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Brésil : l’extrême droite se prépare

Les relations entre les États-Unis et le reste de l’Amérique ont toujours alterné entre une domination directe violente et une tutelle indirecte de régimes « démocratiques » (pour les riches) très inégalitaires. On résume souvent le destin de l’Amérique Latine à l’adage : « Si loin de Dieu, si près du Diable ». L’opération meurtrière du 28 octobre qui a fait plus d’une centaine de tués, menée par le gouverneur d’extrême droite de l’État de Rio de Janeiro dans les favelas (les bidonvilles brésiliens), n’est pas un accident.

Un contexte préoccupant

En effet, cette opération s’inscrit dans une nouvelle emprise de l’impérialisme américain pour contenir la poussée commerciale chinoise et préserver l’accès à des matières premières indispensables. Cette emprise comprend quatre aspects : le contrôle violent de la force de travail latino aux États-Unis (850 000 expulsions depuis janvier), l’instauration de régimes d’extrême droite par la voie électorale (Salvador, Équateur, Argentine, et peut être bientôt le Chili), l’opération de pression militaire sur le régime vénézuélien. Enfin, cette attaque est une démonstration de force et un message pour la gauche institutionnelle au Brésil, menée par Lula, mais aussi à l’échelle du continent : l’extrême droite se prépare à l’emploi de la force sans retenue.

Un message politique autoritaire de l’extrême droite

Les différentes polices de l’État fédéral du Brésil sont violentes (6 300 tués en 2023, bien plus que les gangs) et racistes (87 % des victimes sont afrodescendantes). Il n’y a hélas rien de nouveau dans un pays parmi les plus inégalitaires du monde qui utilise – selon une étude officielle – 135 nuances pour désigner les couleurs de peau. Mais cette opération militaire, prétendument contre les cartels de drogues comme le Comando Vermelho ou le PCC, est en fait une vieille guerre contre les pauvres. Marielle Franco, députée de gauche du Psol, a payé de sa vie sa dénonciation. Il est vrai que selon le New York Times, sur le millier de favelas dénombrées à Rio, 45 % seraient tenues par des gangs, et s’y entassent 23 % de la population de la ville, selon l’Instituto Municipal de Urbanismo Pereira Passos. Mais l’opération visait d’autres buts, celui d’instaurer la terreur. On dénombre officiellement 132 tués, dont de nombreuses exécutions d’une balle dans la nuque, des décapitations les mains attachées et donc désarmées. Aucun chef de gang n’a été pris. Plus de 2 500 policiers ont été utilisés pendant l’opération, des drones et 32 chars d’assaut. Marcelo Menezes, le secrétaire de la Police Militaire, a révélé que le dispositif était en préparation depuis des mois. Une alerte qui exige l’intervention directe des travailleurs et de la population des quartiers contre les bandes armées illégales, mais aussi légales.

11 novembre 2025