Maho Bah-Villemagne est né femme. Il a eu sa puberté en tant que femme. C’est en tant que femme lesbienne qu’il a subi il y a dix ans une agression homophobe après laquelle il s’est mis à la boxe, pour apprendre à se défendre. Et samedi 2 novembre, après une transition médicale pour devenir un homme, il a combattu pour la première fois dans la catégorie masculine.
Quand des femmes transgenres, ou supposées telles, se signalent par une performance sportive, les réacs sautent au plafond en les présentant comme des hommes qui trichent. Pour eux, les femmes sont forcément moins fortes. Mais quand un homme transgenre, Maho Bah-Villemagne, après avoir fait toute sa carrière chez les femmes, arrache le match nul face à un jeune boxeur par ailleurs très prometteur (Evan Ferrandi, cinq victoires sur six combats), alors-là c’est silence radio.
En fait, il se pourrait que les écarts de résultats sportifs entre les sexes n’aient pas grand-chose de naturel. Le sport féminin est plus récent, moins financé et suscite moins de vocations que son équivalent masculin, dans une société qui ne place pas le dépassement physique comme une valeur féminine (à moins que ce ne soit au service d’une représentation semi-artistique comme en gymnastique, en natation synchronisée ou en danse). Toutes ces raisons, bien plus sociales que biologiques, expliquent pourquoi les hommes sont souvent « meilleurs » au très haut-niveau que les femmes… en attendant l’avènement d’une société sans oppression de genre et, pourquoi pas, d’un sport complètement mixte, sans discrimination ni exclusions.
Bastien Thomas