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Martinique et Guadeloupe : le scandale du chlordécone continue

La cour administrative d’appel de Paris s’est prononcée sur les demandes d’indemnisation de 1 286 plaignants, et trois associations, pour leur exposition au chlordécone. Ce pesticide, massivement utilisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies pour combattre le charançon – un insecte ravageur – avait été interdit dès 1976 aux États-Unis et en 1990 en France métropolitaine du fait de sa dangerosité. Finalement, des milliers d’hectares de terre agricoles ont été empoisonnées, mais également l’eau potable et les zones côtières. Plus de 90 % de la population de Martinique et de Guadeloupe a été contaminée. Outre les risques de cancer de la prostate, l’exposition à ce pesticide, un perturbateur endocrinien, entraîne des troubles neurologiques et des naissances prématurées. La cour administrative a reconnu la responsabilité de l’État dans ce scandale, ordonnant une indemnisation pour les personnes « ayant pu prouver un préjudice moral d’anxiété et une exposition effective à la pollution des sols, des eaux ou de la chaîne alimentaire ». Seule une dizaine de victimes sont dans ce cas. Pour les autres… rien. Les premières plaintes ont été déposées en 2006 pour empoisonnement, mise en danger de la vie d’autrui et administration de substance nuisible. Près de vingt ans plus tard, ni les fabricants de ce poison, ni les planteurs de bananes qui l’ont utilisé, ni les autorités qui ont fermé les yeux n’ont été vraiment inquiétés. Et le scandale continue.