Depuis le 8 juillet, les tractations vont bon train dans tous les partis pour avancer un nom de Premier ministre. Dans le Nouveau Front populaire, les différents partis n’ont toujours pas réussi à s’accorder : le socialiste Olivier Faure s’est mis le premier en avant, alors que LFI est le groupe le plus important dans le NFP et a ses candidats possibles, mais dont les autres ne veulent pas ; et le PCF avance la sienne. De toute façon, Macron ne s’empresse pas de les appeler à gouverner. Car ça se bouscule aussi de l’autre côté : à droite, Xavier Bertrand demande à Macron de former un « gouvernement d’urgence dirigé par une personnalité issue de LR », pendant que François Bayrou laisse entendre qu’il s’y verrait bien… Il faut oser !
Mais nos problèmes à nous, nos revendications, ou même juste ce que, du côté de la gauche, on nous avait timidement promis, Smic à 1600 euros, annulation de la dernière loi sur les retraites ? Déjà aux oubliettes ?
Pas de nouveau gouvernement, mais la politique des patrons se poursuit
Le Medef, lui, a immédiatement réagi au résultat des élections, déclarant qu’un « renoncement à la réforme des retraites ou à celle du marché du travail », « une revalorisation brutale du Smic » ou « un blocage des prix » seraient une « catastrophe ». Pour lui, la politique de casse des droits sociaux et de baisse du coût du travail devrait se poursuivre. Et pour l’instant elle continue. Du côté des ministères : celui de l’Éducation nationale a confirmé que la mise en place des groupes de niveau, cette sélection sociale dans l’éducation, serait effective à la rentrée comme prévu. Dans le privé : en mai dernier, la CGT avait noté 120 entreprises concernées par des plans de licenciements, menaçant 60 000 à 90 000 emplois. Les travailleurs concernés réagissent. Mais on ne pourra y mettre fin que tous ensemble pour interdire les licenciements.
Avec un taux de pauvreté plus élevé que jamais (plus de 15 %), la fondation Abbé-Pierre avertit que « bloquer les prix », comme le propose le NFP, n’est pas suffisant. Ce sont les salaires qu’il faut augmenter !
Pour changer les choses, il faut prendre nos affaires en main !
Certains syndicats CGT et étudiants appellent à manifester le 18 juillet pour pousser Macron à accepter un gouvernement du NFP, le groupe qui a le plus de députés. Mais on entend déjà des responsables de gauche nous dire que le Smic à 1 600 euros ne pourrait pas être pour tout de suite, car il faudrait une loi rectificative, et, rajoute la responsable des Verts, le vote en échange d’une aide aux patrons de PME. Pareil pour l’abrogation de la loi sur les retraites qui nous avait fait descendre dans la rue : il faudrait plus qu’un décret, des mois de palabres au Parlement. Demain, ils nous diront que, n’ayant pas la majorité, le NFP, même s’il gouvernait, devrait composer avec la droite et laisser tomber ses maigres promesses.
Le salaire minimum qu’il faut aujourd’hui pour vivre ce n’est pas 1 600, mais au moins 2 000 euros par mois. Et pas seulement l’abrogation de la dernière réforme des retraites mais le retour à la retraite à 60 ans. Et il ne suffit pas d’avoir, avec soulagement, empêché le RN d’arriver au pouvoir si, maintenant, on ne s’attelle pas à faire sauter cette loi contre les travailleurs immigrés que Darmanin a fait passer en décembre dernier avec le parti de Marine Le Pen.
Les leaders du NFP aiment à se présenter comme les héritiers du Front populaire de 1936. Rappelons-nous plutôt que c’est par une grève générale que les travailleurs avaient imposé des augmentations de salaire et les premiers congés payés, que le Front populaire n’avait même pas à son programme. Aujourd’hui on ne sait même pas si c’est la gauche, la droite ou un mélange des deux qui va gouverner. Mais on sait que pour obtenir nos revendications, c’est par nos luttes !
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 15 juillet 2024