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Le montant net social : une baisse de revenus pour les plus précaires

Calcul simplifié ou baisse des aides ?

Depuis le mois de juillet une réforme impose aux employeurs d’indiquer sur les bulletins de salaire le « montant net social » (MNS) qui correspond à ce que doivent déclarer les bénéficiaires du RSA et de la prime d’activité. Avec cette nouveauté le gouvernement affirme vouloir simplifier la vie des allocataires qui déclaraient jusqu’alors eux-mêmes le montant « net à payer avant impôt ». Un simple coup d’œil permet de constater l’entourloupe, et surtout l’écart entre l’ancien et le nouveau montant à déclarer, puisque le calcul du montant lui-même change. Le MNS prend désormais en compte un certain nombre d’avantages en nature tels que les tickets restaurants, aides aux aidants, prime de garde d’enfant et cotisation patronale prévoyance. Si les trois premiers devaient techniquement être déclarés, avec toutefois une large tolérance, le dernier de ces avantages n’apparaissait pas dans le calcul précédent. Avec l’augmentation du montant à déclarer, les aides versées vont automatiquement baisser voire disparaître pour certains foyers, notamment pour les plus précaires. Aujourd’hui certains d’entre eux sont déjà dans un entre-deux, ne gagnant pas assez pour bénéficier de la prime d’activité, mais trop pour toucher le RSA, devant se contenter d’un très faible salaire pour vivre en période d’inflation.

À qui profite le crime ?

Rappelons que ces aides se basent sur des calculs complexes qui excluent une partie de plus en plus importante de leur soi-disant cœur de cible. Concernant le RSA, en mai 2023 un article de Libération révélait que l’État fait des milliards d’économies grâce aux 30 % de personnes éligibles qui n’en font pas la demande. Toujours ça qui reste dans les caisses de l’État et peut être redistribué sous forme d’aides diverses, comme le CICE… au patronat qui, contrairement aux plus pauvres, est toujours grassement rétribué quand il tend sa sébile. Alors qu’à sa création en 2016 la prime d’activité se voulait être un coup de pouce aux personnes aux faibles revenus, en 2019 la Caisse d’allocations familiales affirmait que 45 % des travailleurs au Smic en étaient exclus. Lors de la crise des gilets jaunes, Macron avait tenté d’apaiser la colère en annonçant son augmentation, qui de fait était déjà prévue sur le long terme. Mais surtout la prime d’activité est aussi un moyen pour les patrons de ne pas augmenter les salaires, pas besoin de le faire quand l’État s’en charge à votre place.

Augmenter les salaires pour tous

L’impact du MNS va rendre les fins de mois encore plus difficiles qu’elles ne le sont déjà pour beaucoup de foyers. Certains syndicats réagissent en proposant de revoir la loi qui impose son mode de calcul, ou alors de réévaluer l’ensemble des prestations sociales, ce qui est certes juste, mais limité quand on sait qu’un bon nombre de travailleurs en sont exclus. L’urgence sociale est de plus en plus criante au fur et à mesure que la pauvreté se développe, alors que les profits du CAC 40 n’ont jamais été aussi élevés. Ce qu’il faut pour assurer à l’ensemble des travailleurs les moyens de vivre, ce ne sont pas des primes, payées par nos propres impôts, mais bien des augmentations de salaire, en allant chercher où l’argent se trouve : dans les poches du patronat !

Anne Bodigel