En 2023, Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), a dénoncé dans son livre Les femmes sauveront l’hôpital, les comportements dominants et déplacés d’un professionnel « bien établi ». Un an plus tard, dans une enquête de Paris Match, Karine Lacombe a révélé le « harcèlement sexuel et moral » exercé par l’urgentiste Patrick Pelloux et a appelé à un mouvement de libération de la parole des professionnels de la santé.
Depuis, les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooHopital, révélant une culture misogyne, du silence et de l’impunité. Si ce mouvement peut apparaître aujourd’hui comme une surprise pour certains, il ne l’est certainement pas pour les femmes qui travaillent dans la santé, quel que soit leur poste.
De son côté, la Fédération hospitalière de France a annoncé prendre ces accusations très au sérieux, promettant de mener des enquêtes approfondies dans tous les établissements signalés et de prendre des mesures disciplinaires contre les auteurs présumés. Pourtant, les alertes ne datent pas d’hier.
En 2020, la pédiatre Anna Boctor publiait une tribune « Sexisme, Misogynie, Pression à l’hôpital » dénonçant un ensemble de violences, discriminations et pressions subies tout au long de son parcours, d’étudiante à praticienne. Son récit poignant avait alors donné une voix aux nombreuses victimes souffrant de l’omerta. En 2021, une enquête de l’Anemf (Association nationale des étudiants en médecine de France) montrait que 38,4 % des étudiantes en médecine disaient avoir subi du harcèlement sexuel pendant leurs stages hospitaliers. En 2022, une élève infirmière sur six affirmait avoir été victime d’agression sexuelle, essentiellement à l’hôpital.
Parallèlement, les inégalités persistent également dans le domaine de la santé. Les femmes sont majoritaires dans les postes les plus pénibles et à faible salaire. Malgré un secteur largement féminisé, les postes de direction et à haute responsabilité restent largement occupés par des hommes, favorisant les violences de genre.
Le mouvement #MeTooHopital promet de faire bouger les lignes en posant le problème de la misogynie et des violences de genre sur nos lieux de travail. Le sexisme et les violences sexuelles n’ont pas leur place sur nos lieux de travail, que ce soit à l’hôpital ou ailleurs, ni dans nos vies.
Nora Debs