
En Italie, le 22 septembre a été une journée de très forte mobilisation en soutien au peuple palestinien, à la flottille en route pour Gaza et contre l’augmentation des dépenses militaires. Des manifestations ont eu lieu dans 80 villes, rassemblant sans doute près d’un million de manifestants, dont 300 000 à Rome. Ces manifestations, réunissant des travailleurs, beaucoup de jeunes, étudiants et lycéens, mais aussi des familles, ont largement mobilisé au-delà des organisateurs : l’USB (Unione Sindacale di Base) et d’autres syndicats de base qui avaient appelé à la grève générale et à « tout bloquer ».
Même si l’on ne peut pas vraiment parler de grève générale, de nombreuses grèves ont eu lieu, en particulier dans les écoles, les entrepôts de la logistique et les transports publics. Salvini, ministre des Transports, a eu beau déclarer : « l’adhésion à la grève est basse », il a tout de même annoncé un taux de 25 % de grévistes sur les trains régionaux. Les taxis aussi étaient en grève, et même des employés du Vatican. Partout les ports étaient bloqués et des collectifs d’étudiants ont occupé les universités. Des commerces étaient fermés en signe de soutien.
Il est indéniable que l’importance de ces manifestations et surtout ces grèves au caractère politique marquent un saut dans le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien en Italie.
Les manifestations ont également servi de test au nouveau décret-loi « DDL Sicurezza », qui prévoit des peines d’amende et de prison en cas de blocage d’établissements publics ou de la circulation, que les manifestants n’ont pas hésité à braver dans de nombreux endroits.
Une fausse note
Alors que les syndicats de base avaient annoncé cette grève générale pour le 22 depuis des semaines, le 16 septembre, Landini, secrétaire de la CGIL a décidé d’appeler pour le 19 septembre à des « grèves articulées » (c’est-à-dire décidées localement) pour les mêmes motifs. La décision d’appeler à une autre date a suscité l’incompréhension y compris au sein de ses propres rangs. Un syndiqué de Stellantis à Turin demandait : « Une question : la grève ne pouvait-elle pas être faite le 22, vu que l’USB a déclaré la grève générale pour les mêmes motifs ? Même dans cette occasion dramatique on ne peut pas réussir à trouver l’unité des travailleurs ? Le secrétaire général de la Fiom (fédération de la métallurgie de la CGIL) qui appelait à quatre heures de grève le 19, a répondu à ces critiques en publiant dans le journal Il Manifesto une déclaration embarrassée : « Il y en a qui disent que c’est une grève qui divise, c’est toujours une erreur de confondre les différences de pratiques avec les divisions. […] Nous, nous ne jugeons pas les initiatives et les choix des autres, parce qu’en ce moment, ce qui compte pour les Palestiniens, c’est de rompre l’encerclement, comme essaie de le faire la flottille Sumud, chacun au poste qu’il occupe. »
Cela n’a pas empêché des syndiqués, tout comme certains dirigeants de la CGIL, d’être présents dans les manifestations du 22, « à titre personnel ».
Une manifestation nationale est prévue à Rome le 4 octobre en soutien au peuple palestinien. Et, qu’ils aient fait grève ou manifesté le 19 ou le 22, beaucoup disent qu’ils espèrent que cette fois les syndicats marcheront ensemble.
Thierry Flamand