Nos vies valent plus que leurs profits

Protectionnisme et libre-échange : deux facettes d’une même politique

Comme ses prédécesseurs, Trump prétend défendre les intérêts de la population américaine. Mais le protectionnisme n’a jamais protégé les travailleurs ! Les tenants du capitalisme dans un seul pays « oublient » qu’une partie importante des investissements dans le secteur manufacturier – autour de 40 % aux États-Unis – provient de l’étranger. Si l’économie américaine se coupait de ces ressources, quid de tous ceux qui perdraient alors leur travail ?

Nombre d’États capitalistes naissants ont eu recours au protectionnisme pour faire émerger une bourgeoisie nationale, en lui réservant son marché intérieur et ses infrastructures à l’abri des concurrents internationaux. Un protectionnisme étendu, du côté des grandes puissances, aux zones qu’elles contrôlaient face aux puissances concurrentes. Car protectionnisme et pillage des voisins vont souvent de pair. Alors même que Trump s’annonce plus protectionniste que jamais, il cherche d’ailleurs à faire main basse sur les minerais rares en Ukraine. Protéger ses frontières en pillant les richesses ailleurs : tout un (vieux) programme !

Lorsqu’il s’est agi d’élargir son marché et d’exploiter une main-d’œuvre à bas prix, le libre-échange a constitué un des piliers de la politique des grandes puissances occidentales depuis les années 1980. À ce moment-là, plus question de frontières… sauf pour les travailleurs ! C’est au nom de la mondialisation capitaliste que les services publics ont été massivement privatisés à travers le monde et que les droits des travailleurs ont été largement démantelés. Les États-Unis ont été le principal artisan, avec l’Union européenne, de cette mondialisation en imposant, par l’intermédiaire du Fonds monétaire international, l’ouverture des frontières à ses marchandises et capitaux aux pays pauvres, pris à la gorge par la dette.

S’il marque un tournant par son outrance, le protectionnisme de Trump n’est pourtant pas une première. Dans un passé pas si lointain, plusieurs pays européens tentaient d’imposer diverses restrictions tantôt aux magnétoscopes japonais, par des procédures arbitraires coûteuses, tantôt au textile chinois, à l’aide de quotas. Les barrières douanières trumpistes ont d’ailleurs de fortes chances de se muer, elles aussi, en nouveaux accords de libre-échange… plus favorables aux capitalistes américains.

Marina Kuné et Édouard McBeyne

 

 


 

 

Sommaire du dossier