Lundi 24 février s’ouvrira devant la cour criminelle de Vannes, dans le Morbihan, le procès hors-norme de Joël Le Scouarnec, un ancien chirurgien accusé d’avoir violé ou sexuellement abusé 300 enfants, filles ou garçons, au cours de sa carrière alors qu’il pratiquait dans une douzaine d’établissements de l’Ouest du pays. Déjà condamné à quinze ans de réclusion criminelle en 2020 pour des agressions sexuelles et viols commis sur deux nièces, une patiente et sa voisine, il encourt cette fois vingt ans de réclusion criminelle. L’affaire avait éclaté en 2017 lorsque les parents d’une petite fille avait porté plainte contre le médecin. Mais jusqu’à là, officiellement, personne ne savait rien. Ce qui est douteux. Car non seulement une partie de sa famille était plus ou moins au courant mais, plus grave, il avait été condamné en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques. Cependant la condamnation n’avait pas, en fait, été assortie d’une obligation de soin ou d’interdiction d’exercer. Et, en août 2006, il était même titularisé à l’hôpital de Quimperlé (Finistère) sans que son directeur ou le conseil départemental de l’Ordre des médecins – pourtant informés de sa condamnation – n’y trouvent à redire. En bref, pour continuer son activité prédatrice, le médecin a dû bénéficier de la complicité, au moins passive, d’une partie de ses collègues, pétris de préjugés machistes.