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Institut Gustave Roussy : 150 aides-soignantes veulent 3000 euros de plus par an !

Ce vendredi 3 mai, les aides-soignantes (AS) et auxiliaires puéricultrices (AP) du centre de soin contre le cancer Gustave Roussy étaient à nouveau en grève après une première journée réussie vendredi dernier. Retour sur plusieurs semaines de mobilisation dans ce prestigieux établissement de santé qui traite ses salariés comme des kleenex jetables.

Une prime de « fidélisation » pour diviser

Depuis deux ans, les infirmières de l’hôpital et d’autres corps de métier comme les manip-radio et les cadres touchent une prime de 3000 euros. Une telle somme est systématiquement refusée aux autres membres du personnel, dont les aides-soignantes et auxiliaires puéricultrices, sous prétexte que leurs secteurs d’appartenance ne sont pas en « tension » et que donc il n’y a pas besoin d’attirer le personnel avec une prime.

Pourtant à Gustave Roussy, les aides-soignantes manquent à tous les étages, et surtout de nuit en hospitalisation de médecine oncologique et onco-gériatrique, des services particulièrement durs. Si la pénurie n’existe pas encore, c’est bien uniquement aux yeux de la direction, qui préfère tourner la tête plutôt que regarder la réalité en face. Et bien au-delà de ces arguments, toutes les AS et AP « méritent » elles aussi de pouvoir boucler les fins de mois.

Relever la tête et défier la direction

À partir de ce constat unanime, les aides-soignantes de l’hôpital ont décidé début avril de former un collectif et de se réunir pour écrire un courrier à la direction expliquant leur revendication, signé par près de 200 personnes dont quelques collègues infirmières et manip-radio. L’hôpital ne comptant que 180 aides-soignantes, le mouvement a été unanime. La direction a fait la sourde oreille et a renvoyé les discussions aux réunions de négociations obligataires avec les syndicats qui commencent mi-mai.

Pour se faire entendre, les AS et AP ont donc décidé de se mettre en grève vendredi 26 avril et vendredi 3 mai. Pour chaque journée, elles ont manifesté leur mécontentement. Malgré les nombreuses assignations (plus de la moitié des AS travaillant), plus d’une trentaine de grévistes se sont rassemblées sur les deux journées. Elles sont montées dans les services pour faire débrayer des collègues et parler de leurs revendications à tous – prenant même au passage les encouragements des patients. Arrivées aux étages de la direction, les slogans se faisaient entendre avec de plus en plus force – « prime pour tous, reconnaissance pour tous ! » – si bien que les DRH ont été obligés d’ouvrir la porte à une délégation du collectif.

Une mobilisation qui s’ancre dans la durée

Pour obtenir satisfaction, une idée semble faire son chemin parmi les grévistes : amplifier le mouvement et convaincre autour d’elles. Après un vote entre les grévistes, une nouvelle grève est prévue. Ça sera pour la semaine du 13 mai, celle du début officiel des NAO, pour continuer à mettre la pression à la direction et s’organiser d’ici là. « On ne veut rien lâcher, on ne veut pas des miettes, on veut nos 3000 euros », explique l’une des grévistes, alors que court la rumeur qu’une prime de 1000 euros pourrait être accordée.

Les tours dans les étages ont permis de commencer à s’adresser aux secrétaires, aux hôtesses d’accueil et aux brancardiers, qui auraient tout à gagner à entrer eux aussi dans la danse. Se battre pour une prime c’est, a priori, se battre seules ou profession par profession, ou service par service, etc. Mais si tout le monde s’y met, c’est une mobilisation revendicative d’ensemble qui pourrait bien se déclencher. Et la revendication peut être reprise par toutes et tous. Au programme de la semaine prochaine : chercher à convaincre les hésitantes qu’il faut se serrer les coudes face à une direction qui pourrait flancher devant à un mouvement de grève inédit depuis 2018 !

Correspondante

 

 


 

 

Une organisation à partir de la base

Mécontentes du mauvais traitement évident qui leur est réservé par une direction qui donne des primes aux infirmières et pas aux aides-soignantes, des aides-soignantes ne se sont pas laissé faire. Elles se sont réunies à une dizaine trois semaines de suite pour rédiger un texte dénonçant cette situation et le faire signer. Une fois le texte largement signé et la direction dédaignant y répondre, l’idée de grève a fusé d’elle-même. Et une grève ça s’organise aussi. Le groupe a continué de se réunir pour faire appliquer les votes d’assemblées générales de grévistes les jours de grève et ne pas laisser la main aux syndicats dans les négociations.

 

 


 

 

Une vidéo sur la grève (du 26 avril)