Malgré leurs efforts, Macron et son lieutenant Attal n’auront pas sauvé de la débâcle leur soldate Hayer, qui n’a réuni sur son nom que 14,60 % des suffrages exprimés. Ce résultat confirme la détestation des classes populaires pour la politique de Macron, sept ans au service du patronat contre les salaires, les retraites, les indemnités de chômage, les services publics. Non content de ce score qui n’est pas la moitié des 31,37 % du Rassemblement national de Bardella, Macron dissout l’Assemblée nationale et annonce des législatives pour le 30 juin, en prenant le risque que l’extrême droite dont il a pavé la voie en menant une bonne partie de sa politique, accède cette fois au gouvernement.
L’importance du score de l’extrême droite, qui frise les 40 % si on ajoute aux scores du Rassemblement national de Bardella-Le Pen ceux de la liste de Maréchal et de quelques autres, n’est pas à minimiser mais néanmoins à tempérer du fait que 48 % d’électrices et électeurs, en majorité du milieu populaire, se sont abstenus – comme déjà dans le passé dans ce type d’élections. En nombre de voix, l’extrême droite ne dépasse pas son total du premier tour de la présidentielle 2022, sur fond néanmoins d’un net recul de la participation.
20 % de votants pour l’extrême droite, c’est encore trop. Cette vague dite « bleue » – qui flirte avec les vagues brunes du passé – s’étend en Europe. L’extrême droite arrive en bonne position dans de nombreux pays. Partout, elle brandit l’étendard de la lutte contre l’immigration et fait assaut de xénophobie, de racisme, de sexisme et de discours de haine pour défendre en réalité les intérêts des riches et des patrons. Et exactement de défendre comme le fait Macron les frontières nationales, le protectionnisme, qui permettent au patronat de sélectionner qui, quand et combien de migrants il exploitera pour grossir ses profits, et tenter de diviser les travailleurs. Ce sont des leurres, car l’extrême droite n’a jamais agi ni jamais gouverné qu’au seul service des capitalistes. Les travailleurs qui croient agir dans leur propre intérêt en portant au pouvoir cette extrême droite se tirent une balle dans le pied.
Les partis de la gauche institutionnelle qui s’étaient regroupés dans la Nupes aux dernières législatives se sont présentés cette fois en ordre dispersé. Le Parti socialiste de Glucksmann réalise 13,83 % des suffrages exprimés, la France insoumise 9,89 %, Europe Écologie 5,50 %, le Parti communiste français 2,36 %. À des degrés divers, et certes de façon moins agressive que Macron et la droite ou l’extrême droite, ces partis ont défendu également la souveraineté nationale, le protectionnisme économique, les frontières nationales et européennes. Des valeurs bourgeoises qui n’ont rien à voir avec les intérêts fondamentaux des travailleurs – qui sont les mêmes dans tous les pays, contre des exploiteurs communs. Et ces partis de gauche ont surtout utilisé ces Européennes pour mesurer et départager leurs influences respectives dans la concurrence qu’ils se livrent. Aux électeurs et électrices qui ont voté pour le Parti communiste ou la France insoumise en espérant faire barrage à Macron et à l’extrême droite, nous disons que les « jours heureux » sont incompatibles avec le capitalisme, que les frontières ne protègent pas les travailleurs mais les divisent. Nous disons que la voie institutionnelle est une impasse et que l’urgence est à la révolution !
Quoi qu’il en soit, nous sommes disponibles pour unir les forces de tous les partis, tous les syndicats et toutes les associations liées au monde du travail, mais dans la rue pour lutter contre la politique antisociale et autoritaire du gouvernement et du patronat, pour reprendre le chemin de la mobilisation et de la grève. Il est temps de réunir l’ensemble des forces de notre camp social pour mettre en œuvre un plan de bataille, sans attendre les prochaines échéances électorales.
Pour ce qui est de l’extrême gauche, qui se présentait sous trois intitulés de liste, la nôtre du NPA-Révolutionnaires (« Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! »), celle de Lutte ouvrière (« Le camp des travailleurs »), et celle du Parti des travailleurs (« Pour le pain, la paix, la liberté »), les résultats sont modestes, respectivement 0,15 %, 0,49 % et 0,02 %, soit toutefois près de 163 000 électeurs qui ont voté en toute conscience pour des listes en rupture totale avec la logique du système capitaliste. Chacune à sa façon a défendu les intérêts et les luttes des travailleurs et des jeunes contre l’exploitation capitaliste, contre les guerres et la misère, contre le cortège d’oppressions qu’elle charrie et exacerbe ; qui chacune aussi a affirmé haut et clair que seules les luttes d’ampleur et contagieuses pouvaient changer la vie et certainement pas les élections.
Les institutions de la bourgeoisie et les directions des grands médias détenus par les Bolloré, Saadé, Dassault, ne nous ont en effet accordé que des secondes pour nos clips officiels, là où elles ont accordé des heures pour les listes dites « principales ».
Nos partis d’extrême gauche qui représentent un courant vivant dans l’histoire des luttes de ce pays et au-delà, et qui malgré tous les obstacles ont assumé politiquement et financièrement de se porter candidats à ces élections de la bourgeoisie, ont eu raison de le faire. Nous n’en attendions rien, si ce n’est l’occasion que s’y exprime le plus fort possible l’urgence d’une révolution, d’une société enfin humaine que nous appelons communisme.
Nous, les révolutionnaires de Lutte ouvrière, du Parti des travailleurs et du NPA-Révolutionnaires qui nous sommes exprimés par des listes séparées mais en solidarité politique dans ces élections, portons la responsabilité de regrouper avec nous et autour de nous pour les luttes qui continuent demain, toutes celles et ceux qui peuvent et doivent se regrouper dans un pôle de lutte de classe – dans ce pays comme à l’échelle internationale.
Dès demain, l’exploitation capitaliste va continuer. Le patronat savait que quels que soient les gagnants de cette élection européenne, ses intérêts seraient parfaitement défendus. Il est probable qu’il envisage même sereinement la perspective d’une participation gouvernementale de l’extrême droite, un nouveau genre de cohabitation à son service. Alors, dès demain, nous nous adresserons à tous nos collègues, à tous les travailleurs et à tous les militants syndicaux et politiques pour construire une nécessaire riposte sociale du monde du travail et de la jeunesse.
Nous encourageons toutes celles et ceux qui ont voté pour la liste du NPA-Révolutionnaires ou qui ne l’ont pas fait mais ont le cœur avec nous, à nous rejoindre pour militer à nos côtés. La crise politique actuelle va avoir besoin de militants et militantes pour faire face aux conséquences de plus de 40 ans de politiques antisociales de droite comme de gauche. Malgré le silence des médias, notre campagne a été une réussite militante qui nous dépasse largement, même si nous aurions souhaité plus. De très nombreuses réunions publiques, qui ont permis de discuter de l’impasse que représente le capitalisme et de la nécessité de le combattre. Notre campagne est un point d’appui militant pour aller dans cette direction. Nous remercions toutes celles et ceux qui ont porté leur voix sur notre liste et se sont identifiés à notre perspective de constitution d’un pôle des révolutionnaires, un pôle de lutte. Bien évidemment nous leur proposons de militer à nos côtés et de renforcer le NPA-Révolutionnaires !
Communiqué du NPA-Révolutionnaires et NPA jeunes-Révolutionnaires du lundi 10 juin 2024