Le 8 mars est bien plus qu’une simple célébration des droits des femmes : c’est une journée ancrée dans les luttes ouvrières et socialistes du début du XXe siècle, portée par des militantes révolutionnaires comme Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï.
Le 28 février 1909, les femmes socialistes d’Amérique du Nord organisent des manifestations et des meetings à travers le pays, exigeant les droits politiques pour les ouvrières. Cette première « journée de la femme » est un succès. En 1910, lors de la Conférence internationale des ouvrières, Clara Zetkin propose l’instauration d’une journée internationale de la femme ou de l’ouvrière, fixée au 19 mars 1911. Soutenue par R. Luxemburg et A. Kollontaï, cette journée vise à unir les femmes prolétaires dans un combat commun contre l’exploitation et l’oppression, en premier lieu sous le slogan « Le droit de vote pour les femmes unira notre force dans la lutte pour le socialisme ». Alexandra Kollontaï dira que ce jour-là, partout, les hommes étaient contraints de rester au foyer tandis que les femmes remplissaient les meetings et manifestations politiques.
En 1917, cette journée prend une ampleur historique : les ouvrières de Petrograd déclenchent une grève massive contre la guerre et la faim, marquant le début de la révolution russe.
Les militantes socialistes au cœur du combat
Dès 1889, Clara Zetkin défend que l’oppression des femmes ne peut être comprise qu’à travers le prisme de leur exploitation en tant que prolétaires. Elle s’oppose farouchement au féminisme bourgeois, qui se contente de réclamer des privilèges dans l’intérêt d’une minorité de femmes, comme un suffrage censitaire excluant les ouvrières, puis une égalité de droits formelle, sans remettre en cause le système capitaliste. C’est dans les périodes révolutionnaires, où l’ensemble de la classe ouvrière se retrouve en position de force face aux exploiteurs, que les droits des femmes progressent de manière fulgurante. La révolution russe marque ainsi un tournant décisif pour l’émancipation des femmes. Les théories sont, pour la première fois dans l’histoire, mises en pratique par un État ouvrier. Le pouvoir des soviets abolit les lois discriminatoires, instaure le droit à l’avortement, socialise les tâches domestiques et promeut la participation pleine et entière des femmes à la vie politique et sociale.
Plus d’un siècle après ces luttes, les inégalités de genre persistent. Le stalinisme a sonné le recul de la révolution socialiste et, avec elle, le recul des conditions d’une émancipation réelle des femmes. Aujourd’hui, il est toujours nécessaire de lier le combat contre les oppressions au combat contre la société capitaliste, terreau sur lequel l’obscurantisme s’enracine.
Nora Debs
Sommaire du dossier : Violences sexistes et sociales : en finir avec le capitalisme et le patriarcat
- 8 mars : une journée née des luttes ouvrières
- Un vent mauvais souffle contre les droits des femmes
- L’Évars : face aux attaques réactionnaires et au manque de moyens, un avenir bien compromis
- VSS : le capitalisme, terreau fertile des violences de genre
- Avec Némésis et NousVivrons, notre ligne est claire : hors de nos luttes !