantaine de Palestiniens, dont huit enfants. Le 19 septembre, une vidéo a montré des soldats israéliens jeter des cadavres de Palestiniens du haut d’un immeuble, dans la région de Jénine, après les avoir exécutés.

Ces opérations de l’armée israélienne sur les territoires occupés de Cisjordanie ne sont pas une quelconque riposte à des opérations de groupes palestiniens. Elles accompagnent l’accélération record de la colonisation entreprise par l’État israélien depuis le 7 octobre. L’ONU fait état de 24 300 nouveaux logements israéliens en Cisjordanie au cours de l’année qui s’achève en octobre 2023. Dont environ 9 670 unités à Jérusalem-Est. Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis 2017, date à laquelle l’ONU a commencé à documenter la colonisation israélienne7. Or Israël prévoit de construire encore 3 476 maisons supplémentaires pour des colons.

Ces constructions à grande échelle pour établir des colons israéliens – l’ONU rappelle que le transfert de population civile dans des territoires qu’un État occupe constitue un crime de guerre – s’accompagnent d’une augmentation de la pression sur les familles palestiniennes pour leur faire quitter leurs terres. Selon l’ONG israélienne B’Tselem, du 7 octobre 2023 au 31 juillet 2024, l’État d’Israël a démoli 139 structures résidentielles en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, sous prétexte qu’elles avaient été construites sans permis. 1 303 Palestiniens ont perdu leur maison, dont 615 enfants. Dans le même temps, Israël refuse presque toutes les demandes de permis de construire des Palestiniens8. Le responsable des droits de l’homme des Nations unies déclare que « la violence des colons et les violations liées aux colonies ont atteint de nouveaux niveaux choquants et risquent d’éliminer toute possibilité pratique d’établir un État palestinien viable ».9

En Israël : torture et sévices dans les prisons

L’État d’Israël, comme tout État colonial, organise l’apartheid des populations colonisées en les soumettant à une oppression et une répression systématiques. En Israël, cela a pris la forme d’un véritable système d’emprisonnement de la population palestinienne, en particulier dans les territoires occupés de Cisjordanie.

Israël pratique ce qu’il appelle la « détention administrative » : l’armée israélienne peut arrêter des Palestiniens en Cisjordanie occupée en tant que « détenus administratifs » au motif que ceux-ci « pourraient commettre des infractions à l’avenir ». Les prisonniers doivent être traduits devant un tribunal militaire dans les huit jours suivant leur arrestation, mais sans qu’on leur communique l’accusation ni les preuves. En d’autres termes, un véritable système d’enlèvements et de kidnapping par l’armée. Depuis le 7 octobre, le nombre de détentions administratives a explosé10.

La révélation du viol de 36 détenus palestiniens dans le camp militaire de Sde Teiman, dans le désert du Néguev, par des soldats israéliens a montré aux yeux de monde entier l’horreur que constituent les prisons israéliennes. Certes, l’armée a dû procéder à l’arrestation des soldats impliqués, mais la présence du ministre du Patrimoine et du parlementaire Zvi Sukkot dans les manifestations de soutien à ces militaires, démontre que ces pratiques ne constituent pas des cas isolés, mais un véritable système.

L’ONG B’Tselem a recueilli les témoignages de 55 Palestiniens détenus par Israël depuis le 7 octobre dans un rapport accablant. Y sont décrits des actes quotidiens d’agressions sexuelles, de privation volontaire de sommeil, de refus de traitement médical adéquat… Au point que cette ONG parle d’un véritable « réseau de camps dédié aux mauvais traitements ».11

Depuis le 7 octobre, le nombre de prisonniers palestiniens a doublé, atteignant 9 623 en juillet dernier. Parmi eux, 4 781 sont détenus non seulement sans procès, mais sans même que les allégations contre eux soient portées à leur connaissance.

Pour stopper le massacre, en finir avec le régime colonial israélien

L’État d’Israël est un État colonial qui ne maintient sa domination que par la violence systématique contre les populations des territoires qu’il occupe. Cette violence a franchi un nouveau cap depuis le 7 octobre dernier, avec la mise en place d’une extermination systématique, planifiée, de la population palestinienne de la bande de Gaza, et l’intensification de la colonisation de la Cisjordanie.

Mais la résistance du peuple palestinien, qui veut vivre sur ses terres, ne pourra être écrasée, à moins de son extermination totale – un scénario qu’aimeraient sans doute voir se réaliser certains tenants de l’extrême droite israélienne, mais irréalisable.

Il est impossible d’espérer une paix durable au Proche-Orient sans en finir d’abord avec ce régime colonial.

Aurélien Pérenna

 

 


 

 

Sommaire du dossier

 

 


 

 

1  https://nepassubir.fr/2024/07/20/gaza-le-bilan-difficile-mais-essentiel-dun-carnage/

2  https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01169-3/fulltext

3  https://www.ilo.org/fr/resource/news/ilc/112/le-directeur-general-de-loit-les-travailleurs-des-territoires-arabes

4  https://news.un.org/fr/story/2024/04/1144686

5  https://www.oxfamfrance.org/humanitaire-et-urgences/famine-a-gaza-anatomie-dun-desastre-humanitaire/

6  https://unric.org/fr/gaza-scenes-dignes-film-horreur/
7  Source : https://news.un.org/fr/story/2024/03/1143832
8  Voir : https://x.com/btselem/status/1834157710675218594

9  Source : https://news.un.org/fr/story/2024/03/1143832

10  https://www.aa.com.tr/fr/analyse/la-d%C3%A9tention-administrative-une-m%C3%A9thode-arbitraire-de-punition-quisra%C3%ABl-a-h%C3%A9rit%C3%A9e-du-royaume-uni/3093127#

11  Voir : https://www.btselem.org/publications/202408_welcome_to_hell