Nos vies valent plus que leurs profits

Un projet de loi contre les « gens du voyage »

Avec le soutien de la majorité gouvernementale, de la droite et de l’extrême droite, le député macroniste Xavier Albertini vient de déposer un projet de loi sécuritaire visant à rendre encore plus difficile la vie des gens du voyage – roms, forains, circassiens, itinérants, etc. – en facilitant leur expulsion des terrains où ils s’installent, en saisissant leurs habitats mobiles, en multipliant les amendes, etc. Sans tenir compte du fait que la loi Besson (adoptée en 2000), qui imposait aux communes de plus de 5 000 habitants de prévoir des aires d’accueil pour les itinérants n’est appliquée, un quart de siècle plus tard, que par 4 % d’entre elles. De plus, lorsqu’elles existent, ces aires sont situées à 52 % à proximité de zones industrielles ou polluées par les déchets. Conséquence : 22 % des familles itinérantes n’ont pas accès à l’eau courante. Et l’espérance de vie de ces perpétuels voyageurs reste inférieure de 15 % à celle du reste de la population. Mais de cela, Albertini et ses amis s’en moquent, trop occupés à raviver les préjugés anti-Roms d’une partie de l’opinion. Consultée sur ce texte, la défenseure des droits a été catégorique : il viole des principes constitutionnels essentiels – l’accès au juge, la proportionnalité des peines, le droit de propriété, l’égalité devant la justice – et risque de renforcer des pratiques discriminatoires à l’égard des gens du voyage.