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Éducation nationale : répression tous azimuts contre les militants syndicalistes

La méthode est extrêmement brutale. La veille du début des vacances de Pâques, cinq profs de Seine-Saint-Denis, syndiqués au Snes, reçoivent un courrier les avisant de leur « mutation dans l’intérêt du service avec effet immédiat ». Trois enseignent au collège François-Mitterrand de Noisy-le-Grand, les deux autres au collège Jean-Lolive de Pantin. Cette méthode est particulièrement brutale et sournoise car, officiellement, il ne s’agit pas d’une procédure disciplinaire. Les collègues ne disposent donc d’aucune procédure contradictoire pour pouvoir se défendre car, officiellement, il ne s’agit pas d’une sanction : elles et ils sont déplacés d’office, « dans l’intérêt du service », sans que le rectorat n’ait à se justifier en aucune manière. Cette procédure, permise par la « loi de transformation de la fonction publique » de 2019, avait déjà été utilisée dans plusieurs autres cas de répression, notamment à Nanterre, contre le militant de Sud Éducation Kai Terada. Or, en janvier dernier, le tribunal administratif avait ordonné l’annulation immédiate de cette mutation.

Avec ces cinq mutations, c’est un nouvel épisode de répression inédit qui s’ouvre, visant toute une organisation syndicale.

Au collège François-Mitterrand, 24 collègues sur 36 ont exercé leur droit de retrait le 2 mai. La semaine suivante, le 9 mai, ce sont les parents d’élèves qui ont massivement organisé une opération « collège désert ». C’est sans doute ce qui fait paniquer la direction qui, après avoir refusé de siéger lors de la Formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail (F3SCT, ancien CHSCT, qui doit être obligatoirement réunie lorsque des agents se mettent en droit de retrait), a fait placarder une affichette le 14 mai : « ordre de la principale : elle reçoit une inspectrice ce matin. Aucun adulte extérieur doit rentrer dans le collège sans l’accord du principale… Ni syndicaliste » (sic) !

L’intersyndicale FSU-CGT-SUD-CNT exige le maintien des collègues sur leur poste, et appelle le 22 mai à une grève contre le management toxique et pour l’annulation des mutations arbitraires.

Correspondant