Nos vies valent plus que leurs profits

Un pôle des révolutionnaires pour proposer une politique offensive aux travailleurs

Certains des arguments du NFP, en particulier du côté de LFI, peuvent sonner juste. C’est le cas lorsqu’ils expliquent que, s’il faut trouver quelques dizaines de milliards pour boucler le budget, il n’y a qu’à les prendre sur les subventions accordées aux patrons plutôt que sur ce qui est nécessaire aux classes populaires. Même chose lorsqu’ils réclament l’abrogation de la dernière réforme des retraites.

Une dénonciation qui reste dans le cadre des institutions

Pour obtenir que ce ne soient pas les classes populaires qui payent, pour obtenir l’abrogation de la réforme des retraites, leurs solutions ont en commun d’être toutes institutionnelles.
Pour le PCF, le PS et les Verts, il faut parvenir à peser sur les débats parlementaires et obtenir des améliorations au cas par cas. Pour LFI, il faut créer une situation qui ne laisse pas d’autre possibilité que la démission de Macron et une élection présidentielle anticipée.

Comme en miroir, Macron et ses gouvernements louvoient pour faire semblant de négocier au cas par cas. En espérant traîner en longueur, de premier ministre en premier ministre. À jouer aux solutions institutionnelles, le gagnant est celui qui a le plus de cartes en main, et bénéficier du pouvoir en donne un sacré paquet !

Proposer une politique aux travailleurs

Députés PCF et LFI ne dédaignent pas de se porter au-devant des travailleurs en lutte contre la fermeture de leur entreprise. Soutenir les luttes, c’est bien, mais proposer une politique, c’est tout autre chose !

La CGT a recensé 150 000 emplois menacés et il ne se passe pas une semaine sans qu’une grosse entreprise gavée de profits et d’argent public ne licencie. Le nombre même de travailleurs concernés rend nécessaire de faire que la question de l’interdiction des licenciements devienne un fait politique incontournable, au moins au niveau où l’a été la lutte contre la réforme des retraites. Ce qui est nécessaire, c’est que les travailleurs menacés de licenciement se regroupent, envahissent les rues, localement, régionalement, nationalement. Se mettent en grève, non pas tant pour bloquer la production de leur entreprise – leur patron veut justement l’interrompre ! –, mais pour rencontrer les travailleurs dans la même situation qu’eux, s’auto-organiser, se répandre partout et entraîner les autres pour faire face à toutes les attaques. Sur les salaires, les conditions de travail, les déremboursements et la dégradation des services publics, les motifs ne manquent pas qui permettraient à tous de se retrouver dans la lutte. C’est la tâche de tous les militants et militantes d’entreprise. Qui croit encore que les partis du NFP organisent cette politique ? Encore faudrait-il qu’elle soit proposée, et l’initiative est laissée à des organisations syndicales qui, comme la CGT de Sophie Binet, tablent uniquement sur l’arrivée du NFP au gouvernement… Et la boucle est bouclée !

Le rôle des révolutionnaires

Les révolutionnaires doivent pleinement jouer leur rôle pour proposer cette politique et la proposer très largement. Nous ne partons pas de rien : nous sommes présents, avec du crédit auprès des travailleurs, dans plusieurs des grandes entreprises menacées de fermeture, de Michelin à Stellantis. Quoi qu’il en soit, nous n’avons rien à perdre à tenter de proposer cette politique offensive à partir des entreprises où les travailleurs sont mobilisés.

Aucune organisation révolutionnaire n’a, à elle seule, les moyens de le faire ? Raison de plus pour qu’elles s‘efforcent d’agir ensemble, se regrouper. À un moment où les partis de gauche et les directions syndicales sont aux abonnés absents, non seulement ce pôle acquerrait un contenu visible et pourrait rapidement gagner en influence en proposant une politique offensive aux travailleurs.

Le pire, dans la situation actuelle, serait de regarder les événements se dérouler sans rien tenter pour en enrayer le cours et impulser une autre orientation. « Fais ce que dois, advienne que pourra », aimait citer Trotski. Alors, faisons de notre mieux, au minimum en coordonnant notre action !

Jean-Jacques Franquier

 

 


 

 

Cet article fait partie d’un dossier paru dans le numéro 25 de Révolutionnaires.

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