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Turquie : la débâcle du parti d’Erdoğan aux élections municipales

Les élections municipales en Turquie constituent le pire revers électoral du président Recep Tayyip Erdoğan depuis l’accession au pouvoir, en 2002, de sa formation islamo-conservatrice, le Parti de la justice et du développement. En s’impliquant personnellement dans la campagne pour les élections municipales au côté des candidats de son parti, en particulier à Istanbul qu’il voulait à tout prix reconquérir, Erdoğan a donné à ce scrutin local une résonance nationale. Passées aux mains du principal parti de l’opposition, le Parti républicain du peuple (laïque et social-démocrate) il y a cinq ans, les deux plus grandes villes du pays, Istanbul et Ankara, tenues par les islamistes entre 1994 et 2019, ont vu leurs deux maires sortants réélus triomphalement dimanche. Erdoğan paie sans doute la situation économique catastrophique du pays avec une inflation qui s’établit à 67 %, une livre turque en chute libre sur les marchés financiers internationaux et une proportion croissante de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Quant à Ekrem İmamoğlu, leader de l’opposition et maire d’Istanbul, il se contente de surfer sur la vague de mécontentement sans rien proposer de concret aux masses populaires avec en vue la possibilité de remplacer Erdoğan dans quatre ans.