« Notre pays est en danger parce que nous sommes au bord du surendettement » : Bayrou et ses soutiens agitent l’épouvantail de la dette qui plomberait le budget du fait des intérêts qu’il faut payer chaque année – 66 milliards d’euros, pour une dette totale de 3 345 milliards représentant presque 114 % de la richesse produite dans le pays chaque année (PIB).
Qui est responsable de la dette ?
La dette française était de 2 263 milliards d’euros en 2017, quand Macron est devenu président : elle a donc augmenté de 50 % du fait de la politique de Macron. Dans le même temps, les salaires ont stagné, les retraites ont été bloquées, les règles du chômage se sont durcies, les hôpitaux sont à la dérive, les soins moins bien remboursés…
Sur la même période, le CAC 40 a gagné 50 %. Voilà qui a profité de l’augmentation de la dette : les entreprises et leurs actionnaires, exonérés d’impôts, gavés de subventions. La fameuse « politique de l’offre » chère à Macron (et introduite par Hollande). Et il faudrait que nous payions la facture en nous serrant la ceinture ? Alors que c’est déjà ce que nous faisons depuis des années ?
Les coupes budgétaires diminueront-elles la dette ?
Même pas sûr ! Bayrou a promis de ramener le déficit budgétaire en dessous de 3 % pour 2029. Mais les remboursements continueront à courir – et la dette des États comme la France est constituée d’emprunts à dix ans, souvent davantage. Au mieux, si le déficit budgétaire devait diminuer, l’État emprunterait moins et la dette finirait par baisser… un jour. Peut-être. Mais pas certain, puisque l’État emprunte pour rembourser.
La France est-elle au bord de la faillite, comme la Grèce des années 2010 ?
Bayrou avance que les taux d’intérêt des emprunts français ont considérablement augmenté et se rapprochent de ceux de la Grèce – les taux français sont aujourd’hui de 3,45 % pour les emprunts à dix ans, contre 2,73 % pour l’Allemagne… mais 4,18 % pour les États-Unis et 4,75 % pour le Royaume-Uni… La crise des subprimes de 2008 avait mis la Grèce en défaut et les institutions internationales, particulièrement la France de François Hollande et l’Allemagne d’Angela Merkel, avaient imposé des mesures qui ont plongé la majorité de la population dans la pauvreté, et ce jusqu’à aujourd’hui. Les taux d’intérêts grecs à dix ans ont beaucoup baissé et sont aujourd’hui à peine au-dessus de ceux de la France. Sauf que la majorité de la population est toujours sous le seuil de pauvreté ! Comme quoi, ce ne sont pas des taux plus bas pour les emprunts d’État qui améliorent la situation des travailleurs !
Les taux pratiqués s’appuient sur la « réputation » des États emprunteurs, elle-même basée sur les notes des agences financières internationales, qui ne sont pas seulement établies sur des données objectives, si tant est que cela ait un sens, mais « récompensent » les « efforts » des États. Ce qui revient à noter la capacité des États à ponctionner dans la poche des classes populaires pour verser dans celles des plus riches.
Quelle solution à la dette publique ?
La dette a essentiellement servi à financer les déficits dus aux avantages fiscaux des plus riches, aux exonérations de cotisations sociales des entreprises. Mais l’État ne se tourne pas vers ceux à qui elle a profité !
Selon un récent rapport du Sénat, les subventions directes ou indirectes aux capitalistes coûtent à l’État 211 milliards par an – bien plus que la charge de la dette !
Alors, les travailleurs sont plus que légitimes en refusant de payer pour rembourser une dette qui ne leur a en rien profité, bien au contraire.
Mais, pour que l’argent public aille aux services publics, serve à améliorer nos conditions de vie, il faudra bien autre chose que dénoncer la situation actuelle en promettant qu’un « meilleur » gouvernement fera autrement.
Jean-Jacques Franquier
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