En Algérie, dans le milieu populaire, on parle avec humour de trois types de levure : la boulangère, la chimique et l’électorale. La dernière a permis de présenter comme un succès la réélection du président algérien sortant, Abdelmadjid Tebboune avec le score à peine croyable de 94,65 % des votants. Mais la participation ? Le jour du scrutin à 13 heures, seuls 13,11 % des électeurs s’étaient déplacés, à 17 heures, ce n’était encore officiellement monté qu’à 26,45 %. Mais la levure et quelques bricolages aidant, c’est 48,4 % qui étaient annoncés le soir, « un taux moyen, selon un chiffre préliminaire » ! Avant que le soufflé ne retombe le lendemain : 5,6 millions de votants sur 24,4 millions d’inscrits, à peine 23 % d’électeurs se sont déplacés.
Tebboune, qui a été propulsé par l’armée pour étouffer le mouvement du Hirak (et déjà très mal élu fin 2019), reste aussi impopulaire en Algérie que Macron en France. Il promulguait cet été un décret permettant de promouvoir des officiers supérieurs à la tête d’administrations civiles. Côté levure, ce sont les prix qui n’ont cessé de gonfler. Certes la baguette ordinaire, subventionnée, reste à un prix très bas, mais les prix de tous les produits alimentaires de base ont grimpé en moins de deux ans, en moyenne de plus de 12 %, mais de plus de 19 % pour les fruits et légumes frais, de 56,5 % pour la viande la moins chère, celle de poulet… Pendant que le président Tebboune promettait, en lancement de sa campagne, une hausse générale des salaires… à l’horizon 2026-2027 !
Michelle Verdier
(Article paru dans le numéro 18 de Révolutionnaires)