Mercredi 24 juillet, les travailleurs et travailleuses de Lyon, comme la quasi-totalité des travailleurs du réseau urbain TCL, ont découvert qu’un mouvement de grève, particulièrement suivi, impactait la circulation des tramways en ce 1er jour d’épreuve olympique au grand stade de Décines (banlieue lyonnaise). Le 25 juillet, rebelote !
Qui ? Pourquoi ? En l’absence de tout tract ou communiqué de presse, c’est principalement la direction de Keolis Lyon (l’exploitant du réseau) qui a dû expliquer aux salariés (et aux médias locaux) que ce mouvement était l’œuvre des régulateurs du tramway, qui revendiquent une prime de 1000 euros. Et pour les obtenir, ils ont prévu de faire grève sur chacune des onze journées de matchs olympiques organisés à Lyon.
Ces collègues ont bien des raisons d’être remontés : en raison de travaux de développement du réseau de tramway lyonnais, leur poste de commande a dû être provisoirement déplacé dans des préfabriqués, ce qui entraine une vraie dégradation des conditions de travail et plusieurs tâches supplémentaires. Et bien sûr, l’augmentation de la charge de travail liée aux JO n’arrange rien. Par ailleurs, aucune des primes promises aux conducteurs sur cette période estivale lors des dernières négociations annuelles obligatoires (250 euros, conditionnés à des critères très stricts de présentéisme individuel et de baisse de l’absentéisme collectif) ne leur était destinée.
Parmi les autres salariés de Keolis, à commencer par les conducteurs, ce mouvement a suscité des réactions mitigées : d’un côté le réflexe de soutenir des collègues en lutte, même sans trop savoir lesquels ni leurs revendications. Et aussi la satisfaction que la direction se retrouve confrontée à un mouvement assez majoritaire pour qu’il impacte le service malgré les 48 heures de préavis individuels imposées dans les transports, et qui permettent souvent de rendre les mouvements de grève invisibles.
Mais, d’un autre côté, pourquoi ne pas avoir communiqué en amont pour essayer d’entraîner plus de monde ? Pourquoi les syndicats (FO et Unsa), qui semblent organiser cette grève, n’ont-ils pas informé les autres (CGT et CFDT), ni même leurs propres syndiqués au-delà des régulateurs ? Et si, au fond, la revendication se résume à de l’argent en plus, pourquoi ne pas s’être mobilisé avec tous les salariés de l’entreprise lors des NAO, quand de vraies augmentations de salaire étaient revendiquées pour toutes et tous, et que les primes, aussi insuffisantes que discriminatoires, étaient dénoncées comme telles ?
Pour l’heure, rien ne dit que la direction va céder aux revendications. D’une part, l’impact sur le réseau est réel, mais de plus en plus maîtrisé au fil des jours de grève, dont le calendrier a de fait été fixé à l’avance par le CIO. Par ailleurs, si la direction cédait, le risque serait grand que les autres catégories de personnel se mettent à leur tour en grève pour obtenir plus que les miettes qui leur ont été promises en cas de présence indéfectible.
Le calcul selon lequel jouer seul dans son coin augmente les chances de succès pourrait bien ne pas s’avérer gagnant. En matière de lutte de classe, ce qui a fait ses preuves, ce n’est pas « que le meilleur gagne » mais plutôt « l’union qui fait la force » ! À la régulation du tramway comme ailleurs aux TCL et plus généralement, ne perdons pas ce cap !
Correspondants locaux