Le mouvement ouvrier a su lui aussi s’emparer de la presse par le passé. À son apogée, à la fin du XIXe siècle, le SPD allemand éditait des dizaines de journaux dont plusieurs quotidiens.
En plus de promouvoir les idées communistes auprès de la classe ouvrière, la presse sert aussi « d’organisateur collectif » comme le formulait Lénine, permettant aux militants de confronter leurs idées et de structurer leur activité autour d’une parution régulière.
L’effondrement des partis ouvriers ces dernières décennies a entraîné un recul significatif de la presse ouvrière, le plus souvent réduite à une presse syndicale bien loin de la « double besogne » affirmée par les fondateurs de la CGT, c’est-à-dire concevoir les luttes quotidiennes dans la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société.
Il reste fort heureusement des journaux qui relatent ce qui se passe dans les entreprises. L’Humanité, même si cela fait longtemps qu’elle ne reflète plus un point de vue révolutionnaire, continue à couvrir les luttes ouvrières. Et les organisations révolutionnaires font de leur mieux pour donner sur l’actualité un point de vue communiste et révolutionnaire.
Mais l’époque où, dans pratiquement chaque usine, des équipes militantes faisaient paraître des petits journaux exprimant un tel point de vue paraît lointaine, et les organisations révolutionnaires comme le NPA-R ou Lutte ouvrière sont parmi les seules à continuer à faire paraître de tels journaux d’entreprise, évidemment en nombre bien trop restreint.
Nos moyens sont sans commune mesure avec ceux de la bourgeoisie ? Sans doute. Mais les événements peuvent modifier la donne ! Pendant la révolution russe de 1905, le soviet de Petrograd publiait un quotidien, les Izvestia, imprimé clandestinement chaque jour sur les presses d’un quotidien bourgeois différent… En période de révolution, les travailleurs peuvent aussi occuper les médias bourgeois, en les transformant en journaux et médias prolétariens…
R.K.