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Valeo Mondeville (14) : eh oui, la grève ça bloque !

L’équipementier automobile Valeo veut vendre son site de Mondeville (Calvados) au groupe chinois Sinopec. « Une belle aventure ! », selon la direction. « On n’est pas des aventuriers ! », ont répondu les salariés. Du 8 au 11 septembre, une moitié des 197 CDI ont fait grève pour exiger des garanties sur l’emploi, la paye et les conditions de travail. Ils ont fait chuter la production de 80 %. Surtout, des stocks de produits finis, des capteurs TMAP de température et de pression pour moteurs thermiques sont restés bloqués dans l’usine par un piquet de grève empêchant les entrées et sorties de camions. Ces composants vitaux pour les constructeurs automobiles commençaient à manquer dans les usines d’assemblage clientes.

La direction locale a tenté de monter les non grévistes contre les grévistes, en insinuant que la prime de cession de 2 000 euros (conditionnée à zéro arrêt maladie, absence personnelle, etc., donc déjà hypothétique) ne serait pas versée si la grève continuait. Puis, comme les grévistes revendiquaient que Valeo passe vraiment à la caisse et accorde une prime de 35 000 euros à chacun et chacune, elle a revu ses calculs : elle augmentait le montant de la prime pour les CDI jusqu’à… 2 500 euros, puisqu’elle en excluait les 50 intérimaires ! Écœurement des CDI non grévistes qui ont aussitôt perçu qu’on voulait les opposer aux intérimaires en leur jetant des pièces jaunes. Pareil chez les intérimaires, restés hors de la grève, mais dont certains disaient : « Ma mission se termine, mais tant que le directeur actuel reste, je ne remettrai pas les pieds ici. »

Mercredi 10 septembre, nouveau coup de pression de Valeo : huit agents de sécurité font leur apparition, officiellement pour protéger l’usine contre les « casseurs », comprenez le mouvement « Bloquons tout ». Cela ne suffisant pas à casser le mouvement qui se renforçait plutôt, la justice est venue au secours du patronat. Sous peine d’une amende de 1 000 euros par heure et par gréviste, elle les a condamnés à lever le piquet. Cette première bataille en appelle d’autres, pas juste site par site, mais tous et toutes ensemble.

Correspondant