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Une rentrée scolaire sous le signe de la pénurie : des enseignants réagissent

Alors que, selon une enquête du SNES, il manque des postes non pourvus dans au moins 60 % des établissements du secondaire, Gabriel Attal a choisi de faire sa première rentrée sur l’interdiction de l’abaya, se situant dans la fuite en avant réactionnaire du gouvernement, qui cherche à s’attirer les bonnes grâces de l’électorat de droite et d’extrême droite tout en divisant la classe ouvrière et en la détournant des questions sociales.

Mais les gesticulations gouvernementales ne changent rien à la situation réelle dans les établissements. On pourra lire sur notre site les manques constatés dans les établissements de Caen, dans le Calvados. Et, comme dans le reste de la société, l’opération enfumage du gouvernement se heurte à la réalité de la colère grandissante. Dès le mercredi 6 septembre, sur le seul département du 93, on dénombrait une quinzaine d’établissements mobilisés par des grèves ou des droits de retrait. Comme le scandent les grévistes du lycée Utrillo de Stains : « Plus de moyens pour nos écoles ! Moins de stigmatisation pour nos élèves ! »

La grève au lycée Utrillo de Stains (93)

La liste des revendications est longue et s’allonge chaque année : pas de psychologue, pas d’infirmière, manque d’un poste de CPE, baisse du nombre de surveillants, passage de 24 à 30 élèves en lycée professionnel, perte de 60 heures pour le lycée général et technologique, en plus des manques de professeurs non remplacés malgré la promesse présidentielle.

À cela s’ajoute l’état déplorable du lycée (fenêtres cassées et trop fragiles, WC élèves cassés et jamais réparés, peu d’isolation, etc.) et la note de service sur l’abaya, contre-feu du gouvernement, dont l’application va retomber sur les équipes de vie scolaire. Cette liste faite à la rentrée était tellement prévisible que l’alerte avait déjà été donnée en juin au rectorat et à la direction.

Rien n’a été fait, alors que le lycée Utrillo, à Stains, en Seine-Saint-Denis, situé dans une zone de « politique de la ville » comme le dit désormais pudiquement le ministère pour parler des zones défavorisées qui devraient au contraire bénéficier de moyens supplémentaires, et dont l’indice de position sociale est entre 74 et 79, pour une moyenne nationale autour de 100 et une valeur autour de 140 pour les meilleurs établissements1.

La grève a commencé le mercredi 6 septembre. Elle continue au moment où sort ce journal pour au moins une partie des surveillants et CPE. Les quelques jours de grèves ont déjà permis de récupérer un demi-poste de CPE.

Une réunion pour discuter des futures actions avec les parents aura lieu mardi 12 septembre. Mercredi 13, un rassemblement est prévu devant le ministère de l’Éducation nationale à 15 heures.

Correspondante

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 5, septembre 2023)

 

 

1  L’indice de position sociale (IPS) est un indice ministériel supposé mesurer la situation sociale des élèves face à l’apprentissage. Plus l’indice est élevé, plus l’élève évolue dans un contexte familial favorable aux apprentissages.