
Exposition Suzanne Valadon
Centre Pompidou (Beaubourg), Paris, jusqu’au 26 mai 2025
Le Centre Pompidou consacre jusqu’au 26 mai 2025 une monographie à Suzanne Valadon (1865-1938), une peintre « du réel », qui affirmait qu’elle « peignait les gens pour apprendre à les connaître ». Suzanne aborde la peinture, comme elle aborde la vie : autodidacte, acrobate de cirque, modèle, femme libre aux amours tumultueuses, elle refuse dans son travail l’anecdote et le décoratif. Si la figure et le portrait l’intéressent presque exclusivement, rien de moins académique que les modèles qu’elle choisit : ils appartiennent pour la plupart à une humanité marquée par la misère, la détresse, physique et morale, ou bien se situent, franchement, avec leurs corps épais et leurs anatomies en dehors des canons traditionnels. Nulle complaisance dans ce parti pris, mais une simple volonté de saisir la vie dans sa singularité et sa démesure. Bref, une recherche du caractère et de l’expression, à l’aide d’une touche granuleuse, de couleurs franches, d’un cadrage étonnant. Ici il s’agit de saisir la vérité du réel et non de se conformer à un réalisme stylistique. Elle contribue à l’émergence d’une peinture féministe qui s’autorise à peindre des nus féminins et masculins tout en refusant d’être cataloguée dans un rôle de femme peintre : ni muse ni peintre enjoliveuse, les corps peints sont sans artifice ni voyeurisme. Sans nul doute, elle est l’une des pionnières de l’expressionnisme français, goût qu’elle transmettra à son fils : Maurice Utrillo.
Alissa T.