
Ce vendredi 25 juillet marque pour les travailleurs et travailleuses de Novasco (anciennement Ascometal) la fin de la période de conciliation d’un mois accordée par la justice dans le cadre de la reprise financière du groupe. L’issue de ce probable quatrième redressement judiciaire en onze ans pourrait bien être une hécatombe pour les aciéries tournant déjà au ralenti, notamment pour le site de Hagondange (Moselle), laissé de côté dans les négociations.
Une situation fragile, aggravée par les fausses promesses
En 2024, alors que l’entreprise de la sidérurgie Ascometal était au bord de la liquidation judiciaire, les potentiels repreneurs abandonnaient le navire un à un. C’est finalement le fonds de redressement britannique Greybull Capital qui a repris les quatre sites pour un euro symbolique, promettant un investissement de 175 millions d’euros supplémentaires (dont 85 millions d’aides publiques) pour rénover les machines et relancer la production… d’obus, principalement.
Les aciéries, comme celle de Dunkerque, ont en effet été réorientées vers l’industrie de l’armement, et le même sort était prévu pour Hagondange. Mais après un an, sur les 175 millions d’euros promis, seuls 1,5 million ont été investis par le fonds !
Rien d’alarmant, semble-t-il, pour l’État, qui a versé des dizaines de millions sans aucun contrôle. Résultat : des installations payées au prix fort, mais jamais mises en place, voire jamais livrées, donc inutilisables. Les aciéries ne tournent plus qu’à deux tiers de leur capacité par endroits, et même avec cet effectif réduit, les pertes mensuelles se chiffrent en millions.
Et malgré l’effectif réduit, le service de la paie, restreint à deux personnes, se retrouve à chaque fin de mois face à un véritable casse-tête.
Une trésorerie exsangue et des conditions de travail dégradées
La trésorerie déjà faible du groupe, cicatrice de dix ans de gestion chaotique par les repreneurs successifs, a été aggravée par une série d’accidents du travail – trois blessés graves en novembre dernier.
Et si, jeudi 17 juillet, le ministre du Travail, Éric Lombard, de passage à Metz, a déclaré que « chaque euro d’aide [versé aux entreprises] compte ! », le cas de Novasco illustre l’inverse : des subventions et des prêts distribués sans aucun contrôle ni pénalité, tandis que les travailleurs et travailleuses paient toujours les pots cassés.
L’État, de retour à la table des négociations une fois encore, promet désormais ce qu’il reste des millions du deal de 2024 au futur repreneur – mais uniquement pour maintenir la production militaire du site des Dunes près de Dunkerque.
Mercredi 23, alors que deux des six candidats à la reprise s’étaient déjà retirés, un seul envisageait de reprendre tous les sites, y compris Hagondange. Si la liquidation judiciaire immédiate avec arrêt complet de l’activité, soit le pire scénario, semble écartée, aucun emploi n’est pour autant garanti.
Une seule voie : la lutte !
Au train où vont les choses, la menace de licenciements massifs est bien réelle dans l’esprit des grévistes et de leurs soutiens, qui entendent tout faire pour l’empêcher. À partir du lundi 21, aux premières prises de poste, rien n’est entré ou sorti du dépôt sans l’accord des ouvriers et ouvrières en grève.
Avec seulement une petite semaine fin août pour mobiliser après les congés estivaux, tout se joue maintenant. Si aucun accord n’est trouvé avant la fin de ce dernier week-end de juillet, la majorité des quelque 400 salariés risque de se retrouver au chômage à la rentrée.
Cette semaine de grève, déjà reconduite du lundi 21 au jeudi 24 en assemblée générale, était donc cruciale pour les travailleurs et travailleuses de Novasco : d’une part pour empêcher les fournisseurs de récupérer leurs millions d’euros de marchandises bloquées tant que l’avenir de la boîte ne sera pas assuré, et d’autre part pour imposer le maintien des emplois dans les négociations.
Après autant de fausses promesses et de mensonges juteux pour les repreneurs successifs, seule leur combativité intacte pourra assurer un avenir aux travailleurs et travailleuses de Novasco. Les événements récents le montrent : malgré leurs discours, ni le gouvernement ni le patronat ne défendront leurs emplois.
Benjamin Palka