Si la gauche a pu s’offusquer du coup de pression de Trump lors de la dernière conférence de l’Otan – comme Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, qui pleurnichait que « les Européens se sont fait humilier », l’enthousiasme pour le réarmement reste tenace à gauche. Il y a quelques mois son compère, le député PS Boris Vallaud, défendait « un grand plan de redressement stratégique pour l’Europe », tandis que l’écologiste Marine Tondelier appelait l’Union européenne à « s’affirmer comme une force militaire ». L’épouvantail de l’autoritarisme incarné par la Chine de Xi Jinping, la Russie de Poutine et désormais le gouvernement Trump leur permet de proclamer la défense des démocraties et des valeurs républicaines à grands coups de chars Leclerc. Ce qui laisse songeur quand on voit les conséquences désastreuses des dernières interventions militaires françaises, que ce soit en Libye ou au Mali.
Mélenchon, quant à lui, affirmait sur son blog en mars dernier : « Les Français doivent se donner tous les moyens de garantir la sécurisation de toutes leurs nombreuses frontières dans le monde », étendant ces frontières aux « territoires ultramarins » – les peuples colonisés par la France apprécieront. Dans le livret de sa campagne de 2022 consacré à la Défense, il réclamait que la production militaire française reste prioritairement en France.
Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, dénonce parfois lui aussi la course aux armements, mais il assure dans son décidément mal nommé « meeting pour la paix » qu’il « faudra investir dans une armée nationale et souveraine, mais pour défendre le peuple, pour défendre la France et ses intérêts vitaux ». Le PCF, habitué des sorties patriotiques, tient autant aux Rafale qu’au saucisson et au vin rouge. C’est d’ailleurs ce parti qui, en 1945, avait assuré la reprise de l’industrie militaire française, avec Charles Tillon ministre de l’Aviation, ainsi que Marcel Paul, ministre de la Production industrielle et fidèle ami de la famille Dassault. De même que repeindre en rouge les institutions bourgeoises n’a jamais protégé les travailleurs des attaques patronales, repeindre en bleu-blanc-rouge l’industrie de l’armement ne protégera aucune population des bombes et des sales guerres impérialistes.
Robin Klimt
Le monde des marchands de mort — Sommaire du dossier
- La guerre ça tue, mais ça leur rapporte !
- Les dépenses militaires dans le monde
- Pour quelques Rafale de plus
- Les « Trente Glorieuses »… pour les marchands de canon
- Travailleurs de l’armement : on nous mène la guerre
- L’armée, planificatrice de la recherche scientifique…
- Le capitalisme porte en lui la guerre