Lors de la première guerre d’Irak, en 1990-1991, les principaux médias français ont accompagné la propagande des grandes puissances, alors coalisées contre l’Irak de Saddam Hussein.
Alors que l’Irak avait envahi le Koweït en août 19901, l’opinion publique avait été préparée à une riposte présentée comme inévitable. L’ensemble de la presse s’était prêtée à une véritable opération d’intoxication, manifestement commanditée par les militaires avec la bénédiction du gouvernement Mitterrand-Rocard. De Libération au Figaro, on évoquait l’Anschluss de 1938, quand Hitler avait décidé d’annexer l’Autriche, pour qualifier l’attitude de Saddam Hussein, en passant sous silence que Saddam Hussein était, jusque-là, un grand allié de la France et des autres puissances impérialistes, leur héros dans la guerre qu’il avait menée contre l’Iran. À croire que les services de presse des armées avaient fourni des articles clé en main aux journaux !
Pour que l’opinion adhère à la guerre et à l’intervention de la France dans le cadre de l’opération Tempête du désert pilotée par les États-Unis, tous les arguments étaient bons, même les plus bidons. C’est ainsi que les forces en présence ont été présentées comme en quelque sorte équilibrées. Le Monde du 3 août 1990 expliquait : « Avec un million d’hommes en armes, l’Irak dispose de l’armée la plus puissante et la plus expérimentée du monde arabe. » Et de détailler l’énorme arsenal dont aurait disposé ce petit pays… La réalité, c’est que l’Irak était supposé affronter les troupes d’une coalition de trente-cinq États dirigée par la première puissance militaire du monde : les soldats irakiens ont été littéralement enterrés dès la première attaque et la coalition a immédiatement eu la maîtrise des airs, bombardant ce qu’elle voulait, comme elle voulait. Seuls L’Humanité et Le Canard enchaîné ont résisté à cette vague belliciste.
En tout cas, les pratiques n’ont guère changé quand on voit la façon honteuse dont a été traité depuis plus d’un an le génocide des populations de Gaza.
M. E.
1 Le découpage des frontières n’avait attribué à l’Irak qu’un minuscule accès à la mer. C’est pour tenter de s’affranchir de ce legs colonial – de la seule façon qu’un dictateur pouvait l’envisager – que Saddam Hussein avait décidé d’envahir le Koweit.